El Chaltén

Le bus d’El Calafate met 3 heures pour arriver à El Chaltén en ce 15 décembre. Le paysage est majoritairement constitué de pampa comme toujours puis sur notre gauche avant d’arriver nous apercevons le lac aux eaux troubles bleues et ensuite le très impressionnant glacier Viedma, premier plus grand d’Argentine et deuxième plus grand d’Amérique du sud avec 978 m².
El Chaltén est un village très récent de 600 habitants entouré de montagnes qui n’existait pas avant les années 80. Il est connu comme la capitale de la randonnée et permet l’accès au très célèbre Fitz Roy, une montagne extravagante de 3405 mètres d’altitude.

Nous nous rendons directement à l’adresse qui nous a été conseillée : le Refugio Chaltén, un hostel qui n’est dans aucun guide et qui grâce au bouche à oreille n’en a pas besoin. La seule chose qu’on peut reprocher c’est la simplicité des sanitaires. Pour le reste c’est charmant, propre, familial, la cuisine est bien équipée et pratique tout comme la grande salle et l’on peut se servir du café, thé ou mate quand on en a envie. L’internet est comme ailleurs dans ce village très lent, c’est même de la chance d’avoir internet vu l’isolement de cet endroit.

Lorsque nous arrivons il pleut et le jour suivant la météo ne doit pas s’améliorer. Nous choisissons de rester tranquilles, planifier la suite de la route et d’avancer sur notre blog. Le jour d’après nous partirons en rando puisque le temps doit s’améliorer.
Nous allons quand même explorer les deux petits sentiers proches, le mirador des condors et celui des aigles. La montée est très raide mais c’est juste 1 ou 2 kilomètres et effectivement nous voyons 4 ou 5 majestueux condors tournoyer. Au mirador des aigles nous voyons encore des condors et nous nous allongeons pour profiter pleinement de ce point de vue magnifique sur la grande vallée qui longe le lago Viedma, celui du glacier que nous ne pouvons pas voir d’où nous sommes.

Après une journée de repos, d’organisation et de grosses précipitations nous partons pour une petite rando le jour suivant qui est radieux. C’est difficile à croire alors que la veille les routes du village étaient entièrement inondées ! J’ai même eu peur que mes uniques chaussures n’aient pas le temps de sécher !

Voici la carte faite par Tobi de notre balade de la journée.

De notre grande randonnée aux Torres del Paine nous n’avons aucunes séquelles mais comme le lendemain nous avons un gros programme nous ne voulons pas exagérer. Nous partons donc direction Laguna de los Tres sur le sentier « Fitz Roy » avec en tête d’aller jusqu’au premier mirador.
Il faut 1km pour arriver au sentier puis directement on commence avec une petite montée et la vue sur la route de demain, la vallée du Rio de las Vueltas. A peu près 2km après le début du sentier à travers bois nous arrivons au mirador mais le Fitz Roy est derrière les nuages. Nous patientons une demi heure et apercevons le sommet peu à peu libéré des nuages. Il y a beaucoup de monde, pas mal de françaises bavardes qui racontent des âneries et qu’on aimerait bien faire taire pour jouir du chant de la nature. Ce ne sont pas les seules, toute la journée je remarque que les français sont en nombre et bruyant ce qui est sûrement une raison supplémentaire pour laquelle nous ne voyons aucun animal sauvage. Dommage ! Elles se plaignaient d’une fumeuse qui selon elles ne devrait pas polluer leur air, nous pourrions nous plaindre de leur pollution sonore qui me semble plus gênante.

D’ailleurs, une fois de plus on s’étonne que la moyenne d’âge soit si basse : Moi qui ne viens pas d’une famille de randonneur je pensais que ce n’était pas un truc de jeunes. Ici pas de familles avec enfants et rarement des plus vieux mais essentiellement des plus jeunes que nous.

Comme celui que nous sommes venu voir se cache derrière les nuages (comme d’habitude à ce qu’il paraît) nous décidons de continuer la route. Le chemin est magnifique et plat, un spectacle ! Peu de temps après le ciel se dégage et la vue est fabuleuse : Des ruisseaux bleu turquoise, des monts enneigés, un glacier, des fleurs et ces cimes qui se pâment sans pudeur devant nos yeux avides : Saint-Exupéry (2558m), Rafael Juarez (2482m) et Poincenot (3002m) à gauche du géant et Val de Biois (2653m), Mermoz (2732m) et Guillaumet (2579m) à sa droite. Nous comprenons pourquoi El Chaltén est si réputé pour la randonnée !
Nous avançons jusqu’au camping « Poincenot » et il ne reste que deux kilomètres alors bon ! Nous passons la rivière qui lors de la première expédition a coûté la vie à l’explorateur du même nom. Par ailleurs si notre route est fréquentée par des randonneurs plus ou moins expérimentés il faut être un champion pour se frotter au pic en granite acéré du Fit Roy.
Le dernier kilomètre s’annonce difficile mais avec notre entraînement il l’est moins que j’avais pensé : 800m de dénivelé sur 1km c’est colossal et nous ne le faisons pas non plus au trot. Il y a foule en haut. Nous cassons la croûte, admirons et nous reposons des 11km.
Le Fitz Roy est un énorme monolithe de granite composé de roches magmatiques résultat de la collision de grandes plaques tectoniques débutée il y a 100 millions d’années. Il a été gravi pour la première fois en 1952 par des alpinistes français. Les premières expéditions datent de 1937 mais sont restées vaines. En 1952 un des 8 alpinistes, Jacques Poincenot, perd même la vie dans l’aventure. En hommage l’aiguille gauche du Fitz Roy porte son nom. Il reste à ce jour malgré sa faible altitude l’un des plus durs au monde à escalader en raison du granite très compacte et des conditions climatiques extrêmes.

Nous reprenons le même sentier pour rentrer et croisons les gens de notre hostel qui nous conseillent une autre route beaucoup moins fréquentée pour retourner à El Chaltén. Nos pieds nous portent encore, on ne veut pas exagérer mais si ça ne rajoute qu’une heure de marche sans dénivelé pourquoi pas.

Effectivement la route est belle, nous passons par les Lagunas Madre y Hija et rejoignons la vallée du Rio Fitz Roy où nous pouvons apercevoir le deuxième sommet réputé : le Cerro Torre (3102 mètres d’altitude). Son ascension a été longtemps considérée comme la plus dure du monde et on peut bien le comprendre ! Comme son nom l’indique c’est une tour aux parois quasiment verticales et pour monter il faut escalader 800 mètres de granite lisse recouvert de givre spongieux et en haut se frayer un chemin sur un champignon de glace instable. Mais quelle folie frappe les hommes parfois?

Quelque part dans la descente nous observons des « pics de Magellan » (carpinteros), un mâle à la tête rouge et une femelle à la tête noire. Trop mignon!

Après avoir vu à la droite du Cerro Torre le Cerro Egger (2900m) et le Standhardt (2730m) et à gauche isolé le Cerro Solo qui dessine un « C » en neige (2121m) nous amorçons le retour et comme toujours les derniers kilomètres sont les plus longs. Sans le vouloir nous avons encore fait 30 kilomètres ! Espérons que nous serons en forme demain !

Le lendemain, le 17 décembre le transfert « las Lengas » vient nous chercher à 8h30 et c’est la première étape de notre trek pour aller au Chili. Ce sera l’objet d’un prochain article.

Refugio Chaltén

vue sur El Chaltén

Entrée du sentier

Rio de las Vueltas

Mirador du Fitz Roy

Vue sur le chemin qui nous attend

La serpentine c’est le dernier kilomètre de marche

Vue sur les lagunas Madre et Hija

Difficile chemin

Vue du Fitz Roy depuis la laguna Madre

A gauche Cerro Solo, centre droite Cerro Torre et sur la droite Poincenot et Fitz Roy

Cerro Torre, Eggers et Standhardt