El Calafate et le monde des glaciers

Le bus de Puerto Natales part le 13 décembre à 7 heures du matin et il est plein d’américains avec leur guide qui a une grande g…bouche. Non non je ne suis pas de mauvaise humeur mais c’est bien dommage d’être dans un bus rempli de touristes parce que ça met beaucoup plus de temps à la frontière !

Du coup on arrive seulement 7 heures plus tard à El Calafate, une petite ville de 20000 habitants au milieu de la steppe patagonne.
On est un peu indécis et nous laissons tenter par ce qui nous semble une bonne adresse proposée par une « femme sandwich » au terminal de bus. A quelques blocs le « complejo turístico los dos Pinos » propose pour 350 pesos argentins une chambre double avec salle de bain et cuisine partagées avec deux autres chambres. Super, on prend.
On se balade au centre et c’est vite fait : il y a une rue marchande et c’est tout. On fait des petites courses et on rentre chez nous. Un peu plus tard Philip et Gabriele avec qui nous nous sommes coordonnés nous rejoignent et après manger nous allons boire une bière artisanale avec eux. Nous les avons rencontré à Puerto Williams et depuis le ferry nos routes n’ont fait que se croiser, à Puerto Natales et dans le parc, puis maintenant ici.

Le lendemain matin nous prenons la navette gratuite qui nous emmène au très beau musée « Glaciarium » avec Laurent, un français rencontré chez Teresa et de passage lui aussi.
Le musée vaut vraiment le coup d’œil. Il raconte la formation des glaciers et aborde les plus importants du monde et les locaux, parle de l’histoire du champ de glace Sud de Patagonie, du célèbre Perito Moreno qui a donné son nom à la star locale, le glacier, la planète entière est abordée, de nombreuses vidéos, des maquettes, le réchauffement climatique et les catastrophes naturelles terminent cette visite sur fond de cataclysmes et nous arrachent de grands frissons. Nous avons maintenant hâte de voir le glacier !

Nous partons l’après midi avec Laurent, Philip et Gabriele en voiture (cela revient moins cher de louer une voiture que de prendre le bus à partir de 3 personnes) pour le glacier à 80 kilomètres de la ville.
L’entrée du parc est aussi chère que celle des chutes d’Iguazu, 260 pesos argentins mais à notre sens la visite est absolument immanquable. Un peu de rengaine tout de même que le prix soit tellement beaucoup plus cher pour les étrangers : nous devrions faire de même et doubler le prix de la Tour Eiffel spécialement pour les argentins et privilégier le tourisme patriote non mais ! Ce n’est pas un pays pauvre et sans ressources tout de même !

Une promenade d’une demi heure entre le parking et les passerelles nous permet d’approcher petit à petit et fait monter l’excitation. Nous nous perdons presque dans ce dédale de passerelles et chacune apporte un point de vue différent et absolument spectaculaire sur les 50 à 60 mètres de hauteur pour 30km de long et 5km de large que fait ce glacier. Il y a tellement peu de monde en plus ! Incroyable ! Nous tremblons à chaque grondement et attendons fiévreusement la chute de blocs de glace sur le front glaciaire. Cette glace à perte de vue et l’immense volume qui s’offre à quelques mètres de nous est complètement fascinant. Nous ne risquons pas d’oublier cette visite ! Aussi parce que c’est le moment où dans une microchute malencontreuse notre appareil photo nous a dit adieu. Argh !

Le Perito Moreno qui continue de grandir est une anomalie ou une exception pour les glaciers de Patagonie. Pour la plupart des glaciers de Patagonie du nord la rapidité de la fonte est en moyenne de 2 mètres par an. Certains ont même reculé de plusieurs centaines de mètres en moyenne par an les dix dernières années. Les scientifiques mettent ce recul sur le compte de l’augmentation de la température et un climat sec.

Un glacier est une masse de glace en mouvement formée par l’accumulation de neige au gré du temps. Les glaciers se forment habituellement en bord des champs de glace pour évacuer le surplus par gravité. La neige accumulée perd une grande partie de l’air qu’elle contient avec l’effet du poids et de la pression et sa densité augmente jusqu’à sa transformation en glace.
La transformation de la neige en glace est un procédé complexe et je n’en ai compris que les grandes lignes. La neige fraîche a une densité qui oscille entre 100 et 300kg par m³. Plus elle est profonde plus sa densité augmente. Lorsqu’elle atteint entre 800 et 850kg par m³ elle se transforme en glace. La glace est toujours composée d’au moins 10 % d’air mais ces poches d’air sont scellées et la glace des glacier est imperméable à l’eau et l’air. Le temps que cela prend pour la métamorphose dépend de la température et l’accumulation de neige et est propre à chaque région.

La jolie couleur bleue des détails de la glace n’a pas d’explication simple et si j’ai compris en gros de quoi il s’agit la meilleure explication est celle là: Cette couleur est principalement due au propriété d’absorption différentielle de la molécule d’H2O de la lumière, molécule qui absorbe davantage les longues longueurs d’onde (rouge) que les courtes (bleu). Éclairé par la lumière blanche du soleil, la lumière qui ressort de la glace, privée de ses radiations rouges, paraît donc bleue.

On s’attend à ce que la surface du glacier soit plate mais ce n’est pas du tout le cas. Sur le Perito Moreno ce sont des pointes acérés et crevasses qui varient de 10 mètres ou plus. Pourquoi ? Le haut du glacier reflète le visage de sa base, écrasée, entaillée, torturée et modelée par le poids phénoménal qu’elle a à supporter. Le mouvement journalier inégal de 2 mètres par jour au milieu et 40 centimètres sur les côtés montre la bataille que la glace affronte pour inexorablement continuer sa chute vers le bas. Comme les plaques tectoniques qui en se rencontrant s’enfoncent l’une au dessous de l’autre, la glace elle aussi se fraie le chemin qu’elle peut. La glace fondue et la roche broyée se mêlent à la base du glacier et lui permet de continuer son mouvement. Le sol des anciens glaciers porte des traces indélébiles de ce déplacement et dans cette région c’est assez facilement observable à la forme des rochers et à la moraine, ces cailloux ou “till” transportés, déplacés par la glace puissante.

Pendant la dernière période glaciaire les glaciers recouvraient un tiers de la surface de la terre alors qu’aujourd’hui la glace ne recouvre que 10 % de la surface terrestre. Des centaines de glaciers sont plus ou moins observables en Patagonie dans le Parque Nacional los Glaciares en Argentine, le parc des Torres del Paine et Bernardo O’Higgins au Chili. On peut aussi les voir dans le canal de Beagle et les fjords de Patagonie chiliens.

Dans un glacier on distingue deux zones : celle d’accumulation et celle d’ablation. Dans l’aire d’accumulation on rencontre les secteurs les plus élevés et froids du glacier où tombe la neige qui se transforme en glace. Les secteurs les plus bas sont moins froids. C’est là que s’exerce la perte de masse du glacier par évaporation, fonte ou chute. C’est la zone d’ablation.
Une ligne d’équilibre divise ces deux zones, où le gain et la perte s’égalisent. La balance des masses permet de savoir si un glacier grandit, rapetisse ou reste stable. S’il y a eu plus de production de glace que de perte on dit qu’il grossit et a contrario s’il y a plus de perte de glace c’est qu’il rapetisse. Si l’accumulation et l’ablation ont été similaires le glacier se sera maintenu.

L’intense érosion des roches que le glacier génère produit une poudre de minéraux qui en raison de sa légèreté reste en suspension dans l’eau et ne sédimente pas. C’est la raison de la couleur et de l’opacité de l’eau des lacs et rivières alimentés par les glaciers, cette eau « laiteuse » qu’on voit partout dans la région.

Autre détail, cette masse de glace n’est pas de la “banquise”. La banquise c’est de l’eau de mer gelée.

Par le plus grand des hasards nous tombons même sur Clara et Jon les motards colombiens avec qui nous étions dans le Pantanal ! Phénoménal !
Que peut-on voir encore de plus spectaculaire ?
Et bien cela ne s’arrête pas là, le lendemain, le 15 décembre nous partons avec Gabriele et Philip pour notre prochaine destination, El Chaltén, afin d’approcher du légendaire Fitz Roy.

 

Information pratique:

Le prix de notre chambre double était de 350 pesos la nuit (35€). Apparemment c’est une très bonne affaire. Il manque une salle sympa là où il y a internet puis le personnel était désagréable mais tout le reste était nickel!

Au moment de notre séjour le bus pour aller au parc coûte 450 pesos argentins (45€) par personne (ce sont 80 kilomètres de bonne route). La location d’une petite voiture (4 personnes max) coûte 1100 pesos (110€) et une plus grosse pour 5 nous a coûté 1400 pesos (140€). L’avantage comme d’habitude c’est la flexibilité. Nous nous sommes arrêtés sur la route pour prendre des photos. Le bus part à 8 heures ou 13 heures et revient à 19 heures.

Franchement, ne ratez pas le musée Glaciarium si vous allez à El Calafate. Trop de gens que nous avons rencontré ne l’ont pas fait, quel dommage! Une navette gratuite fait la liaison et même si c’est cher, c’est unique!

  2 comments for “El Calafate et le monde des glaciers

  1. Maman
    2. janvier 2016 at 8:53

    oui quelle belle couleur bleue sur ce glacier ! El Calafate paraît si grand, si désert ! encore des photos de bout du monde… Et sinon, BERK pour le gâteau au poulet !

  2. Alwine Klein
    4. janvier 2016 at 19:36

    Die Bilder sind so phantastisch! Viele Grüße aus der Eifel ans “Ende der Welt”

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