El Tránsito et Miramar

El Tránsito est un petit village sur la côte Pacifique du Nicaragua. A priori rien de spécial, un petit village pauvre presque sans route asphaltée dont les habitants vivent de manière très humble dans des cabanes rafistolées.
Les premiers touristes sont arrivés il n’y a que quelques années alors que le village se situe à peine à une heure en voiture de Managua la capitale.
Aujourd’hui il y a trois hébergements pour surfeurs sur la plage dont deux se situent dans un ordre de prix élevé voir très élevé (groupes all-inclusive amenés pour la semaine depuis l’Amérique du Nord) et un café « volontaire » qui organise de nombreux projets de développement durable principalement pour les enfants et le bien-être du village.

A nouveau nous avons de la chance. A peine débarqués sur le bitume torride de la route principale nous montons à l’arrière d’un pick-up qui nous ramène sur les 13 kilomètres de piste sèche qui nous séparent de la côte. Il possède le Resort le plus cher du village et un hostel pour surfeur pas cher ($15 par personne en dortoir) qui me rebute un peu (c’est crasseux, les matelas en mousse sur les lits à étage font 5cm d’épaisseur et la cuisine me semble un nid à cafard, il n’y a que des jeunes et des mecs là-dedans).
Nous marchons un peu plus loin et trouvons au « Castillo » un dortoir pour $10 par personne dans lequel nous sommes seuls. La maison semble toute neuve, c’est chez un privé qui a un restau/bar juste en face et l’accueil est vraiment chaleureux.

Les vagues sont plutôt petites et donc très bien pour le beachbreak devant la porte, c’est juste la chaleur et les moustiques qui nous enquiquinent.

Même à El Tránsito nous trouvons le moyen de regarder le dimanche soir le dernier et décisif match de finale de la NBA. Pendant que les Cavaliers de Cleveland gagnent le titre nous nous faisons une idée de la vie nocturne du bar du village, le rassemblement général et la beuverie qu’il engendre. Triste. Nous nous mettons à penser à cette société que nous estimons idéale où le soir la famille de retrouve autour d’un repas, où les enfants racontent leur journée à l’école, où parfois on joue à un jeu de société après avoir fait ses devoirs… Autant de pensées absurdes dans ce monde là.

Il faut savoir que le Nicaragua est encore un pays très pauvre, le deuxième plus pauvre d’Amérique centrale après Haïti. Avec seulement 6 millions d’habitants dont 65% de jeunes de moins de 25 ans, 40% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. Un tiers doit se battre pour obtenir de quoi manger deux fois par jour et c’est pourquoi travailler passe avant l’éducation: seuls un peu plus de 50% des enfants dépassent l’école primaire. Au niveau rural les chiffres sont encore plus alarmants et les décès de jeunes enfants pour cause de malnutrition ne sont pas rares. Les enfants travaillent partout ou font l’aumône seuls. Dans un tel contexte comme partout où une telle situation subsiste la violence conjugale est élevée, les mariages et grossesses chez les adolescents aussi. Là, ce soir, dans ce bar, tout ceci nous parait plus que réel.

Lundi matin nous nous levons tôt à nouveau mais cette fois nous voulons donner un coup de main au Café Caracola qui a plusieurs projets et besoin de volontaires. Alors que nous pensions faire du nettoyage sur la plage nous partons séparés en groupes pour une toute autre tâche: avec les autres volontaires (que des dames du village) nous devons mettre de l’Abate (du téméphos, un insecticide en poudre de BASF) dans toutes les réserves d’eau non potables du village pour éviter le développement des moustiques dans cette zone de dengue. Cela signifie rencontrer tout les habitants et entrer dans toutes les maisons, il y a des réserves d’eau partout parce que la plupart des gens n’a pas l’eau courante. Ce qui est dommage c’est qu’on ne fait pas assez de prévention (“ne laissez pas de l’eau stagner”) et on se contente de polluer (quoi d’autre?). Après quelques recherches il s’avère que ce produit abondamment répandu dans le (tiers) monde est un sacré poison et que les réserves d’eau dans lesquelles nous ne mettons servent quand même à la consommation humaine et animale. C’est quand même un marché bien juteux pour BASF et apparemment il n’y a pas de substitut.

Pour nous il s’agit plus d’une bonne expérience sociale qu’une activité volontaire pour laquelle nous nous sentons utiles (quoique, au moins nous remplissons le formulaire puisque les dames avec nous ne semblent pas comprendre comment il se remplit ni même savoir lire et écrire). Nous prenons en pleine face la pauvreté et simplicité avec laquelle vivent tous ces gens que nous visitons et malgré toute cette humilité la dignité que gardent ces femmes (nous ne voyons presque pas d’hommes, ils travaillent).

Dans la rue et dans les bus, les nicaraguayens sont propres sur eux et bien habillés. Les hommes portent tous des pantalons, pas de shorts et les femmes sont belles, maquillées et bien coiffées. La pauvreté ne se lit pas dans leurs regards et l’on remarque en tout cas qu’elle ne leur empêche ni d’être propre et soigné ni de sourire. A côté les touristes “babacool” avec leur habits “usés” pour le style créent un contraste malsain je trouve.

Le 21 juin nous prenons le bus pour León.

(Pour la suite de l’article sur l’étape “Miramar” voir sous la galerie de photos)

A León Tobi remarque que dans quelques jours arrive éventuellement le plus gros Swell de l’année du sud du Pacifique qui doit toucher les côtes du continent américain. Pour les non initiés le Swell c’est la houle et dans le langage du surf un gros swell ce sont de grosses vagues. C’est une occasion qui se présente peu et il serait dommage de la rater alors nous partons le 24 juin pour une courte escale à Miramar sur la côte.

Miramar est un village simple du même type qu’El Tránsito à peu près à 13 kilomètres plus au nord et à 6km au sud de Puerto Sandino. C’est très facile d’accès depuis León, un chicken bus pendant une heure et voilà. En revanche les logements de surfeurs sont encore plus chics et réservés par des américains ou brésiliens pour $100 la nuit dans des packages à la semaine.

Avec un peu de niaque nous trouvons et obtenons une remise au PSSR (Puerto Sandino Surf Resort) à $15 par personnes en dortoir climatisé.

Niveau technique les surfeurs peuvent trouver à Miramar aussi bien Pointbreaks que Beachbreaks qui fonctionnent aussi pendant les gros Swells. Ainsi les prévisions de grosses vagues apportent le spectacle tant attendu. Je ne suis pas la plus avisée pour les commentaires techniques parce qu’étant plutôt une surfeuse de mousse et de Caraïbes, pour moi des vagues aussi grosses sont effrayantes. Elles ont déjà l’air gros depuis la côte et pourtant on les minimise toujours. Tobi lui n’hésite pas, il y fonce. J’aime sa métaphore de séries de vagues de plusieurs mètres qui arrivent parfaitement organisées comme des trains de marchandises sur lui. Il est patient malgré les nombreux passages “à la machine” dont il fait l’objet et il sort tout excité de l’eau en parlant des plus grosses vagues surfées de sa vie.

C’est quand même avec de l’appréhension que je le guette dans l’eau. Et lorsqu’il rentre de sa dernière série pour la journée avec sa planche cassée en deux, je mesure l’immense tristesse qu’il ressent. Les mots sont superflus et je suis vraiment désolée pour lui. Il prétend que c’est une erreur stupide et moi je suis contente qu’il ait eu le réflexe de sacrifier sa planche plutôt que lui lorsque toute l’eau s’est retirée du récif pour laisser place à un monstre et qu’il n’a plus pensé qu’à lui. On doit se sentir bien fragile dans un moment pareil! Heureusement il n’a rien de grave, beaucoup d’égratignures de gros dur qui me rappellent ce bon mot de mon enfance “jeu de mains, jeu de vilain”. Il a plus mal au cœur même si ce phénomène n’est pas rare. Rien qu’aujourd’hui il est le troisième à Miramar. Au moins nos trajets de bus seront simplifiés!

A propos de bus, après avoir fait le tour du village à la recherche d’une planche nous repartons sans planche à León et León, c’est l’objet de notre prochain article.

  2 comments for “El Tránsito et Miramar

  1. Britta
    26. juillet 2016 at 17:34

    War das Elodie, die geschrien hat?

    • Elodie & Tobi
      27. juillet 2016 at 0:38

      nöööööööö!!!!

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