En bateau à voile pour le Chili (Puerto Williams)

Le matin du 4 décembre nous chargeons nos sacs sur le dos et quittons l’hostel «Cruz del Sur » à Ushuaia sans dire au revoir. Le patron mal luné nous ignore, et comme officiellement le petit déjeuner commence à 8h30 nous n’y avons pas droit même s’il est normalement inclus dans le prix déjà élevé du lit.

Qu’à cela ne tienne, il ne parviendra pas à altérer notre bonne humeur. A 8h30 nous sommes sur Tari II (le bateau) avec Oleg, l’avocat russe de Moscou passionné de voile qui a réservé deux semaines de croisière avec Micki autour du cap Horn. Il ne semble nullement gêné de notre présence opportuniste au contraire. Il est curieux et a beaucoup d’humour.
Micki ne tarde pas à arriver avec Emilio, un autre Ushuaiense qui accompagne le duo pour la première fois.

A dix heures nous nous retrouvons tous à la capitainerie pour la paperasse de sortie d’Argentine. Micki a un agent qui s’est occupé de tout et il semble que les exigences sont nombreuses. Nous signons un papier comme quoi nous sommes accompagnateurs et n’avons pas rémunéré le skipper. Ce n’est pas un mensonge, Micki ne veut pas d’autre argent que ce que lui coûtent les formalités pour nous. Il y a d’autres documents que nous signons et enfin nous récupérons notre passeport tamponné. A notre petit groupe s’est ajouté Christian, un chilien au père allemand qui parle parfaitement la langue et qui lui aussi veut aller à Puerto Williams pour faire de la randonnée. Il est arrivé la veille à la voile depuis l’Uruguay.

Tous ensemble nous rentrons au bateau et nous mettons en route. Nous ne hissons pas les voiles parce qu’à la différence des deux jours précédents il n’y pas de vent aujourd’hui !
L’ambiance est comme le temps, au beau fixe, il doit faire 17 degrés. Le paysage est grandiose, les montagnes enneigées de chaque côté du canal de Beagle. Nous avançons au moteur, installons le hamac à l’avant, je joue au ukulélé, on boit du mate et on papote. Ça passe si vite qu’on voit pas les heures passer et 5 heures plus tard nous sommes déjà là.

Dans ce village de 2000 habitants nous nous sentons vraiment proche du bout du monde. C’est très vert, il y a des chevaux et des vaches en liberté, puis d’humbles maisonnettes alignées. Le tourisme ici n’est pas du tout développé et des touristes nous n’en rencontrons aucun aujourd’hui. Puerto Williams ne semble pas avoir besoin du slogan « fin du monde » pour se vendre comme Ushuaia, pas plus qu’il ne cherche à faciliter l’accès à ses terres. Il est tellement difficile d’arriver ici ! Les seuls étrangers qui viennent ont comme but le cap Horn ou l’Antarctique à la voile.
Malgré la toute petite taille du village il ne manque rien : quelques boutiques, une banque, une poste, des petites supérettes, des bars et même un mignon petit aéroport.
Il faut préciser qu’avant tout Puerto Williams est une base militaire et que la moitié des habitants en font partie.

Il est 16 heures, de ce pas nous devons aller nous renseigner pour le ferry. Les nanas qui nous reçoivent au bureau sont hilares quand on leur demande les disponibilités : tout est plein jusqu’en janvier et les listes d’attente sont longues : le ferry est subventionné, le voyage ne coûte que 9€ pour les résidents(5700 pesos). Pour les touristes c’est 150€ (102000 pesos).
Elles rigolent sans doute parce qu’elles sont habituées aux touristes mal renseignés qui restent bloqués ici : et effectivement, dès le soir nous en rencontrons qui veulent aller à Ushuaia, no way !
Elles nous notent sur la liste d’attente pour demain et nous recommandent l’avion. Surprise, l’avion est moins cher que le ferry (60000 pesos, 90€) et il y a même encore deux places de libres pour le lendemain. Pour lundi après midi il y a encore pas mal de places dispos dans le petit avion de 16 places.
Nous voulons quand même essayer d’avoir le ferry pour profiter du paysage alors nous décidons de tenter notre chance demain midi et sinon partir lundi en avion.

Le soir nous retrouvons l’équipage ainsi que d’autres marins qui se connaissent « chez Mathias » dans un bar qui ce soir fait les pizzas à volonté et brasse sa propre bière. « La bière la plus australe du monde » nous exclamons-nous. Personne ne semble ne semble l’avoir relevé.
Tout le monde connaît et apprécie Micki. Nous passons une soirée délicieuse sur cette table où chaque personne est unique, sympathique et intéressante. En plus de notre équipe il y a Osvaldo, un skipper chilien qui habite en Allemagne mais passe la plupart du temps en mer à emmener des passionnés avec son magnifique voilier, le Polarwind, du cap Nord au cap Horn et aussi dans les Baléares. Son client, un allemand sympa, vient d’arriver de 33 heures de vol depuis Francfort. Il y a aussi Denis, un suisse qui vit depuis 13 ans dans le village et Esteban d’Ushuaia qui commence la voile et travaille pour Osvaldo sur le Polarwind.

Samedi matin nous dormons plus tard. Enfin une bonne nuit dans un lit douillet et sans bruit !
Lorsque nous nous levons, Patty, la dame sympa chez qui nous logeons nous demande si on a pu avoir nos tickets pour le ferry. Nous lui répondons que nous voulons aller à midi au bureau redemander. Elle prend alors son téléphone pour appeler son « ami » et lui demande de voir ce qu’il peut faire. Quelques minutes plus tard elle nous confirme que deux places seront mises pour nous de côté. Effectivement lorsqu’à midi nous reposons la question, la dame de la veille nous remet nos deux tickets de bus en nous disant qu’une famille de quatre personnes a annulé son voyage. Cela n’explique pas comment nous sommes passés du bas de la liste d’attente en haut. Peut être bien que des touristes n’ont pas réussi à arriver, ou que des gens ont finalement décidé de ne pas partir, mais l’appel de Patty n’aura pas été inutile.

Nous ne croyons pas la chance que nous avons, cette chance qui constamment nous suit. D’un autre côté nous nous sentons un peu coupables de partir si vite de cet endroit qui mérite qu’on lui consacre plus de temps. De belles randonnées rendent l’île de Navarino célèbrent.

Les derniers moments nous discutons avec nombre de touristes arrivés hier soir avec le ferry de Punta Arenas et qui tous sans exception n’ont pas encore trouvé de porte de sortie pour Ushuaia à part le business parallèle dont je vous parlais dans l’article précédent pour 150 dollars par personne. Les conseils qu’ils nous donnent nous permettent de mieux nous préparer pour le voyage qui nous attend et nous arrivons à l’heure pour embarquer pour Punta Arenas en ce samedi 5 décembre 2015.

De cette incroyable aventure à Puerto Williams nous notons que notre voyage est encore plus intéressant quand on essaie de le rendre le moins cher possible, et qu’il est grandement plus excitant lorsque nous essayons de nous rendre à des endroits non desservis par les transports publics.

 

Informations pratiques :
N’hésitez pas à frapper à la porte toujours ouverte, clef dessus, de chez Patty (Residencial Pusaki, calle Piloto Pardo) pour loger et manger. Même si ce n’est que pour manger elle est réputée pour son excellente cuisine à 10000 pesos chiliens par personne. Le lit coûte 15000 pesos et la chambre double avec salle de bain 35000 et il inclue le petit déjeuner avec confiture maison.

Envie de voile au cap Horn, de manchots et de sentiment de bout du monde ? Une croisière sur le bateau de Micki coûte 1800 dollars par personne par semaine tout compris. Pas besoin d’expérience préalable mais attention, les conditions sont extrêmes! Son site web et son bateau le Tari II

  9 comments for “En bateau à voile pour le Chili (Puerto Williams)

  1. Meggie
    16. décembre 2015 at 22:18

    Ich freue mich immer sooooo über Eure Reiseberichte und bin sehr gespannt und neugierig, was Ihr noch erlebt 🚌⛵️🐫 🚶🏻Liebe Grüße 😘

  2. Maman
    17. décembre 2015 at 10:42

    chouette moment le “stand by me” au youkoulélé !

  3. helmi
    17. décembre 2015 at 11:30

    Plus des videos !! Prima links. 🙂 helmi

  4. Daniel
    17. décembre 2015 at 15:46

    De l’ile de Navarino à Punta Arenas, je n’arrive pas, parmi ce dédale d’îles, à retrouver votre cheminement, cela malgré mon gros atlas du “TIMES”. Vous avez bien du courage, et je m’émerveile, aux récits de ma petite fille, de suivre votre périple. C’est une joie de voyager avec vous. Bises mes chers. DR.

  5. Gens william
    18. décembre 2015 at 23:34

    Bravo pour la vidéo, mais personne n’a eu le mal de mer pendant la traversée ?

  6. steffi
    20. décembre 2015 at 18:15

    Hi Ihr Zwei !
    Superschöne Bilder und Impressionen, die ihr wieder eingefangen habt und mit uns teilt – lieben Dank!
    Das Wetter scheint bei euch auch nicht viel winterlicher oder weihnachtlicher zu sein als bei uns hier 🙂 …. trotzdem herzliche Grüße zum 4. Advent aus der Weserstraße 🙂
    Steffi & Timm

  7. Zouzou
    20. décembre 2015 at 18:30

    Coucou les amoureux

  8. Babs
    22. décembre 2015 at 20:27

    Hallo Ihr 2,
    auch von der Weserstr. 66 liebe Grüße. Meint Ihr, dass das Christkind Euch Donnerstag findet? Lasst es Euch auf jeden Fall weiter gut gehen und versorgt die armen Mitteleuropäer weiter mit tollen Berichten und Bildern.
    Liebe Grüße
    Babs

  9. Ulla und Jean-Pierre
    24. décembre 2015 at 12:09

    Liebe Elodie und lieber Tobias,
    heute ist der 24.12. und wir wünschen Euch bei Eurer wundervollen Reise ein schönes Weihnachtsfest und ein glückliches neues Jahr. Es soll euch richtig gut gehen und wir freuen uns auf weitere spannende und aufregende Berichte.
    Liebe Grüße
    Ulla und Jean-Pierre aus Gonsenheim

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