Copán Ruinas et la découverte du monde maya

Le 13 juillet après une journée dans les transports en commun depuis Santa Ana au Salvador nous arrivons à Copán Ruinas, une petite ville charmante et coloniale de 8000 habitants à l’ouest du Honduras proche de la frontière avec le Guatemala.
Pour ce voyage nous avons choisi de traverser plutôt le Salvador que le Honduras pour trois motifs. Le surf, la sécurité qui nous semblait meilleure au Salvador et enfin parce qu’il faut toujours choisir ! Nous ne regrettons pas ces 11 jours passés dans le petit pays voisin et si nous franchissons à nouveau cette frontière c’est pour visiter l’un des sanctuaires les plus importants de la civilisation maya.
Je tiens à préciser que nous avons été amenés à rencontrer un certain nombre de voyageurs avant et après cette étape qui ont baroudé au Honduras ou y partaient sans la moindre appréhension. C’est surtout la côte caribéenne qui attire les touristes avec les îles d’Utila et Roatán et apparemment là non plus en tant que touriste on ne voit pas de gangs.

Nous arrivons en fin d’après midi à Copán Ruinas (c’est le nom de la ville) et trouvons une petite chambre avec salle de bain propre et simple à l’hôtel Marjenny pour 300 Lempiras (presque 12€) que nous avions en tête grâce au blog aussi bien fait que pratique des foodumonde, un couple de français comme nous en voyage mais dans l’autre sens que nous prenons plaisir à suivre ces derniers temps. La piscine est un plus mais en ce moment sa couleur ne donne pas trop envie d’y plonger, dommage car il fait très chaud ! Par contre la sympathique terrasse avec hamacs sur le toit est un gros bonus !

Le soir, après un petit tour au centre vraiment charmant nous nous laissons tenter par une enseigne pas du tout locale mais très accueillante, j’ai envie de manger indien ! Le propriétaire est anglais et sympathique, un sens de l’humour et un style unique mais surtout son engagement dans la cause animale me touche. Il fait venir des “vétérinaires sans frontière” à qui il offre le logis une fois par an dans cette région qui n’en compte aucun et ils s’occupent de soigner les animaux et surtout stériliser les femelles, une initiative que nous trouvons géniale dans un pays pauvre qui n’a aucune considération pour les trop nombreux animaux “de compagnie”.
Le repas est délicieux mais pas donné, nous nous faisons plaisir et en euros en fait c’est correct, 21€ pour un repas raffiné avec boissons. Le cadre lui est vraiment sympa, un petit jardin avec des tonnelles et des bougies, on aime !

Le lendemain nous partons pour les ruines. Il faut marcher un bon kilomètre depuis le centre sur un plaisant chemin. Une fois sur place nous prenons conscience que nous sommes à nouveau dans un endroit très touristique et que cela faisait longtemps que nous n’y avions plus été confrontés (depuis Granada au Nicaragua peut être).
Nous arrivons apparemment en même temps qu’un gros groupe mais très vite comprenons que vu la taille du site cela n’a aucune importance. La plupart des visiteurs viennent en tour organisé et ne logent même pas sur place.
La nature est omniprésente et dès l’entrée du site même nous restons coi devant les très nombreux aras macao qui semblent nullement dérangés par nous. Quel spectacle ! L’espèce est préservée sur place, ils sont en complète liberté et semblent aussi heureux que nous.

Le spectacle continue sur le site protégé par l’Unesco de 324000km² qui dominait la région entre 250 et 900 après J.-C. Si la zone était déjà habitée au moins à partir de 1200 avant J.-C. Le premier roi venu dominer Copán et fondateur de la ville, K’inich Yax K’uk Mo’ semble être arrivé autour de 426 après J.-C. depuis la ville de Mexico (Teotihuacan) ou du Yucatán. Ensuite c’est le douzième roi “Jaguar de fumée” (Imix K’awiil) qui développe vraiment le commerce et l’armée entre 628 et 695. C’est pendant cette période que certains des plus beaux temples et monuments ont été construits. Sous le règne du treizième roi “18-Lapin” (Waxaklaajun Ub’aah K’awiil) et jusqu’en 738 l’artisanat et les sculptures florissent et l’énorme terrain de jeu de balle, le deuxième plus grand du monde maya est construit. Les stèles A, B, C, D, F, H, J et 4 sur la grande place sont des représentations magistrales de lui.
Le jeu de balle est un jeu répandu chez les indigènes mésoaméricains dès le second millénaire avant J.-C. Il a un usage hautement symbolique, en gros la lutte du bien contre le mal et les règles varient selon les villes. Elle se joue en équipe avec une balle en caoutchouc de 4 kilos qui doit rebondir sur les hanches ou les genoux mais pas les mains pour être renvoyée dans le camp de l’adversaire ou toucher un anneau. Généralement les perdants étaient sacrifiés (décapités).
Ensuite c’est le quatorzième roi “Singe de fumée” (K’ak’ Joplaj Chan K’awiil) qui grave encore son nom dans l’histoire glorieuse de Copán en commandant les constructions les plus célèbres dont l’escalier hiéroglyphique en 755. Cet escalier est aujourd’hui couvert, ce sont 63 marches entièrement gravées de 2200 glyphes et flanqués de sculptures sur quatre siècles d’histoire des rois de Copán. Il s’agit de la plus longue inscription en hiéroglyphes précolombienne d’Amérique. Impressionnant !
Le 16e et dernier roi de Copán, Yax Pasaj (763- 820) continue à construire et rénover. De son règne datent notamment l’autel G (les têtes de serpent imbriquées), la place ouest avec la magnifique et plus haute pyramide du site, le temple 16 et l’autel Q qui représente les 16 rois de Copán. En dessous on a retrouvé les ossements de 15 jaguars et plusieurs aras macaos.
A la fin du IXe siècle on estime le site peuplé à 28000 personnes mais ensuite c’est le déclin jusqu’à l’abandon de la vallée. L’une des raisons semble avoir été le surpeuplement ayant causé la raréfaction des ressources, on mourrait de faim à Copán à cette époque.

Comme les mochicas au Pérou, les mayas estiment les œuvres du passé et au lieu de les détruire ils construisent au dessus. C’est pourquoi on dénombre cinq phases de construction du site, la dernière et celle actuellement visible en surface datant de 650 à 820. Pour comprendre le tout il faut aller voir sous les bâtiments, ce que les archéologues continuent à faire en creusant des tunnels dont deux sont accessibles aux visiteurs (à l’achat d’un ticket supplémentaire, voir informations pratiques).

Beaucoup d’experts s’accordent à dire que la civilisation maya fut la plus brillante de l’Amérique pré-hispanique étendue sur une surface partant de la péninsule mexicaine du Yucatán à travers le Chiapas mexicain, le Guatemala, le Belize et une partie du Salvador et du Honduras. Ils atteignent des sommets en terme d’art, d’architecture, d’astronomie, astrologie et de mathématiques qui n’ont été surpassés par aucune autre civilisation pré-hispanique.
Politiquement ils sont divisés en plein de ville-états (ou royaumes) indépendants gouvernés par un roi faisant la guerre entre eux. Il n’y a pas de dynastie unique exerçant le pouvoir politique suprême comme chez les incas ou les aztèques. On estime qu’il y avait au moins 60 royaumes séparés d’importance différente. Copán était l’un des royaumes les plus puissants de toute la zone maya.

Les mayas développent une écriture complexe de hiéroglyphes et de phonétique avec entre 300 et 500 symboles ainsi qu’un calendrier reportant et prévoyant les événements de la terre et du ciel. Des temples sont alignés pour l’observation du ciel, permettant aux mayas de prévoir les éclipses solaires et les mouvements de la Lune et de Vénus. Le temps est mesuré selon des semaines de 13 jours et des grands cycles de 1872000 jours. Ils croient que notre monde présent est juste une succession de mondes, la nature cyclique des choses permettant de prévoir l’avenir en observant le passé. En cela ils n’avaient pas complètement tort !
Vous vous souvenez l’affolement général à l’approche du 21 décembre 2012 à cause de la fin du calendrier maya, que beaucoup ont pris pour la fin du monde? C’était effectivement la fin d’un cycle du calendrier.

Pour gagner la faveurs des dieux ils avaient des rituels élaborés comprenant danses, fêtes, sacrifices humains et animaux, consommation de boissons alcoolisées et saignées (d’oreilles, langues ou pénis…ouille !). L’univers maya avait un centre et quatre directions chacune ayant sa couleur. Le centre était vert, l’est rouge, le nord blanc, l’ouest noir et le sud jaune. Le ciel comprenait 13 niveaux ou couches et l’infra-monde où allaient les morts en contenait 9. Chez les aztèques cette vision est également partagée.

Dans la seconde moitié du VIIIe siècle les conflits entre ville-états mayas ont augmenté et au début du Xe siècle les millions d’habitants du centre de la culture maya avaient quasiment disparus. On ne sait pas exactement pourquoi mais les guerres, des cataclysmes et l’épuisement des ressources autour des grandes villes ont décimé ces populations et la plupart des sites mayas ont été abandonnés, laissant très vite à la nature le soin de reprendre son espace. Un détail d’importance à notifier : les mayas ne connaissaient ni la roue, ni la domestication animale ni l’usage des outils en métal pour la construction. Il faut donc s’imaginer que toutes ces stèles et pyramides ont été portées par des hommes. Un exploit !

Après s’être promenés sur tout le site nous visitons aussi le musée des sculptures. Si d’autres sites mayas sont célèbres pour leur architecture c’est la sculpture qui rend Copán unique. On y rentre par la bouche d’un serpent et on évolue dans les entrailles sombres de la bête jusqu’à déboucher sur une vision à couper le souffle : une salle démesurée et dominée par le majestueux temple de Rosalila reconstruit à l’identique qui se trouve sous la structure 16 de l’acropole. Le temple date de 571 sous le règne du dixième roi “Jaguar de Lune”.
C’est là qu’on se rend compte qu’effectivement tout était peint, il faut s’imaginer toutes ces constructions en couleur rouge-sang et ornementées de bleu et jaune même s’il n’en reste plus rien. Au moins ce temple donne une fabuleuse impression. Les pièces les plus importantes que l’on trouve sur le site sont des reproductions dont les originaux nous apparaissent dans toute leur splendeur dans ce musée.
Après ce musée nous retournons en ville et visitons le petit musée maya du centre qui ne parvient plus à nous marquer après les splendeurs de la journée.
Lorsque nous avons fini en fin d’après-midi nos jambes sont fatiguées, beaucoup d’émotions pour cette journée !

Le lendemain nous décidons déjà de partir pour Antigua au Guatemala. Encore une fois nous savons que la route va être très longue mais nous ne prenons pas le transport privé qui nous semble trop cher à $25. Il faut retourner à la frontière puis prendre un premier bus pour Chiquimula, un autre pour Guatemala capitale et enfin un pour Antigua.

C’est ainsi que nous repartons du Honduras avec tout juste 4 jours passés en tout. C’est un peu difficile de faire des statistiques avec si peu de temps dont une nuit gratuite chez l’habitant, néanmoins pour le fun, le Honduras nous aura coûté 43€ par jour.

Informations pratiques :
Pour rentrer au Honduras il faut payer une taxe touriste de US$3 et rien pour sortir. Lors de notre passage au sud du pays nous l’avions payée en dollars et même si elle est valide pour 30 jours le douanier voulait qu’on la paye à nouveau mais en Lempira (monnaie locale). On reçoit un reçu tout à fait officiel. Il n’y a aucune taxe à payer pour entrer ou sortir par voie terrestre du Guatemala ni pour l’entrée ou la sortie du Salvador. Par contre, à notre plus grande surprise, nous ne recevons pas non plus de tampon d’entrée ou sortie du Salvador, aucune preuve dans notre passeport que nous y étions ! Cette surprise nous l’avons déjà eue à la sortie du Nicaragua où nous n’avons pas non plus été « tamponnés ». Dommage.

Les ruines de Copán coûtent $15 et le ticket inclue également l’accès au site “Las Sepulturas” non loin, moins fréquenté mais non moins impressionnant. Pour visiter les tunnels il faut payer le double. Ils sont petits et après avoir lu le guide il nous a semblé que cela ne valait pas trop la peine. Par contre le musée du site est grandiose. Il faut payer $7 l’entrée mais on y trouve un nombre incalculable de sculptures du site ainsi qu’une reconstitution en taille réelle du temple Rosalila qui se trouve dans l’un des tunnels. Le musée maya de la ville n’est pas génial par contre, certes il coûte seulement 2,5€ mais il apporte à notre sens bien peu. En une demi heure on a largement le temps d’en faire le tour et le calendrier maya n’est abordé qu’à l’entrée où, il me semble, on peut même entrer gratuitement.

Il y a un mini bus pour la frontière qui part toutes les demi-heures depuis le terminal de Copán Ruinas et coûte 20 Lempiras. On les trouve directement derrière la frontière. Ensuite il y a des mini bus pour Chiquimula également toutes les demi heures pour 25 Quetzals. Par contre à Guatemala ville c’est une vrai galère pour changer de terminal pour Antigua ! Mieux vaut prendre un taxi pour gagner du temps.

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