Jardín

Jardín sort tout droit d’un livre d’images. La place centrale, les rues à angle droit, tout est décoré de façades aux couleurs vives. La température est agréable même si aujourd’hui il fait apparemment chaud. On peut vite comprendre pourquoi Raphaël et Rebecca ont voulu s’arrêter ici. Nous en oublions vite l’affreux trajet de bus « grand huit » depuis Medellín en ce 21 avril.

Depuis notre chambre nous n’avons pas à marcher loin pour être au bord d’une petite rivière avec petite piscine et plongeoir naturel. Après ce rafraîchissement de bienvenue nous partons avec le propriétaire du logement de Raphaël et Rebecca dans sa plantation de café et de bananes.
Il nous amène d’abord à la coopérative “De los Andes” des caféiers de Jardín (35000 hectares) et ensuite à un autre voisine de propriété américaine. A la première tout le café apporté par les 400 planteurs de Jardín qui répond aux standards de qualité part pour Nespresso en Suisse (une vidéo de 3 minutes et une fiche explicative sur leur programme d’aide). J’aimerais bien savoir de quel capsule il s’agit au final !

La Colombie produit exclusivement du café Arabica et en est le deuxième producteur et exportateur mondial derrière le Brésil avec 750 million de kilos produits (2014). Si l’on parle de café, c’est le Vietnam le deuxième producteur mondial mais il ne produit que du Robusta. En ce qui concerne ces deux espèces les plus répandues, le Robusta est moins cher à produire (plus robuste que l’arabica qui est plus sensible aux maladies entre autre), a de bien meilleurs rendements, contient plus de caféine, est plus amer, corsé mais est considéré comme de moins bonne qualité et complexité aromatique. Il est généralement mélangé à l’Arabica pour en augmenter le volume et est aussi largement utilisé dans les préparations de café instantané pour la mousse caractéristique qu’il provoque. L’Arabica est le café “noble”, plu doux, il représente 70% de la production mondiale.

L’écart en bourse (l’un est côté à Londres et l’autre à New York) est aujourd’hui bien moins important qu’il l’était: le cours de l’arabica s’est effondré et a perdu la moitié de sa valeur à cause de récoltes décevantes en Colombie, un terroir compliqué et une production de moins bonne qualité en très grande abondance au Brésil. Le café du pauvre lui a su conquérir un marché européen près de ses sous qui s’est adapté au café plus corsé et les vietnamiens sachant faire des rétentions au bon moment, encouragés par une météo plus favorable (le Robusta pousse sous un climat tropical et humide alors que l’Arabica aime la fraîcheur mais pas trop), rendent leur produit plus rare. Tout ceci n’est pas très bon signe pour la Colombie tout de même.

Après nous allons visiter la plantation de notre hôte (en majorité des plans de la variété « Castillo », développée depuis 2005 pour sa résistance à la rouille du caféier, la plaie des producteurs), voisine d’une ancienne fabrique de panela (le sucre non raffiné de la canne qui est consommé en Colombie) et une plantation de fruits de la passion. Nous apprenons tout le procédé de la production, de l’entretien des plans à la récolte tous les 20 jours des baies mures en plus de la récolte principale en avril/mai, de l’extraction du grain, rinçage, séchage, selon niveau de qualité (la meilleure qualité c’est un grain d’un certain poids, d’une certaine taille et sans défaut) pour ensuite être décortiqué, mis en sac et envoyés à la coopérative. Tous les grains qui ne sont pas de bonne qualité sont pour le marché national. Les grains sont envoyés séchés mais pas torréfiés. Une plante produit 1kg de café sec par an. Lorsqu’il sera torréfié il perdra encore du poids : des 12 kilos enfournés il en ressort 9,9kg pour une torréfaction moyenne (206 à 209 degrés).

Il faut savoir que plus la torréfaction est longue, plus le grain est noir et développe une certaine amertume (appréciée des italiens d’ailleurs).
Nous visitons le laboratoire de la coopérative américaine et la coopérative locale pour en apprendre davantage sur les défauts du café et l’impact de la torréfaction. C’est vraiment intéressant !

Pour les prix, le bon café export est vendu 6000 pesos le kilo, le café moyen (sans défauts mais de taille insuffisante) 3000 pesos le kilo et enfin le vilain café avec défauts 1600 pesos le kilo (1€ = 3400 pesos en avril 2016).

Le jour suivant nous allons nous balader du côté de bassins d’élevage de truites que nous dégustons pour midi. Nous passons une journée agréable. Ronny achète du café, je m’achète un chapeau et Tobi s’offre une consultation chez le médecin. Le diagnostique du jeune et gentil docteur : des parasites ! Une semaine de traitement.

Samedi nous disons au revoir à Raphaël et Rebecca une fois de plus. Ils sont sur la fin de leur tour du monde. Elle retourne dans deux semaines en Allemagne et pour lui, un passage par Cuba et Pittsburg aux USA et il sera aussi de retour à Karlsruhe où ils veulent s’installer.
Nous nous y reverrons sûrement !
Quant à nous, il faut d’abord repasser par Medellín avant de reprendre un bus de nuit pour Carthagène.

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