Les piscines naturelles de Semuc Champey

Lanquín est plus isolé que nous l’avions pensé. Les derniers 11km de piste depuis la route principale qui vient de Cobán sont si mauvais que notre vilain bus tombe en panne au milieu. Heureusement bien vite nous nous retrouvons, Arvind, Tobi et moi entassés dans une vieille BMW avec trois guatémaltèques/américains punk en vacance pour terminer les derniers kilomètres. Parfois les latinos américains sont quand même un peu trop sympas, nous nous rendons vite compte que la vieille voiture pas adaptée à cette route chaotique ne supportera pas tout ce poids et Tobi et Arvind décident de finir à pied pendant que je les attend avec les bagages.

Arrivés à Lanquín nous sommes assaillis par les rabatteurs et les ignorons. Au Guatemala nous avons tristement remarqué que les gens mentaient beaucoup, ce que nous ne pouvons pas forcément dire d’autres pays que nous avons visités. Ici tout argument est valable pour te vendre un service ou te faire croire qu’il n’y a pas ce que tu cherches. Cela vaut pour tous les prestataires de service et les vendeurs. Par exemple ici cela vaut pour l’hôtel qu’on te propose qui est censé avoir par exemple le transport pour les piscines naturelles compris, ce qui est faux pour la plupart des hôtels de Lanquín. Le transport officiel coûte entre 25 et 30 quetzals par personne aller simple. Cela vaut aussi aux terminaux des bus où soi disant il faut prendre celui-là tout de suite car il n’y en a plus après. Le prix aussi est gonflé voir doublé, nous n’avons peut être payé le prix correct que dans un tiers de nos trajets au Guatemala.

A l’hotel Retiro, 500 mètres plus en bas du village nous trouvons un refuge de tranquillité dans la verdure au bord d’une rivière. On en frissonne d’aise. L’argument “la deuxième nuit gratuite” est bien sur alléchant surtout pour le dortoir (Cela fait 50Q les deux nuits pour une personne, soit 3€ la nuit). Nous nous autorisons une chambre spacieuse avec immense salle de bain et trois lits le long d’une jolie terrasse couverte et flanquée de hamacs et sièges douillets pour 100 la nuit (12€). Par contre la troisième nuit et les suivantes sont au plein tarif (quel calcul bizarre!) et le restaurant est cher pour le standard guatémaltèque (“buffet” pour 100Q par personnes, le même prix que la chambre privée…). Il n’y a pas internet mais on s’en fiche. Au village nous mangeons local et avec le sourire et grâce à une québécoise sympathique nous trouvons LE bon plan pour faire la visite du lendemain aux piscines et aux caves, on est bien contents !

Semuc Champey est connu pour son pont naturel en calcaire de 300 mètres de long au sommet duquel se sont formées une série de bassins en escaliers dans lesquels on peut faire trempette. L’eau est celle du Río Cahabón dont la plus grande partie passe en dessous du pont. Bien qu’isolé à 11km de mauvaise piste de Lanquín accessible seulement aux 4×4, la beauté de ce paradis et la perfection des piscines qui oscillent entre le bleu turquoise et le vert émeraude font de cette escale l’une des plus belles de notre voyage, en tout cas ma préférée du Guatemala !
Le tour que nous avons contracté pour 18€ propose bien plus qu’une simple visite des piscines. Généralement nous préférons visiter seuls, sans groupe ni guide, mais là nous sommes ravis d’avoir pris cette décision (en dehors du fait que les frais mis bout à bout nous ramènent à un coup supérieur que ce tour…).
Nous commençons par la visite de la grotte de K’anba dans laquelle seulement éclairés à la bougie que chacun d’entre nous porte nous devons avancer dans l’eau froide et parfois même nager. Une fois nous devons escalader le long d’une cascade, parfois il faut ramper dans des espaces réduits et une autre fois nous devons même nous jeter dans le vide par un trou noir dont nous ignorons l’issue. C’est délicieusement fascinant, une véritable aventure qui ne serait sans doute pas réalisable dans un pays plus développé que le Guatemala. Même Arvind notre ami est de la balade alors qu’il ne sait pas nager. Il porte un gilet de sauvetage et assume toute cette excursion avec bravoure. Lorsque nous apercevons la lumière du jour nous sommes contents, les maigrichons étaient tremblants de froid et c’était assez long.
Le point “noir” c’est justement la bougie qui salit la cave, la suie noircit tout et cette excursion ne sera sans doute pas pour toujours réalisable. Il y a beaucoup de groupes les uns après les autres qui entrent dans cette grotte puisque cela fait partie du tour standard.
Après la grotte nous nous jetons dans la rivière à l’aide d’une immense balançoire puis nous nous laissons flotter sur des bouées le long de la rivière pendant au moins 40 minutes, une vraie tranquillité car les autres groupes s’arrêtent bien plus tôt et nous sommes seuls. On nous montre la plante de la cardamone qui pousse en abondance ici et amène une certaine source de revenu, ainsi que le cacao dont plein de gamines nous vendent le chocolat que produisent leur mère. Après manger (nous avons amené un lunch-box préparé par notre hôtel) Tobi se jette d’un grand pont dans la rivière (ah ce Tobi!) et nous allons enfin au clou du spectacle.

C’est une chance que nous puissions y aller, le parc est réouvert depuis hier seulement après 4 mois d’interruption pour cause de lutte politique : apparemment l’état était devenu un peu trop gourmand pour les locaux et vu le nombre de policiers et force militaire à l’entrée du parc difficile de s’imaginer que les locaux aient gagné leur bataille.
Nous commençons par une montée raide pendant une demi-heure jusqu’au mirador et je crache mes poumons. Le point de vue est magnifique et absolument obligatoire ! Et enfin c’est la visite et la baignade tant attendue dans les bassins avec nos deux super guides.

Le 24 juillet nous prenons notre premier transport privé pour Flores. C’est pour nous un sentiment assez désagréable d’être seulement entouré de touristes et de passer au milieu de toute cette pauvreté comme des voyeurs mal avisés. Nous n’avons aucun contact avec le chauffeur, sommes un peu montrés du doigts mais ne regrettons pas le moins du monde ce voyage de 8h30 dans un bus moderne et climatisé pour moins cher que les divers transports en commun que nous aurions du payer.

Informations pratiques :
Le restaurant Shalom dans le centre est le rendez-vous local, c’est bon et c’est pas cher on y a mangé pour maximum 45Q à deux avec boissons.
Pour la journée à Semuc pensez à prendre un casse-croûte, le Shalom tout comme chaque hostel prépare aussi des lunch-box sur demande : les tours s’arrêtent tous à endroits à plat unique, en l’occurrence un “buffet” pas donné.

L’agence Maya’ch Expeditions juste en dessous du restaurant Shalom semble être la seule qui ne dépend d’aucun hôtel et propose des prix bien plus intéressants pour des groupes plus petits (les autres étaient parfois plus de 15 personnes, on était 7 et ils partent dès 2 personnes) et sans aucun stress : à la différence de toutes les autres agences, ils ne doivent pas être de retour au moment de l’arrivée des touristes à 16 heures pour faire les rabatteurs. L’équipe est trop sympa, nous avons été tout le temps en marge des autres groupes, plus tranquilles, sans aucun stress et pour 150Q la journée complète (transport, entrées aux caves et au parc, bouées… mais pas repas!) c’est le meilleur deal de Lanquín.
Si comme nous vous préférez faire les choses par vous même mais que vous avez envie de voir Semuc et les caves de K’anba, sachez que le transport de Lanquín coûte 50Q aller retour, 50Q l’entrée au parc, 60Q les caves avec les bouées on est déjà au-delà du prix du tour sans avoir le guide obligatoire… on a pas tergiversé longtemps !

C’est la même agence Maya’ch Expeditions qui nous a vendu le ticket du shuttle Lanquín-Flores pour l’incroyable prix de 100Q. Pareil, le calcul est vite fait, c’est imbattable en transports en commun et la seule exception de notre voyage en terme de transports publics. Certains transporteurs demandent le double pour le même trajet (véridique!).

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