Panama Ville et le Canal

Nous arrivons sous la pluie le 10 mai à Panama ville depuis les îles San Blas.
Nixia, la maman panaméenne de Tobi chez qui il a logé en 2010 pendant son stage à l’IGN a préparé notre arrivée. Avant de la retrouver nous faisons un tour dans le Panama encore plus développé qu’à mon dernier passage (en 2011 il n’y avait pas encore le métro) et nous procurons une carte SIM avant d’aller le soir nous manger un ceviche ensemble sur la cinta costera. Nous nous sommes vus la dernière fois en Allemagne en 2013.

Les jours qui viennent sont consacrés à notre blog, les comptes, les photos et du shopping. Nous retrouvons Nixia le soir pour dîner ou nous balader un peu.
Nous faisons aussi la connaissance d’une amie d’une amie (merci Jacqueline!), une célébrité locale, Hélène Breebart, une styliste qui utilise l’artisanat Kuna (j’écris Kunas mais depuis 2010 on écrit Guna, ils ont banni la lettre K) à la sauce moderne : les molas, des pièces de tissus assemblées pour en faire des plastrons portés sur leur tenue. Hélène est française et installée depuis bien longtemps au Panama où elle a rencontré l’homme de sa vie quand tous deux travaillaient pour DIOR. Elle nous accueille à l’improviste les bras ouverts, nous fait goûter son apéritif maison breveté (du jus d’ananas fermenté fortifié au rhum, un régal), nous visitons son atelier et écoutons son histoire.

Le samedi 14 mai après une balade dans Panama viejo (là où les colons sont arrivés et ont créé la première ville de Panamá) nous partons tous les trois pour l’aéroport chercher papa. L’attente me paraît bien longue (était-il dans l’avion ? Pourquoi n’a-t-il pas écrit depuis Madrid?) mais il finit par arriver avec son petit sac. Quelle joie ! Il voyage vraiment léger ! Une fois sortis les 2 kilos de savon le sac ne pèse plus 11 kilos. Quelle surprise de le voir nous rejoindre avec un sac à dos lui qu’on connaît avec de grosses valises ! Nous fêtons tous les 4 son arrivée en traversant la ville jusqu’au Causeway Amador où nous mangeons du poisson grillé et du ceviche au Ranchito sous une paillote.
Nixia nous dépose à notre hôtel Marbella dans le quartier central Cangrejo où nous avons négocié une chambre pour 3 climatisée avec petit déjeuner pour 66$ pour 3 nuits. A Panamá ville les prix sont européens.

Dès le lendemain nous partons pour le clou du spectacle : le canal ! Nixia vient nous chercher pour nous mener aux écluses de Miraflores où nous pouvons visiter un joli musée et voir les bateaux passer depuis un beau point de vue.
C’est si fascinant, même si c’est plein à craquer lorsque nous arrivons nous sommes ravis ! Ce n’est pas donné mais quel spectacle !
Nous partons ensuite pour le “Gamboa Rainforest Resort” où en passant par l’hôtel de luxe et non par l’entrée principale nous pouvons nous balader dans les différentes attractions sans toutefois les visiter : il y a une serre à papillons, un jardin d’orchidées, un centre de préservation des grenouilles, de l’artisanat Emberá et un refuge pour animaux exotiques où un jaguar las attend qu’on lui nettoie sa chambre.
Nixia nous dépose ensuite dans la vieille ville où nos faisons un petit tour avant d’aller prendre l’apéritif chez Hélène et dîner au Trapiche, un très bon restaurant local.

Le lendemain nous continuons notre découverte du canal et prenons le train jusqu’à Colón. Le train, c’est l’autre moyen de faire passer les containers de l’autre côté surtout pour les bâtiments trop grands pour le canal. Bientôt l’extension du canal remédiera à ce problème.
Le trajet dure une heure et passe par une zone sauvage et nous offre de belles vues sur le lac artificiel Gatún et la rivière Chagres. Le train est ancien et rénové. Il coûte 25$ par personne avec un petit snack mais il faut le voir comme une excursion.

A l’arrivée nous voulons faire fissa. Colón n’est pas une ville où il faut traîner. La gare est à deux pas du terminal des bus et nous montons dans un vieux diablo rojo (les school bus américains à qui on a offert une seconde vie) pour nous rendre aux écluses de Gatún, celles qui ouvrent sur l’Atlantique et sont bien moins visitées. Hier nous étions au Pacifique pour rappel.
Pour arriver aux écluses de Gatún le bus passe même sur les portes des nouvelles écluses qui seront inaugurées dans un bon mois, c’est impressionnant comme c’est grand ! Quelle émotion de fouler ce lieu historique!
Et enfin ce panorama là est encore mieux que les écluses de Miraflores : c’est encore plus proche, cela coûte un quart du prix et il n’y a personne !
On y passe un moment à regarder 3 bateaux passer et partons repus.

Les chiffres du canal sont renversants et même si on l’a déjà vu on ne peut pas s’en lasser ! Je ne peux pas ne pas en évoquer quelques uns en vous laissant le choix de lire davantage sur les trop nombreuses sources du web.

Le canal c’est une voie d’eau de 80 kilomètres qui fait se communiquer les océans Atlantique et Pacifique à l’endroit du continent américain qui est le plus étroit. Ce sont 60 millions de mètres cubes de terre et gravats excavés, 19243 ouvriers rien que pour l’année de 1884, des portes d’acier de 700 tonnes, 20 mètres de large, 2 mètres d’épaisseur et 100 millions de litres pour faire passer un seul bateau. Depuis son ouverture en 1914 il a vu passer plus d’un millions de navires à raison de 14000 bateaux par an en moyenne. Un gros cargo paie à peu près 300000 dollars pour passer et un petit voilier 1000 dollars (tout dépend de plein de paramètres mais surtout du tonnage). Il faut à peu près 10 heures à un bateau pour passer d’un océan à l’autre.

Il fonctionne grâce à trois ensemble d’écluses de deux voies chacune qui servent d’ascenseur d’eau pour permettre le passage de 26 mètres de dénivelé. L’eau utilisée est amenée par pesanteur depuis l’immense lac artificiel de Gatún qui se trouve donc à une altitude de… 26 mètres au dessus de la mer mais au delà de la petite cordillère centrale il faut savoir que les océans eux-même de sont pas au même niveau et que leurs marées sont très différentes (bien plus grandes du côté Pacifique). Dans les écluses les bateaux sont guidés par des paires de petites locomotives qu’on appelle ici des mules. Elles servent juste à le guider latéralement et non pas à les faire avancer. C’est capital parce que sur les plus gros navires il ne reste que 60cm d’espace de chaque côté, cela ne laisse pas le droit à l’erreur et c’est pourquoi il peut y avoir jusqu’à 8 mules pour faire passer un bateau. D’ailleurs l’équipage du bateau est remplacé par un équipage panaméen, c’est le seul endroit du monde où le capitaine du navire cède le contrôle total (opérationnel et administratif) pendant toute la traversée.

Le 3 septembre 2007 a commencé le fantastique chantier d’élargissement du canal qui est près à être inauguré (le 26 juin 2016). Il a été voulu et financé par le Panama lui-même. Il doublera la capacité, permettra un transit de charges plus élevées et de bateaux bien plus grands.

Si les écluses actuelles mesurent

  • 33 mètres de large, 12,8m de profondeur et 300 mètres de long

les nouvelles feront

  • 55 mètres de large, 18,3m de profondeur et 430m de long.

Ce sont 4 terrains de football et un immeuble de 10 étages. Cela implique bien sur un besoin d’eau colossal. Pour cela des bassins de réutilisation d’eau ont été prévus qui permettront de sauver 60% de l’eau nécessaire.

Une [un peu trop longue] vidéo en accéléré depuis les écluses de Miraflores et de Gatún où l’on voit aussi les troisièmes et dernières, celles de Pedro Miguel :

De retour à Colón nous repartons pour Portobelo, ville découverte par Christophe Colomb et entre le XVI et XVIIIe principal port d’exportation de toutes les richesses arrachées aux Amériques vers l’Espagne. Ce trajet de bus est destiné à marquer mon père, c’est typique de l’Amérique centrale mais pour tous les grands bus de luxe que nous avons eu en Amérique du Sud c’est vraiment pas génial.

Notre chauffeur ressemble à un crapaud et passe son temps à manger, boire et chatter sur whatsapp à la mode actuelle (vous savez, on tient le téléphone comme un microphone pour parler et on le retourne pour coller son oreille sur la sortie. Ça fait sûrement « in » mais je trouve que ça fait plutôt crétin). Conduire ? Un détail ! D’ailleurs quand il est très concentré sur sa conversation on roule à 20, le reste du temps ses coudes dirigent et on file à très vive allure. C’est un school-bus, le bus américain qui une fois passé son heure est vendu aux pays du sud et après modifications se retrouve dans toute l’Amérique centrale jusqu’à épuisement total. Cela signifie des places taille enfant avec le record de “combien de personnes oeuvent passer au maximum”. Le pompon c’est la musique. Je ne sais pas si je suis maniérée à ce niveau mais j’ai mal aux oreilles tellement c’est fort. Il faut hurler pour parler.

On arrive pas très disposés à Portobelo et il fait gris. Ce village au allures de Bassam (vieux village aux ruines coloniales toutes noires) a sûrement plus de charme au soleil.
On repart relativement vite avec un taxi qui conduit tellement mal et saccadé que nous poussons un grand « hourra » quand nous sortons enfin de son véhicule (je vous passe sa pause en pleine côte sur le bord de l’autoroute sans frein à main).

Le 17 nous quittons la ville de Panama d’abord direction Penonomé (pour les chapeaux bien sur) et ensuite le parc naturel Omar Torrijos qui nous réserve d’effroyables aventures.

  2 comments for “Panama Ville et le Canal

  1. bureau
    28. juin 2016 at 7:15

    Meeerrrrcccciiiiiiiiiiiii !

  2. Anciaux Sarah
    3. août 2016 at 4:07

    Très très interressants et impressionants les chiffres!merci!
    Rencontre très sympatique aujourd’hui au musée du textile maya de San Cristobal de las Casas, Mexique.
    Au plaisir de vous lire.
    Sarah, Greg y El Rodriguez😉

Comments are closed.

Top