De Chichicastenango à Cobán

Chichicastenango se situe dans les montagnes à 2000 mètres d’altitude. Si déjà les derniers jours passés entre les volcans au Guatemala nous ont fait penser aux Andes, ici à Chichi nous avons vraiment l’étrange sensation d’être précipités quelques mois en arrière de notre voyage. La nature nous fait penser à l’Equateur et les gens nous rappellent les boliviens, sauf qu’ici ils nous semblent plus ouverts et intéressés. Même les températures sont semblables, nous sommes bien contents au milieu de la chaleur torride d’Amérique centrale de faire une pause et sortir nos pulls, pantalons et vestes qui moisissent au font du sac, tout en nous réjouissant de ne pas déjà les avoir abandonnés.

Chichi est très réputée pour son marché qui a lieu les jeudis et dimanches, la raison qui nous a motivé à y faire une escale. Effectivement le marché vaut la peine, nous n’avions pas vu un tel spectacle depuis l’Amérique du Sud (Notre dernier semblable, celui de Saquisili en Equateur). Il y a beaucoup de tissus et éléments destinés aux habits traditionnels locaux. La ville de Chichi est aussi très connue pour ses cofradías (confréries) pour lesquelles on porte des amis cérémoniels différents des habits typiques du quotidien). Cela requiert toutes sortes d’accessoires qu’on trouve sur le marché.D’ailleurs le soir de notre arrivée nous avons la chance de pénétrer dans le banquet d’une cofradía et d’observer une salle comble de gens en tenue d’apparats ainsi que les chefs et un orchestre typique avec des instruments “nature” (percussions en carapaces de tortues, un marimba, l’instrument national qui me parait très similaire au balafon ivoirien, des flûtes…).

Au marché il y a aussi des animaux vivants, des fruits, légumes, de la viande sur des étals non réfrigérés, des cuisinières, des charlatans qui crient et mentent pour vendre quelque pommade inutile, des pièces détachées pour tout et aussi quelques articles sympathiques pour touristes… bref un marché latin !

En début d’après-midi nous partons direction Cobán. Nous voulons atteindre les célèbres piscines naturelles de Semuc Champey dans le nord du pays mais pour ceci nous n’avons apparemment pas pris la route principale même si elle est sur les cartes et que les trois premières heures jusqu’à Uspantán nous en donnent l’impression.
A Uspantán dans le bus nous assistons à un ballet hilarant de vendeuses, enfants et charlatans qui se rentrent dedans et provoquent une véritable cacophonie. On essaie de nous vendre : deux crèmes qui guérissent tous les maux du corps, des vitamines, des glaces, des sucreries, des sandwichs ou autres fritures, du parfum, des bijoux, des trucs pas compréhensibles et des porte-clés.

Après Uspantán la route n’est plus asphaltée et ainsi s’arrête l’espoir de développement d’une région entière. Cette piste est en si mauvais état que même après les dizaines de milliers de kilomètres déjà parcourus nous sommes choqués. La misère que nous observons depuis notre minibus pourri nous paraît encore plus grande. A chaque tournant et arrêt les vendeurs ambulants sont plus nombreux. Régulièrement nous voyons des gens sur la route qui tendent leurs mains et semblent également gagner quelque argent à réparer les parties les plus endommagées de la piste. En tout cas ce ne sont pas des ouvriers officiels mais des vieillards, des femmes, des enfants… Juste après une décharge sauvage fumante au bord de la route et dans un ravin sur laquelle des femmes et enfants en haillons semblent encore trier de quoi réutiliser les déchets d’autres gens nous apercevons deux enfants les larmes aux yeux et la pelle à la main. Des regards qui nous arrachent le cœur. Où est l’espoir pour ces enfants là ? De quel avenir peuvent-il rêver ? Ah le papa Noël s’ils en entendent parler ils doivent en avoir des envies de meurtre, eux qui n’ont même pas de quoi se nourrir ou se vêtir! Même les chaussures ici sont optionnelles. Encore une fois cela nous fait réfléchir sur la futilité de la vie que nous menons, dans nos petites boites très étroites où la misère est si loin que notre seule préoccupation semble être que surtout personne ne vienne s’approprier ce que nous avons en abondance.

En début de soirée nous arrivons enfin à Cobán, une petite ville de 70000 habitants sympathique et à des égards bien différente de ce qu’on a pu voir aujourd’hui. Au moins le centre ville révèle une autre facette de la région.
La recherche d’un logement n’est pas aisée et finalement nous posons nos sacs à dos à l’hostel Casa Luna où nous avons deux lits dans le dortoir. C’est pas fantastique, la salle de bain est sale, il n’y a pas de cuisine, la fille de l’accueil n’a de cesse que d’essayer de nous vendre ses transports privés hors de prix et ne répond même pas honnêtement à nos questions. On paie pour un dortoir le même prix qu’au lac d’Atitlán en appartement privé ou à Lanquín pour une chambre avec 3 lits et salle de bain en pleine nature (100 quetzals pour deux, 12€) ! Mais comme c’est juste pour une nuit et qu’on a besoin d’internet tant pis!

A Cobán nous goûtons quand même à la spécialité culinaire de la région (ah enfin ! Pour l’instant la cuisine guatémaltèque me laisse un goût de déjà-vu) le Caq-Ik. En fait, non, là encore j’ai l’impression d’être au Chili et de manger une (délicieuse) cazuela. C’est une soupe de dindon aux épices et légumes et s’accompagne de riz, tortillas et tamals. Le tamal qu’on connaît depuis le nord de l’Argentine et qui se retrouve dans beaucoup de pays est une préparation dont l’élément principal est de la farine de maïs mélangée à d’autres ingrédients qui peuvent être du riz concassé, du poulet, du raisin, des légumes, du fromage qui sent mauvais et d’épices le tout enroulé dans une feuille de maïs ou parfois de banane. Le Guatemala aussi a plein de sortes de tamals. je n’aime pas trop, je trouve que c’est sec et j’ai du mal avec la farine de maïs.
A Antigua on a goûté une autre spécialité c’est le pepíán, une plat en sauce à base de viande et accompagné de riz. C’est bon mais tout dépend aussi du cuisinier, ce plat ne m’a pas marqué. Dans la rue on trouve des cracras, des sandwichs à base de viande, guacamole et chou arrosé se sauce piquante, beaucoup de grillades de viande qu’on sert dans des tortillas (galettes de maïs), des tortillas plus petites frites (tostadas) ou non et couvertes de garnison (viande ou poulet hachés menus avec coriandre et oignon émincé ou alors choux, haricots rouges, betteraves, guacamole…). On retrouve ici aussi les chicharrones, comme les grattons ce sont des morceaux de peau de porc grillés ou fris dans la graisse, donc croustillants, ou même du pied de porc pané. Pas notre truc tout ça.

Niveau boisson de tous les jours il y a le chocolat chaud qui est fameux, très épicé et souvent fait à l’eau et non au lait, des punchs de fruits (non alcoolisés) qui sont rafraîchissants et Tobi boit toujours de “l’horchata” qu’il trouve moins bonne dans ce pays, c’est une boisson à base de farine de riz, de lait, de sucre et de cannelle. Dans d’autres pays d’Amérique centrale on utilise aussi des graines de calebassier. Je prends du “Jamaica“, ou jus de rose de Jamaïque, l’autre nom pour l’hibiscus ou le bissap que nous buvions a Abidjan et qu’on peut aussi boire sans sucre. Il y a aussi du tamarin mais je n’aime pas et Tobi en est allergique.
Niveau dessert nous avons goûté le molé qui est fondamentalement différent de la spécialité mexicaine. C’est de la banane au chocolat (attention, le chocolat d’ici est très différent, épicé) à la cannelle et aux grains de sésame. Je n’ai pas trop aimé et il était froid, je pense que chaud c’est meilleur.

Le lendemain c’est le 22 juillet, bon anniversaire maman ! Nous nous régalons d’empanadas argentines et passons un moment à réfléchir à nos vols de retour.
Juste avant le départ nous rencontrons Arvind, un indien pétillant qui habite depuis longtemps en Floride. Il décide de se joindre à nous et ensemble nous partons pour le Lanquín, le petit village près de Semuc Champey. Espérons que nous ayons de la chance, à cause d’un conflit le parc de Semuc est fermé depuis 4 mois !

Informations pratiques :
La spécialité de Chichi ce sont les guides avec un air tout à fait officiel (logo de la ville et tout) qui vous cueillent à la sortie du bus. Trouver un logement, se balader dans le marché et voir les quelques highlight du coin sont aisément faisables seuls, si si !

Le trajet Chichi-Cobán est facile à faire soi-même il est juste harassant. A vous de décider si vous voulez prendre le shuttle et un peu moins de risque dans les transports en commun. Le trajet Chichi > Santa Cruz del Quiche > Uspantán > Cobán nous a coûté 8,50€ par personnes et il a pris entre 6 et 8 heures. C’est tout sauf confortable mais on y découvre le Guatemala moins joli, moins touristique. Ensuite il reste encore trois heures de route pour Lanquín/Semuc. Dans tous nos transports au Guatemala nous n’avons vu aucun touriste, ils privilégient les transports privés et ils n’ont sans doute pas tort !

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