Choluteca et la peur du Honduras

Même en lisant le guide le Honduras semble peu invitant. Le pays qui est désigné comme le « failed state » s’est plutôt fait connaître ces dernières années pour le taux d’homicide le plus élevé de la planète que pour ses autres richesses. Au Nicaragua, un pays en comparaison pacifique, chaque personne à qui nous parlons de la suite de notre voyage s’alarme du danger d’une telle destination. Du coup vous l’imaginez nous n’étions pas franchement rassurés, même si nous avions rencontré des voyageurs qui en venaient et n’avaient eu aucun problème dans tout le pays. Notre taxi de la frontière à San Marcos que nous fusillons de questions nous dit aussi que oui, la presse est prolixe et qu’il y a beaucoup de criminalité dans le pays mais elle se concentre entre les gangs et dans certaines zones. C’est vrai, je guette le moindre indice, un tatouage suspicieux, une attitude spécifique, j’en ai vu des documentaires et des films sur ce sujet… non, vraiment, personne n’a l’air d’être un gangster !

Le 1er juillet nous passons la frontière assez tranquille du Nicaragua pour le Honduras (El Espino). Il faut payer 3 dollars par personne mais sinon rien de spécial, on attend juste assez longtemps notre tour au milieu d’une vingtaine de locaux, il y a ceux qui semblent connaître les douaniers et passent devant et beaucoup de gens qui ont du mal à remplir les formulaires et lire les panneaux mais aucun touriste comme nous en vue.
Après nous prenons un taxi dans lequel s’engouffre Claudia, notre première connaissance hondurienne. Son mari travaille à Estelí et elle habite avec deux de ses trois filles à Choluteca. Elle nous affirme que la ville est l’une des plus sures du pays et nous propose d’emblée de nous héberger. Et ainsi notre première impression du Honduras est complètement différente de ce que nous nous étions imaginé.

Il y a quelques années j’ai eu l’occasion en famille de fouler le territoire hondurien lors de l’escale de notre bateau de croisière. Notre vaisseau contenant plusieurs milliers de touristes principalement américains avait atterri dans un village côtier sur l’île de Roatán qui n’avait absolument aucun attrait sinon pour la plongée sous-marine et les belles escapades en pleine nature luxuriante aux alentours. Dans le village il m’avait fallu à peine une minute pour me voir proposer de l’herbe et les divers bars crades sur le bord de la route n’inspiraient aucune confiance. A part ça non, je ne connais pas le Honduras.

Là, après une heure de bus nous nous faisons déposer au centre commercial, selon Claudia l’endroit le plus intéressant de la ville. Tout d’un coup nous sommes transportés dans un autre univers : un grand mall climatisé comme chez nous avec des tas de gens les mains chargées de sacs de shopping. Nous retirons nos premiers Lempiras à un distributeur (qui ne nous coûte rien, ouf, encore un changement ! Au Nicaragua les retraits étaient payants !) et faisons quelques courses avec Claudia. Au supermarché très bien achalandé nous rencontrons Christian qui parle couramment allemand et français. Il l’a appris seul devant son ordinateur et c’est la première fois qu’il peut pratiquer « en vrai ». Nous pensons que nous rêvons mais non, nous sommes bien devant le rayon pâtes dans un des pays les moins appréciés d’Amérique Latine.
Claudia habite dans une résidence chic et la vieille ville de Choluteca nous fait une impression sympathique et très tranquille. Nous y trouvons même un super café à la française, rien n’y manque : ni le bon café, ni les douceurs, ni la musique bien de chez nous.
Le soir nous faisons des crêpes salées et sucrées pour nos hôtes et nous réjouissons d’un bon lit dans une chambre climatisée, un vrai cadeau dans un endroit si chaud.
Du coup notre première escale au Honduras est plutôt plaisante!

Le lendemain nous remarquons néanmoins le nombre incalculable de pompes funèbres que nous apercevons depuis la fenêtre du bus qui pointent sur le grand problème de criminalité dans le pays. Il y en a bien autant que de boutiques d’articles pour téléphones portables chez nous ! Même un sympathique conducteur de moto-taxi avec qui nous nous entretenons dans la queue à la frontière du Salvador n’a aucun commentaire optimiste. Nous n’avons encore jamais rencontré quelqu’un d’aussi négatif sur son pays qu’il estime sans aucune perspective d’avenir et dans lequel beaucoup ne survivraient qu’avec un dollar par jour.
Alors que dans la plupart des pays pauvres dans lesquels nous passions les habitants parlaient avec fierté de leur patrie, ici c’est un vrai changement.

Nous avons beaucoup en tête alors que nous traversons le pont pour le Salvador à la frontière d’El Amatillo mais pour nous, dans une matinée si ensoleillée nous ne nous sentons pas moins en sécurité qu’à n’importe quel autre endroit de notre voyage.

Voici qu’après moins de 24h nous ressortons du Honduras alors que nous venons d’y rentrer : il faut toujours choisir et nous avons choisi de continuer la route par le Salvador. Nous sommes en route pour l’océan Pacifique.

  1 comment for “Choluteca et la peur du Honduras

  1. James
    31. juillet 2016 at 23:38

    Tu ne m’avais pas dit petite cachotière qu’à Roatan on t’avais proposé de la fumette .
    Pas besoin de vous dire que j’étais totalement perturbé après avoir lu sur le pays.ouf y- as rien à voir.

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