Asunción

Le lendemain de notre arrivée à Concepción, le 21 octobre, nous prenons le bus pour Asunción à 9 heures du matin.
Nous avons choisi notre compagnie de bus avec un peu trop d’empressement, sans nous assurer de l’itinéraire. Le bus que nous prenons ne prend pas la route par le Chaco que nous avons hésité à visiter, de grandes étendues désertiques que seules les communautés mennonites ont réussi a dompter, il prend une autre route plus longue et moins intéressante. Tant pis! Au moins on a une super place, à l’étage au premier rang avec vue panoramique. Enfin ça c’est jusqu’au moment où l’on nous fait changer de bus pour cause de panne de climatisation. Notre nouvelle place est moins chouette dans un bus plein et bruyant mais la clim fonctionne. Bon, allons y! 8 heures pour faire environ 450 km.
J’ai le temps de lire le seul livre de poche que j’ai amené et que j’avais gardé le plus longtemps possible.

Depuis que nous roulons vers et au Paraguay nous avons besoin de beaucoup de patience. Les bus vont à leur rythme et s’arrêtent beaucoup. Ici les gens sont tranquilles (sauf les chauffeurs de bus dans la ville qui, surement travaillant à leur compte n’ont pas une minute à perdre) et personne ne râle. Par exemple les autres passagers qui partagent la musique de leur portable généreusement à tout le monde, ou choisissent la sonnerie de leur téléphone ne semblent déranger personne d’autre que nous. Le volume sonore est toujours très élevé et la musique pas toujours notre style, que ce soit dans le bus, dans tous les hébergements, dans les voitures équipées d’un équipement musical impressionnant ou dans la rue et nous nous demandons si à force les paraguayens n’ont pas de problème acoustique. Nous nous bouchons les oreilles régulièrement.
A part ça, nous sommes enchantés par la gentillesse et la curiosité de tout le monde à notre égard. Nous aimons leur ouverture d’esprit et sommes heureux de pouvoir si bien communiquer avec eux.

A notre arrivée en pleine heure de pointe nous montons dans un autre bus et sommes vite confrontés à l’orientation en blocs de la ville. A chaque fois que le bus s’approche de notre hostel il tourne à droite et zigzague. Nous descendons avant de trop nous éloigner et marchons le reste, et c’est soulagés que nous découvrons que la tentative numéro 1 est fructueuse: El Nómada hostel est parfait! Super tranquille, beau, pratique, bien placé, grand, pas cher, le jeune couple franco-paraguayen qui le gère est sympa et plein de bons conseils, on est charmés, on reste. Ce que nous ne savons pas encore c’est que nous y resterons bien plus longtemps que prévu. (site web)
Nous échangeons quelques mots avec un allemand qui arrive en même temps, Joachim est de retour dans le même hostel un an plus tard et il vient de Rhodt, une petite ville tout près de Landau. Il revient au Paraguay régulièrement et envisage même de s’y installer définitivement un jour.

Nous sommes un peu fatigués et profitons de cet endroit délicieux et de la petite piscine. Plus tard nous mangeons près de l’hostel sur la terrasse cosy d’un restaurant romantique (Luna Vineira, c/ Chile, Av Ygatimi) et nous couchons contents dans notre dortoir de 6 lits presque vide. Nous payons 55000 guaranis pour ce super service, soit à peu près 9 euros. Avec salle de bain 10 euros.

Le lendemain après un super petit déjeuner (compris dans le prix) nous entreprenons de découvrir la ville qui nous plaît tout de suite. La journée entière nous parcourons le centre de long en large, surpris de l’impression de sa petite taille. Très peu de gratte-ciels, pas de feu de signalisation, beaucoup d’espaces verts, de beaux bâtiments ainsi que de vieilles façades décrépies restes de l’architecture espagnole du XVIIe.
La casa de la Independancia est l’un des tout derniers bâtiments original colonial et lieu historique : celui où a été préparée et déclarée l’indépendance du Paraguay dans la nuit du 14 mai 1811 par un petit groupe d’hommes vaillants. Le Paraguay est le premier pays du continent à s’être émancipé de la couronne espagnole.
Dans la belle gare ferroviaire désaffectée nous en apprenons beaucoup sur le premier chemin de fer d’Amérique latine et montons dans un wagon d’époque. Malheureusement le train touristique avec la dernière machine à vapeur en fonctionnement du continent ne fonctionne plus depuis au moins deux ans.
Nous aimerions monter dans un gratte-ciel pour avoir une vue en hauteur de la ville mais aucun n’est équipé d’une structure touristique comme à São Paulo. L’infrastructure touristique est réellement manquante à Asunción, mais c’est entrain de changer. La ville a mis en place un projet pour redonner du lustre au centre ville à travers une centaine de micro-actions intégrant la population locale.
En attendant, Asunción est une ville de contrastes et elle nous plaît.

Nous mangeons plusieurs fois au marché, le mercado 1 qui est une très grande cantine à côté de chez nous et le mercado 4 qui est immense, un dédale d’allées colorées et odorantes et bien sur au célèbre bistro BOLSI et y goûtons là aussi l’excellente cuisine locale que sont par exemple la soupe de poisson surubi (poisson de rivière) au curry, la délicieuse chipa guazú (une sorte de cake aux oignons, maïs et fromage à la farine de maïs), la sopa Paraguaya (qui n’est pas une soupe mais aussi un cake aux oignons à base de manioc ou maïs, très nourrissant), la chipa qu’on trouve à chaque coin de rue, petit pain de farine de manioc (ou de maïs) et de fromage souvent trouvée en forme de donut, plus ou moins sec. Les barbecue sont vraiment partout dans la rue et on y trouve de la viande de bœuf et des saucisses de porc. On trouve aussi des abats partout (menudencia), mais généralement on ne les sert pas sans qu’il en soit fait la demande. Le manioc remplace le pain et est servi à chaque repas sans qu’il soit nécessaire de le commander. Il est simplement bouilli. Le dulce de leche (confiture de lait) est présent dans toutes les sucreries et comme pâte à tartiner, comme dans tous les pays d’Amérique du sud sous des noms différents, ainsi que la confiture de goyave.

Pour boire la culture guaraní déjà un peu présente du côté brésilien (Pantanal) a apporté sa boisson rafraîchissante : le tereré (prononcer téréré) qui est la variante glacée du mate (maté) connu comme étant d’origine argentine et c’est faux. Ce sont les guaranís (voir article Concepción) qui en sont les « inventeurs » et elle est consommée dans tous les pays à influence guaraní. C’est la boisson officielle, classée au patrimoine culturel du pays.
Le tereré est au Paraguay sûrement l’extension du bras gauche, chaque personne de tout âge et de tout sexe se balade avec son thermos d’eau froide décoré, son verre aussi décoré (la guampa) et une paille-cuillère généralement en aluminium (la bombilla). C’est une infusion à froid d’herbes aromatiques (comme la menthe) ou médicinales et de yerba mate, une plante aux effets semblables à ceux du café ou du thé. Au début c’est très amer, comme le mate argentin, mais plus on rajoute d’eau et plus il perd en force. Une fois qu’il « queda lavado » on remet de nouvelles herbes.
Les herbes sont vendues partout dans la rue comme au supermarché et la particularité de cette boisson est qu’on la partage avec ses interlocuteurs, connus ou inconnus. Dans un groupe il y a une seule guampa qui passe de mains en mains.
La production de yerba mate nécessite un climat tropical et humide. Les trois grands pays producteurs sont l’Argentine (700000 tonnes par an), le Brésil (500000) et le Paraguay (50000).

Le troisième jour de notre séjour nous sommes sortis de la ville sur conseil de nos logeurs pour nous balader à Areguá, une exquise petite ville touristique au bord du lac Yparacaí à une heure (28km) d’Asunción, connue comme capitale de la fraise. Sur place beaucoup d’artisanat, surtout de la céramique, une grande église simple et spéciale à la fois (du bois noir et aucune décoration inutile), perchée sur sa petite montagne et surplombant de belles maisons coloniales et le lac. Un endroit plein de vie. Malheureusement le train à vapeur d’Asunción qui venait jusque là il n’y a encore pas si longtemps ne fonctionne plus. Il reste la gare réaménagée, les rails recouverts de végétation et quelques wagons en décomposition. Assez fascinant.
Nous avons quand même bien mangé, bu du tereré, appris à construire un attrape-rêve avec des hippies locaux, dormi dans un hôtel très simple et rencontré deux français sympathiques avec qui nous nous sommes longtemps entretenu notamment sur le thème de la naturopathie, fondements qu’inconsciemment Tobi et moi partageons déjà.
Une sympathique escapade !

Le lendemain de notre arrivée nous avons repris contact avec Michel, un français qui vend une camionnette T3 Volkswagen à Asunción avec qui étions déjà en contact depuis l’été dernier. Le véhicule étant toujours en vente nous avons pris contact avec Fabiana sa femme paraguayenne tout juste arrivée de France. Ce qui devait arriver arriva et nous sommes tombés amoureux de Milord. Dès lors que nous nous sommes décidés à l’acheter nous avons été confrontés à l’administration Paraguayenne.
Acheter une voiture là-bas c’est comme acheter un bien immobilier : il faut conclure un acte sous seing privé, chez le notaire (escribano) et il faut avoir du temps. Impossible dans l’état actuel des choses de se procurer légalement des papiers en moins d’un mois, il faut minimum trois mois alors que théoriquement chaque étape est réglementée et claire. Nous avons appris que depuis une loi récente qui devait simplifier les choses tout s’est ralenti au niveau de l’inscription au registro. ce qui prenait juste un mois il y a deux ans prend aujourd’hui 3 mois.
Nous avons mis plusieurs jours pour consulter une dizaine de notaires. Chacun donne une version différente et l’on comprend que tout dépend du notaire, de ses combines et de sa motivation. Le propriétaire le Milord a déjà eu juste avant nous une expérience déplorable avec un notaire malhonnête qui s’est contenté d’encaisser la monnaie sans faire son travail.

Ces journées à Asunción ont changé le rythme de notre voyage. Nous n’avons pas visité la ville mais y avons vécu, à discuter papiers et mécanique, à envisager l’achat et nous renseigner sur toutes les possibilités qui s’offraient à nous.
De toutes les étapes qui composent l’achat d’un véhicule, celle qui pose problème est l’obtention de l’équivalent de la carte grise, la « cedúla verde ». Sans ce papier nous pouvons rouler au Paraguay mais pas passer la frontière.
L’autre proposition que nous avons reçue pour sortir du pays sans la cedúla verde est de recevoir un « poder » (pouvoir) de la part du propriétaire qui nous autorise à rouler, mais cela aurait impliqué beaucoup de complications au frontières, l’obligation de nous rendre au consulat de chaque pays et payer une taxe pour y rentrer, sans parler de la police qui nous aurait sûrement cherché des noises. Vous pouvez trouver toutes les étapes de l’achat d’une voiture au Paraguay sur ce blog en anglais : blog de Rachel et Tom

Après 9 jours à Asunción nous nous décidons à partir. Le vendredi 30 octobre il est temps d’avancer puisque nous avons encore tellement à voir. Notre prochaine étape est la ville de frontière paraguayenne de Ciudad del Este. Une étape que nous ne sommes pas prêts d’oublier !

  4 comments for “Asunción

  1. Zouzou
    11. novembre 2015 at 1:10

    Avec tout ce que vous voyez, que le choix des photos doit être dur ! Mais c’est réussi pour nous, merci à tous deux.

  2. Moni
    11. novembre 2015 at 1:16

    Danke für den neuen Artikel, den wir mit Neugier erwartet und gelesen haben. Besonders freut mich, dass ihr die positive Seite dieser Erfahrungen sehen könnt.
    Fast ein Dutzend Escribanians! Kaum zu glauben…

  3. Daniela
    11. novembre 2015 at 22:19

    Schade, dass das mit dem Kauf von Milord nicht geklappt hat. Aber ihr werdet sicherlich auch ohne ihn noch tolle Abenteuer erleben.

  4. bureau
    12. novembre 2015 at 11:11

    Superbe narration de votre expedition. On s’y croirait. Merci de nous faire partager votre aventure riche de vos rencontres. “Les voyages forment la jeunesse”. Je vous souhaite enore plein de bonnes choses pour la suite. Continuez à nous mettre des étoiles plein les yeux….
    Votre fidèle lectrice depuis Bordeaux. Jb

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