Flores et les ruines de Tikal

Flores ne nous ressemble pas au Guatemala que nous avons vu ces dix derniers jours, mais c’est plutôt un air de Caraïbes ou peut être un flair peu méditerranéen qui nous enveloppe de douceur le 24 juillet après une longue route depuis Semuc Champey. Même fatigués et un peu échaudés par les manières peu catholiques avec lesquelles la fin du voyage se passe (juste avant de passer sur le pont pour l’île, 5 minutes avant d’arriver un rabatteur entre dans notre mini bus et commence à nous baratiner, rallongeant encore notre voyage) notre regard ne peut s’empêcher de déjà admirer ces petites rues pavées et les façades colorées.

La petite ville de 30000 habitants de situe sur le lac de Petén Itzá et est reliée au continent par un pont ou causeway de 500 mètres de l’autre côté duquel se trouve la petite ville de Santa Elena, également de 30000 habitants.
L’atmosphère bien que touristique est très agréable et dimanche soir il y a une ribambelle de stands pour manger sur la promenade au bord du lac. On estime que Flores à l’origine était le plus important centre cérémoniel de la culture maya, couvert de pyramides, temples et idoles mais il a été complètement détruit et pillé par les espagnols puis ensuite abandonné.

Une fois que nous sommes rassasiés de quesadillas, tacos et enchilladas nous passons le reste de la soirée à réserver nos différents vols de retour en Europe du haut de notre jolie terrasse sur le toit de l’hospedaje Doña Goya dans lequel nous avons deux lits dans un vaste dortoir vide, propre et lumineux pour 9,50€ pour deux.
Nous partons le 27 août depuis Mexico via les États-Unis et la République Dominicaine et nous arriverons le 14 septembre à Francfort. Voilà, la fin du voyage est maintenant planifiée pour dans un peu plus d’un mois et c’est un curieux sentiment d’excitation (il est assez cool notre retour il faut avouer) et de vide que nous ressentons après tant de temps partis et l’impression que le départ était tout juste hier. Finalement nous rentrerons en Europe exactement un an après en être partis.

Lundi midi nous partons avec un shuttle pour les ruines de Tikal. Nous avons un petit sac à dos avec l’essentiel et de quoi manger demain matin et midi.

Tikal c’est le site maya le plus célèbre du Guatemala et fait sûrement partie des plus impressionnants du monde maya. Il s’étend sur 16km² dans une jungle épaisse et mystérieuse peuplée de singes hurleurs, oiseaux colorés et bien d’autres animaux énigmatiques. Il y a plus de 3000 structures construites sur 800 ans et toutes ne sont pas restaurées, de nombreux temples en forme de pyramide témoignent d’un passé glorieux mais la canopée dense rappelle que la nature a depuis longtemps repris ses droits. Il n’y a rien qui ne me fascine plus qu’une ancienne pyramide ensevelie sous un immense arbre qui déplie ses racines comme les tentacules s’emparent de leur proie.
En raison de la taille du site, de la chaleur et des animaux nous décidons de visiter les ruines en fin d’après midi puis tôt le matin et de dormir dans un hamac sur le site. C’est une décision que peu de visiteurs prennent et nous sommes ravis de nous en rendre compte. Bon, la nuit dans le hamac est la plus chère de notre séjour au Guatemala mais nous ne la regrettons pas, c’est magique de se réveiller au milieu de la nature, des singes hurleurs et des oiseaux bruyants.

Nous commençons donc à visiter le parc ensemble avec un couple sympa hispano-argentin avec qui nous sommes arrivés depuis Semuc et assistons au coucher de soleil à 60 mètres en haut du temple IV. Nous ne payons pas pour passer de l’autre côté avec les divers groupes de touristes, la plus belle vue sur les temples qui dépassent de la jungle est déjà devant nous. Au lieu de cela nous marchons seuls sur le site, nous prenons en photo sur le temple II, traînons sur la Gran Plaza et sortons du parc alors qu’il fait déjà nuit. Il n’y a plus personne pour nous gronder !
Tikal est très différent de toutes les autres ruines mayas connues parce que c’est profondément enfoui dans la jungle (quoique les ruines d’El Mirador au bout de la jungle du Petén sont encore plus enfouies et inaccessibles au bout d’un trek de 60km dans des conditions primitives! Elles accueillent tout de même la pyramide la plus haute du monde maya…).

La nuit dans les hamacs est douce et aucunement comparable à notre dernière nuit en hamacs sur la côte caribéenne de Colombie. Au lieu de nager dans la sueur il fait même frais lorsque nous nous réveillons.
A 6 heures commence un tour guidé avec un archéologue spécialiste du parc. Une américaine nous avait proposé la veille de se joindre à eux pour $10 par personne. Elle s’était trompée, normalement les services de ce guide spécial sont plus chers mais vu qu’il a été contracté par elle, Jose Luis veut bien nous laisser payer le prix convenu et ainsi nous avons la possibilité de visiter cet endroit mystique tous les trois avec un guide expérimenté. Avec lui nous faisons un grand tour, il connaît même la cachette d’une grosse tarentule berk. Les histoires qu’il raconte sont fascinantes et nous sommes bien contents d’avoir pris cette décision même s’il s’agit de la journée la plus chère du Guatemala.
Le site de Tikal a commencé à être construit par les mayas en 700 avant J.-C. mais c’est seulement à partir de la période “classique maya” qu’il est devenu important et très peuplé (à partir de 250 après J.-C.). Il s’est beaucoup développé grâce à une technique de combat jusqu’alors inédite : encerclement de l’ennemi et tir à l’arc ce qui a permis au site de s’étendre sur 30 km², de dominer toute la région et contenir une population de 100000 âmes. Autour de l’an 700 le nouveau roi Ah Cacao restaure le pouvoir militaire et la primauté de cette cité resplendissante maya et entame la construction des plus grandes structures encore visibles. Il est enterré dans le temple I. Il faut relever que le site a été construit loin de toute source d’eau et que le développement est seulement dû à un magnifique contrôle des eaux de pluies, si bon qu’il a permis à la ville de florir mais peut aussi être l’une des réponses à son déclin. Autour de 900 comme ailleurs le monde maya décline mystérieusement.

Après une dernière nuit à Flores nous partons pour la frontière mexicaine le 27 juillet. Jusqu’à La Técnica il y a régulièrement des bus directs. Après une heure de route et la moitié du chemin parcouru nous bifurquons de la route principale pour continuer sur une vilaine piste. Trois heures plus tard nous arrivons enfin à la rivière qui représente la frontière mexicaine. Notre passeport a été tamponné une demi heure plus tôt à Bethel, en trois minutes où le bus nous a arrêté devant un kiosque désarmant de simplicité (il fallait le savoir!).
Nous grignotons encore quelque chose et essayons de changer les Quetzals qui nous restent à un taux correct avant de monter dans une barque pour traverser le rio, nous quittons le Guatemala le cœur léger sans savoir que bien des difficultés nous attendent de l’autre côté.

Le Guatemala nous a impressionné pendant 13 jours par sa diversité et sa beauté même si nous avons essentiellement visité les endroits les plus touristiques. Nous avons cependant été indisposés par la pauvreté et la mauvaise infrastructure. Dans aucun autre pays nous n’avons vu autant d’enfants travailler, quant aux transports ils nous ont semblé les plus compliqués et dangereux de tout notre voyage : Des prix doublés pour les blancs, des véhicules dans un état pitoyable, une conduite dangereuse sur des mauvaises routes, un bien mauvais cocktail !
De ce fait nous sommes assez contents d’être enfin arrivés au Mexique.

Niveau budget on a dépensé 51€ par jour à deux en ayant principalement dormi dans des chambres privées avec beaucoup de charme. Le logement nous a coûté 13€ par nuit en moyenne, 17€ d’alimentation, 11€ de transport et 8€ d’activités par jour.

Informations pratiques:
Pour aller à Tikal vous-même vous en aurez pour Q5 (touktouk jusqu’à Santa Elena) et Q35 pour le bus aller simple par personne. Une agence nous a vendu un shuttle pour 60Q l’aller-retour, le retour étant flexible bien sur… N’oubliez pas, tous les prix au Guatemala sont discutable, tous ! Les touristes paient par principe le double. Mais parfois les sommes sont tellement ridicules qu’on trouve que cela ne vaut pas la peine de râler.

Lorsque vous achetez un ticket d’entrée au parc (150Q) à partir de 15h30 il est valable pour le jour suivant (vérifiez la date sur le ticket). Par contre le guichet se trouve à la „première“ entrée du parc, à 17km de la véritable entrée et des hôtels/camping. Les agences ne précisent pas tout ça du moment qu’ils peuvent vous vendre leurs service, c’est pourtant un détail de taille.

Pour 100Q de plus pour les étrangers on vous vend un billet „Sunset“. Il s’agit d’une petite corruption interne, en fait votre guide vous proposera sans doute de vous faire payer juste le prix des locaux, 20Q de la main à la main pour vous y emmener mais il s’agit du haut de la pyramide IV de passer du côté où il y a les travaux (donc officiellement interdit) pour voir le soleil se cacher derrière la forêt. Vous avez accès à cette pyramide avec votre ticket normal et la plus belle vue sur la forêt et celle qui est gratuite puisqu’on y voit toutes les pyramides sortir de la forêt et illuminées par le soleil qui peu à peu descend. L’autre côté est bien moins spectaculaire, pas de ruines en vue, il a juste l’avantage d’avoir le soleil. Ce ticket sunset permet juste à une poignée de guides et gardiens de se mettre les sousous dans la popoche. Donc n’oubliez pas votre lampe torche et ne tardez pas trop, personne ne dit rien lorsqu’on sort après l’heure parce que plus personne n’est là mais le parc ferme officiellement à 18h.

Au camping il faut payer 50Q par personne + le prix d’une tente pour deux (60Q) ou un hamac (40Q) si vous n’avez pas de quoi dormir. C’est encore une petite corruption interne, il y a un guichet pour acheter un ticket et si vous ne l’avez pas le gardien du camping viendra encaisser et se mettre les sous en poche, de cette manière tout est discutable aussi. Les hamacs sont très confortables et équipés d’une large moustiquaire (absolument nécessaire). Vraiment top! Les places sont limitées par contre, il faut arriver tôt. Il y a des sanitaires, pas d’eau chaude et pas d’ampoules n’oubliez pas votre lampe torche. Sur place il y a aussi quelques comedores, la nourriture y est sensiblement plus chère qu’ailleurs (en prenant le moins cher de la carte et deux boissons locales on a payé 120Q, plus du double que ce que l’on paie d’habitude le soir). Le gardien vous garde aussi vos affaires lorsque vous visitez le parc, il est sympa.

Notre guide archéologue s’appelle Jose Luis Morales, mesoamericaravel@yahoo.com, Tel 502-48818528, il est guatémaltèque et parle parfaitement anglais. Il est plus cher que les guides du parc mais il a fait des études et ses informations sur le parc, les animaux, les plantes médicinales et la culture sont vraiment bonnes. Il est vraiment spécial. Normalement il prend $20 par personne pour 3 bonnes heures de marche, il avait emmené gratuitement l’américaine la veille aussi et comme toujours, tout se discute, nous avons payé 146Q pour deux, soit 17€.

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