León

León ne sort pas autant d’un livre d’image que Granada. Elle est moins apprêtée mais beaucoup plus vivante que sa rivale. La belle León est intensément politique, elle rayonne d’énergie et est brillante de vie, d’églises d’art, d’intellectualisme, d’étudiants, de ruelles élimées, de stands de nourriture locale. Car ici aussi il y a d’impressionnantes cathédrales et églises et bien assez de façades coloniales, seulement elles ne sont pas aussi restaurées et mises en valeur qu’à Granada, l’autre bonne élève en compétition sur le lac Nicaragua.
Si le tourisme n’est pas autant mis en avant, ici à la capitale de la révolution sandiniste on vit, on commerce, on fait ses études et de la politique.
La première ville de Léon se situait sur les flans du volcan Momotombo mais l’éruption de 1610 la recouvre. Reconstruite un peu plus loin et n’a cessé tout au long de l’histoire d’être un martyre. León, une ville de 200000 habitants, est restée fièrement libérale malgré toutes les batailles des divers dictateurs de la dynastie Somoza (soutenus et armés par les américains) contre l’opposition populaire. La rivalité constante avec sa cousine conservatrice Granada n’a cessé que lorsque Managua a été déclarée capitale en 1853.

Lorsque le 21 juin nous arrivons au terminal de bus au milieu d’un marché vivant dans une rue poussiéreuse et sous un soleil torride depuis le village d’El Tránsito sur la côte la première chose que je remarque avec mon humeur bougonne c’est que la fermeture principale de mon sac à dos n’a pas supporté ce dernier trajet en bus. Tobi sans doute échaudé par ma morosité me demande si je ne veux pas qu’on arrête là notre voyage. Il faut encore chercher un logement chargés comme des mules sous un soleil de plomb, traverser la ville à pied, avons nous vraiment encore envie de tout ça ? Oui, c’est fabuleux de voyager autant et de vivre tant de choses mais il n’y a pas toujours que des moments magiques. Les longs déplacements dans divers transports à se défendre pour le prix et la place sont fatigants, surtout lorsqu’il fait si chaud : l’Amérique centrale est loin d’être aussi relaxante que l’Amérique du Sud à ce niveau là. Depuis quelques jours que nos amis sont partis nous avons moins de motivation et commençons sérieusement à nous demander quand nous rentrerons. Et si nous prenions un peu de temps encore au Nicaragua et rentrions ensuite au lieu de continuer à visiter des nouveaux pays ?

Nous finissons par atterrir au sympathique Lazybones Hostel avec piscine et délicieux petit déjeuner tenu par un français. Au Lazybones (18€ la chambre privée sans salle de bain) il n’y a pas de cuisine mais autour on peut manger pour tellement pas cher que même en faisant les courses nous ne nous y retrouverions pas (le repas pour 1,30 euro!) alors on sort pour manger et visiter un peu et on s’occupe de notre blog et de nos CV (nous envoyons deux candidatures pour des jobs près de Bordeaux).
Dés le premier soir de notre arrivée la série noire de Tobi continue et après le ventilateur en plein front il explose son gros orteil contre une marche vicieuse. Bobo !

A part ces promenades en ville et une escale de deux jours à Miramar sur la côte pour profiter « du plus gros swell de l’année » nous visitons aussi le musée des légendes et traditions qui se trouve dans l’ancienne prison. C’est un intéressant contraste entre des figures en papier mâché qui racontent les mythes et le folklore nicaraguayen et les peintures murales décrivant les méthodes peu catholiques de la gardía nacional pour torturer les prisonniers sandinistes jusqu’en 1979.

Après cette étape plaisante notre motivation est de retour et nous repartons le 26 juin pleins d’énergie direction Estelí dans les montagnes du Nicaragua.

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