Ushuaia

Le mardi 1er décembre notre bus part vers 9 heures de Rio Gallegos, nous avons le temps d’apercevoir plusieurs personnes croisées les jours plus tôt et qui vont à d’autres endroits. Cette ville est un carrefour ! On a aussi juste le temps d’entendre qu’Ushuaia est pleine à craquer et que c’est très cher là-bas. Arf !

Après une centaine de kilomètres nous voici à la frontière chilienne. Première sortie du bus et formalités accomplies nous continuons. Arrivés sur le détroit de Magellan nous montons sur un bac plein à craquer et il faut 10 minutes pour traverser.
De l’autre côté la route principale qui continue est une piste pas bien large preuve que les chiliens n’ont que faire de cette route qui relie l’Argentine. Par ailleurs nous ne traversons aucune ville, seulement de la pampa à perte de vue depuis plus de 3000km.
Après presque trois heures nous sommes de nouveau à la frontière argentine et devons repasser par les formalités. La route change, elle est de nouveau asphaltée.
A la ville de Rio Grande nous changeons de bus et rejoignons les passagers qui arrivent depuis l’autre côté.
Le paysage lui aussi change, peu à peu des reliefs apparaissent, des collines plus vertes, puis des montagnes enneigées, des conifères et des points d’eau. Lorsque nous sommes près d’un grand lac, au col Garibaldi, le chauffeur fait même une pause photo ! Du jamais vu !
La route passe au milieu de nulle part et l’on sent vraiment qu’elle nous amène au bout du monde.

Lorsqu’enfin après 12 heures nous apercevons la ville d’Ushuaia notre cœur bat la chamade. La voilà enfin, la ville la plus au sud du monde !
En revanche elle n’est pas comme nous l’avions imaginée. Je vous épargne l’idée que je me faisais de la ville à cause de la publicité du gel douche et ces femmes sensuelles à poil entrain de se laver sous des cascades verdoyantes, pas vraiment réaliste!
C’est une grande ville de 90000 habitants avec des cinémas, des piscines, des boutiques pour faire du shopping, de l’industrie, des poubelles, du gaz qui pue, des tas de gens qui n’ont que des ennuis à habiter dans un endroit si isolé et qui ne trouvent pas si intéressant d’être au bout du monde.
Le tourisme y est très développé, l’infrastructure est très adaptée à faire chauffer la carte bleue, quelle que soit la dépense prévue elle est importante. N’oublions pas que c’est ici que partent les coûteuses croisières et expéditions pour l’Antarctique !
Dans le centre ville nous nous sentons comme dans une station de ski avec toutes les boutiques de fringues et matériel de sports d’hiver et randonnées, avec la température et les monts enneigés qui nous entourent.
Par contre on sent aussi qu’Ushuaia ne vit pas seulement du tourisme. J’ai lu qu’en 2012 elle contribuait à 50% de l’économie locale. L’industrie est développée (manufacture, exploitation de bois et de gaz naturel, pêche et élevage) et autour du centre ville nombre de maisons d’ouvriers, voir même un peu plus loin une zone qui ressemble à des HLM.
Comment un endroit si isolé a-t-il pu à ce point se développer?

Il est 21 heures mais le soleil est loin de s’éteindre, la nuit arrive plutôt vers 23 heures. Aux alentours du 21 décembre il fera nuit de minuit à 4 heures du matin.

Nous sommes logés dans une vraie auberge de jeunesse, ce qu’il y a de plus typique : des dortoirs et des gens partout, 44 lits, tous avec de gros sacs à dos et chacun avec un chemin différent. Un vrai refuge de backpacker le refugio del mochilero. 25€ le lit en dortoir, effectivement c’est cher. Mais nous avons les deux derniers lits disponibles dans une chambre charmante de 4 lits et on a une réduction de 10 % (grace au “Get South”).

Le lendemain nous tachons de trouver notre porte de sortie : la saison oblige à planifier davantage et surtout pour ce que nous avons en tête.
Nous voulons aller à Puerto Williams, un village chilien de l’autre côté du canal de Beagle. Depuis cet endroit nous pourrions prendre le ferry pour nous ramener en 30 heures au travers des fjords et des glaciers à Punta Arenas au lieu de reprendre un bus en sens inverse pour 12 heures de route. Nous passons donc des heures à demander à tout le monde comment faire.
Le seul qui fait officiellement la liaison (Ushuaia Boating) n’a pas commencé sa saison à cause de papiers. En effet, autant les chilien que les argentins, personne ne souhaite faciliter l’accès de l’un et l’autre des côtés.
Du coup le seul moyen d’arriver à Puerto Williams c’est à la voile. Nous cherchons donc quelqu’un qui part, comme la plupart des gens qui ont de ce fait lancé un business. Les traversées inofficielles ont même un prix qui est plus cher que la traversée officielle de US$120 : tous les skippers demandent US$150 par personne. Absurde ! Il est hors de question qu’on marche là dedans.
Martin, le skipper à qui on demande part demain matin et veut bien nous faire pour $250. Non seulement c’est trop cher mais en plus le gars n’est pas sympa et son bateau n’a pas bonne allure.
On a peu a peu perdu espoir de pouvoir faire cette traversée et marchons juste au cas ou jusqu’au bout de la jetée. On demande à un mec souriant s’il connaît quelqu’un qui part à Williams et il répond qu’il croit bien que Micki part vendredi. Le bateau de Micki est le troisième sur la gauche. Il est à bord, il nous fait tout de suite bonne impression. Normalement il ne transporte personne mais il veut bien faire une exception parce qu’il connaît la difficulté. Il ne parle pas d’argent et nous propose de venir vendredi à 9 heures. Nous devons juste lui faire parvenir nos identités pour qu’il puisse préparer la paperasse.
En partant du quai nous ne réalisons pas ce qui nous arrive. Cette chance qui nous suit tout le temps!

Nous profitons du reste de la journée pour aller marcher en direction du glacier Martial qui est au dessus de la ville. Nous prenons un taxi qui nous amène jusqu’au début du chemin puis nous marchons jusqu’à ce qu’il y ait trop de neige : nous ne sommes pas équipés pour ça.
Nous faisons le retour à pied en passant par la ville. 13 km de marche c’est un entraînement pour les Torres del Paine! C’est génial qu’il y ait de la lumière si longtemps !

La nuit dans notre refuge n’est pas tranquille. Pour la deuxième nuit nous sommes gênés par les escaliers en bois près de notre chambre, les murs trop fins et nos matelas couverts de plastique pour des questions d’hygiène. Nous sommes 4 dans la chambre à nous retourner pendant la nuit, un véritable concert. En plus, la barre de la fin du lit empêche Tobi d’étendre ses jambes. Du coup nous décidons de changer d’hostel pour la dernière nuit.
Nous arrivons à l’hostel Cruz del Sur recommandé par notre guide et il reste tout juste deux places. L’endroit est encore plus plein mais fait plus chaleureux.
Nous profitons d’internet pour relancer la compagnie du ferry : c’est bien beau d’avoir trouvé de quoi aller à Puerto Williams mais si après on reste bloqués ce n’est pas malin! Nous apprenons que le ferry est plein et que de nombreuses personnes sont déjà sur la liste d’attente. Misère !
Nous réfléchissons alors à tout annuler et partons nous renseigner sur toutes les compagnies de bus qui font la liaison jusqu’à Punta Arenas. La haute saison nous menace, les parcs et prochaines destinations comme les Torres del Paine, le glacier du Perito Moreno, El Chaltén etc. sont des hauts lieux du tourisme qui chaque jour se remplissent jusqu’à janvier. Nous le savons et l’avons souvent entendu ces derniers temps de la bouche d’autres voyageurs.
De longs moments de réflexion ainsi que les conseils de nos proches et c’est décidé : nous voulons prendre le risque et aller à Williams. Ce serait trop dommage de rater ça ! On trouvera bien un moyen de partir, même s’il faut attendre une semaine le prochain ferry. Tant pis ! C’est ça l’aventure !

Le reste de la journée nous marchons sur la plage pas très propre d’Ushuaia et dans la ville, repassons par un kiné qui me manipule avec une technique complètement différente et le dernier soir après avoir fait quelques courses, mangé une délicieuse pizza (à recommander, Dona Lupita dans la rue 25 de Mayo, délicieux et pas cher!) et une bière locale, la Beagle, nous faisons nos sacs pour partir tôt demain.
Notre nouvel hostel est comme un pensionnat militaire. Le chef est arrogant et les employés plutôt intéressés par eux-mêmes. De nombreuses règles parfois absurdes nous empêchent réellement de profiter de l’endroit qui pourtant est sympathique.
Les lits sont très confortables mais deux israéliens assez peu soucieux du sommeil des autres décident à 23 heures de vider et refaire leur sac, ce qui prendra une heure, puis vers 3 heures du matin leur lever et départ est lui aussi bruyant. Décidément, pas de chance niveau dodo !

Au petit matin du 4 décembre nous nous réveillons fatigués mais excités de la journée qui nous attend. La suite au prochain épisode.

Informations pratiques :
Envie de voile au cap Horn, de manchots et de sentiment de bout du monde ? Une croisière sur le bateau de Micki coûte 1800 dollars par personne par semaine tout compris. Pas besoin d’expérience préalable. Son site web et son bateau Tari II.

Si vous ne voulez pas vous sentir comme au pensionnat de Font-de-l’Etang évitez l’hostel Cruz del Sur. Le seul attrait, une sale chaleureuse pour traîner mais trop petite pour contenir tout le monde quand la lumière s’éteint en haut à 22 heures. Le prix n’est même pas intéressant pour le contraignant de leur règlement. Sanitaires propres mais sombres et éloignés de la chambre, on doit enlever ses chaussures à l’entrée et on a froid au pied, aucun accès à la trop petite cuisine de 22h à 8h30 « sans exceptions » sachant que tous les bus partent entre 5h et 7 heures du matin et que les argentins mangent à 22h. Ordinateur dispo juste pour 15 minutes et inaccessible entre 22h et 8h30 et internet pas assez puissant pour nous permettre de mettre nos photos en ligne. Je passe sur l’arrogance du patron qui cherche à éduquer sa clientèle avec un brin de tatie Danièle. Il ne veut pas donner le code d’entrée et te laisse le chercher celui que tu as du déjà noter au check-in au lieu d’ouvrir la porte alors qu’il est à côté de toi et « te foutra à la porte s’il te surprend à laver ton linge dans le lavabo de la salle de bain ». Les employés s’entendent à merveille et ne parlent qu’entre eux. Merci, au revoir !

Niveau sympathie, le Refugio del Mochilero nous laisse un bon souvenir même s’il manque une salle de « get together »

Les prix actuellement sont de 225 pesos argentins pour un lit en dortoir.

  1 comment for “Ushuaia

  1. James
    16. décembre 2015 at 1:06

    Après ces commentaires j’aurais bien aimé voir la tête du Tavernier et de ses serfs, des gros bateaux qui naviguent ds ces eaux si lointaines, de la chambrée et peut être des ours ?

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