Lençóis et la Chapada Diamantina

18 septembre – C’est à 5 heures que le réveil nous annonce un départ imminent. Le lever n’est pas difficile puisque nous ne nous sommes pas encore complètement faits au décalage horaire.
Le temps de refermer nos sacs à dos et il est temps de partir. Le bus part à 7h mais nous avons vu large puisqu’il faut nous rendre à la gare routière en taxi et qu’on a peur qu’il n’y en ait pas à disposition. Il faut être une demi heure à l’avance au bus aussi.
Nous avons de la chance (comme toujours!) et trouvons un taxi tout de suite au Largo do Pelourinho. Les 15 minutes dans le taxi nous semblent surréalistes. Le jour se lève sur Salvador et nous parcourons la ville déjà très éveillée. Notre conducteur a eu dure nuit mais il est d’une humeur légère et contagieuse, et c’est sous des airs de reggae que nous gagnons sereins la gare routière.
La gare elle aussi est déjà réveillée, et nous sommes parfaitement dans les temps. Nous grignotons quelques biscuits et du jus de fruit avant de monter dans le bus.
Nous sommes très impressionnés par le sérieux et la confiance qu’inspire le transport en bus ici (en comparaison de l’Amérique centrale par exemple). Nos bagages sont étiquetés, le chauffeur a un double de nos billets avec numéro du bagage et nous ne pouvons pas les récupérer sans un rigoureux contrôle.

Le bus est plein, et très vite nous nous regrettons la polaire laissée dans le sac à dos, frigorifiés par la climatisation poussée à son maximum.
Et voilà, nous quittons Salvador, ses façades de toutes les couleurs, ses rythmes effrénés, ses danseurs de Capoeira à chaque coin de rue, son brouhaha, et nous dirigeons vers le parc national de la Chapada Diamantina.

Le paysage change complètement pendant le trajet. Il devient très aride. Après 6 bonnes heures de mauvaise route nous arrivons à Lençóis, petite bourgade d’environ 8000 âmes, 400km à l’ouest de Salvador.
La Chapada, c’est un oasis, une vaste région de montagnes basses et de canyons traversés de nombreuses rivières et de cascades à l’eau pure qui jaillissent de la roche. Nous sommes à 400m d’altitude mais il fait chaud lorsqu’on sort enfin de notre frigo roulant.
Beaucoup de monde à la sortie du bus, on nous propose des guides et des pousadas pour dormir. C’est Jão Pedro qui nous accueille pour nous conduire à la Pousada da Rita où nous avons réservé une chambre par téléphone hier.
L’après midi nous explorons les environs du village et nous échauffons déjà le long de la rivière. Très vite nous découvrons les premières cascades, piscines et toboggans naturels sur le «Serrano» qui franchement porte bien son nom. L’eau dans les tons de rouge grenat/marron tient sa couleur des éléments organiques déposés à la source. C’est bizarre mais on s’y fait. On la boira même pendant tout notre séjour (sans aucun dérangement je précise).
Un peu plus haut c’est un spectacle de roches sableuses et de sables multicolores que nous explorons. (@Patrick V., j’ai pensé à toi! As tu déjà du sable rose?).
Nous redescendons et sommes abordés par Rodolfo, un joyeux rasta qui nous parle de son village: «ici nous sommes tous guides, que voulez-vous visiter ?». On décide de revenir le voir plus tard au centre où il pourra nous montrer des photos des différentes excursions.
A 21h nous nous décidons pour un trek de 2 jours partant dès le lendemain, et c’est un peu hésitant qu’il nous demande si l’on veut bien déjà régler la moitié puisqu’il doit «aller faire les courses et organiser le tour». Quelle flexibilité!
Nous nous couchons excités de ce qui nous attend.

19 septembre – A 8h Rodolfo est déjà à notre porte. Nous déposons nos affaires chez lui (super service), saluons Puma, un autre rasta qui “n’habite pas là mais vit dans le ciel” et rencontrons Rocio une sympathique argentine à peine débarquée que Rodolfo a embarqué dans l’aventure. Au centre d’autres personnes attendent aussi le départ avec un autre guide natif de la vallée, Raimundo. Les autres, ce sont Daniel, un catalan, Javiera, une chilienne et Eduardo un Paulistano (habitant de São Paulo) qui seront aussi du voyage. Une joyeuse troupe.
L’aventure commence immédiatement puisque c’est en mototaxi que nous sommes avancés de 9km pour arriver directement au pied du chemin.

Ce n’est pas vraiment une route, on traverse des rivières, on roule sur du sable, des cailloux, des rochers, entre les arbres dans la forêt, super chemin pour les amateurs de sensations fortes (comme nous?).
Enfin la rando commence, tout le monde chargé sauf moi: Tobi porte nos affaires, quelle chance j’ai! C’est sûrement ce qui fait que le chemin ne m’a pas paru si difficile qu’aux autres filles!

En tête du groupe, Rodolfo qui avance très vite et nous parle de sa région: La Chapada Diamantina tire son nom des montagnes («morros») aux contours circulaires qui la forment, elles ont comme des plaques («chapas») en leurs sommets. Elle fait aussi référence aux diamants, l’ancienne ressource des «garimpeiros», chercheurs de diamants qui ont défiguré la région à coup d’explosifs. Cela ne remonte pas si loin puisque les pères de Rodolfo et Raimundo nos deux guides étaient eux aussi garimpeiros. Maintenant cette extraction est interdite et les chercheurs sont devenus guides. Sur la route beaucoup d’éléments rappellent cette histoire et les conditions de vie difficiles que ces gens avaient alors.

Les premières deux heures sont intenses. Pendant au moins une heure nous ne faisons que monter, presque escalader. Il fait très chaud et nous sommes aussi très exposés. Mais le paysage change. Peu à peu les cactus et les cailloux laissent place à une végétation luxuriante.
Arrivés en haut Rodolfo se rend compte qu’il a oublié la viande pour le repas du soir dans son frigo. Ni une ni deux le voilà reparti pour la chercher. Un fou!
Nous cachons nos affaires dans les buissons et partons avec Raimundo le deuxième guide explorer et déjeuner. Une demi heure où nous descendons à pic pour arriver sur une magnifique cascade (cachoeira do Capivari) de 90m où nous sommes heureux de plonger. Enfin un peu de repos.
Après un peu de repos nous repartons, et 1h30 plus tard arrivons au campement.
Nous dormirons au bord de la rivière. Tobi et moi dans une petite tente, les autres à la belle étoile abrités des rochers.
Daniel est cuisinier et entreprend vite avec Raimundo de nous titiller les papilles. Comme cela se fait ici, il n’y a pas un seul plat au menu mais 4 accompagnements raffinés (à base de pâtes, de riz, de fèves/flageolets et de pommes de terres/potiron) avec un délicieux poulet mariné sauvé de l’oubli par notre guide motivé. Un régal, vraiment. Rien que d’y penser je salive. Tout ça cuit sur le rocher avec du matériel très simple.
Après le repas, c’est un peu de caïpirinha bien dosée qui clôt cette journée intense.

 

20 septembre – La nuit est loin de finir (minuit) quand nous sommes réveillés par les premières gouttes de pluie. Argh! On rentre vite le gros sac à dos et les chaussures dans la tente de lilliputien qui a déjà du mal à nous accueillir tous les deux et on espère que cela va cesser. Mais non, cela ne cessera pas, et jusqu’au petit matin il faudra faire avec : tout est trempé, il pleut dans la tente.
On reste quand même le plus longtemps possible dedans et vers 6h nous nous levons. Les autres ont eu plus de chance ils étaient abrités sous les rochers.
Les guides sont déjà entrain de faire le petit déjeuner. Il fait gris, froid et mouillé mais un bon café chaud et un super petit déjeuner vont nous mettre d’aplomb.

Nous partons vers 9h avec le minimum sur nous puisque la route va être difficile: en effet il nous faudra presque trois heures pour faire 3 kilomètres! Nous marchons le long de la rivière, le rio capivari voir SUR la rivière de pierre en pierre. La végétation est tropicale et abondante, des fougères géantes, des orchidées sauvages, des plantes carnivores aux fleurs rouges. C’est magnifique.
A deux reprises il n’y a plus de chemin et l’on a le choix entre de l’escalade sportive ou la nage. Je choisis la nage, Tobi l’escalade.
A la fin du canyon c’est un cul-de-sac: la grande cascade de 120mètres promise, «Cachoeira do Mixila». Quel cadeau pour les yeux, on est tellement heureux!
On ne reste pas longtemps et le retour est plus rapide. On mange au campement et on redescend.

A 17h15 on est en bas, fatigués et satisfaits, puis le groupe décide de rentrer à pied et pas en moto. Moi franchement, même sans sac à dos, j’en avais marre mais bon, c’est le groupe qui décide alors on y va. 1h30 à vive allure, arrivée de nuit, des ampoules aux pieds, en nage, on en peut vraiment plus!!
Enfin il est temps de déguster une bière bien fraîche tous ensemble dans une rue animée et illuminée du village animé.
Deux super journées, un super groupe, tout le temps une super ambiance, quelle chance!
Tout ça ans voir d’autre touriste non plus!

Les deux guides sont à 100% à recommander, on s’est sentis en sécurité, dans les endroits périlleux il y avait toujours quelqu’un pour aider, tout ça de manière très relax!
Bien sur on a réfléchi à le faire sans guide. Mais en fait, sans guide cette randonnée n’aurait pas été faisable. Le chemin n’est pas balisé et parfois il n’y a même pas de chemin. Puis quand même c’était pas facile!
Parce que c’est pas donné non plus. Mais comme on est passé par une association (AVCL) et pas une agence on a payé «que» 50€ par jour par personne tout compris donc même si pour ici et pour le voyage c’est cher on relativise. On le fera pas tous les jours.

Après la bibine nous sommes allés acheter nos billets de bus pour la suite du voyage, puis chez Rodolfo nous avons pu prendre une bonne douche et manger avant de repartir, exténués, de la Chapada Diamantina.

A 23h30 le bus a quitté Lençoís. Nous garderons de très bons souvenirs de cet endroit, de ses habitants et des personnes rencontrées.
Nous allons à Itacaré nous relaxer, mais ça, c’est pour un prochain épisode.

Merci de nous lire! A bientôt

  10 comments for “Lençóis et la Chapada Diamantina

  1. Maman
    25. septembre 2015 at 10:42

    Impressionnant ! Magnifique ! Quel dépaysement

  2. Estelle
    25. septembre 2015 at 11:42

    Waow, ça y est, vous êtes des vrais baroudeurs, aux histoires de baroudeurs et aux looks de baroudeurs !

  3. HELMUT KOHR
    25. septembre 2015 at 17:14

    Bisher sehr schöne Beschreibung eurer Erlebnisse. Jusqu’à présent tres belle descriptions. Beim Lesen bin ich mitgewandert. Pendant que j’ai lu, je vous accompagné. Auch tolle Bilder. Aussi formidable photos.
    Freue mich auf die Fortsetzungen. Je suis ravi sur les continuation. Dabei habt ihr gerade erst angefangen!!
    Vous avez faire que commencer!!
    Viel Glück Bon chance. 🙂 Helmi

  4. Zouzou
    26. septembre 2015 at 0:26

    Quel plaisir de voyager avec vous <3 Merci

  5. Britta
    28. septembre 2015 at 16:25

    Tolle Bilder und interessante Berichte. Da habt ihr schon eine Menge gesehen und erlebt. Liebe Grüsse aus Gau-Bickelheim Britta & Fred

    • Elodie & Tobi
      1. octobre 2015 at 12:58

      Danke dass ihr mit uns reist! viele Grüße

  6. orianne
    28. septembre 2015 at 21:21

    waouh trop fort!!!!!!!

  7. Ulla und Jean-Pierre
    1. octobre 2015 at 11:54

    Hallo Ihr Zwei,
    wir sind sehr beeindruckt von Euren tollen bisherigen Erlebnissen und sind sehr gespannt mehr von Euch zu hören. Weiterhin ganz viel Glück für Euch.
    Liebe Grüße von den Gonsenheimern

    • Elodie & Tobi
      1. octobre 2015 at 12:56

      merci pour les compliments et merci pour la visite trop sympa de vous savoir avec nous les Gonsenheimern 🙂 gros bisous

  8. javiera
    1. octobre 2015 at 14:46

    Hola!!! qué lindos recuerdos!!!
    Un abrazo gigante para ambos, fue un placer conocerlos y espero su paso por Chi-chi-chi!!!! le-le-le!!!

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