En cargo de Buenaventura à Nuquí

Il n’y a pas pour nous de nom plus approprié que „Buenaventura“ pour qualifier notre voyage en bateau d’ici sur côte pacifique: en deux mots „bonne aventure“.
Pour les locaux c’est une autre histoire, ils se seraient sûrement choisi une autre aventure que celle de vivre ici. A certains endroits la ville fait l’impression d’être pauvre et à l’abandon, pas un endroit pour traîner davantage. Nous nous concentrons sur le plus important: nous déjeunons, faisons des provisions et retirons de l’argent puisque c’est le dernier endroit pour s’en procurer.

Vers 16 heures nous sommes sur le quai tous les quatre, Tobi, Ronny, Hagge notre nouveau copain de San Cipriano et moi. Ce n’est pas le quai où nous avons fait connaissance avec le bateau mais un autre sur lequel sont stockées de grandes quantités de bois et duquel le Mediterranea peut partir.
Il ne semble pas que le bateau sera prêt à appareiller dans une heure! Les hommes déchargent des camionnettes et quand l’une est vide en arrive une autre.
Nous transportons des tas de choses: surtout des bouteilles de soda, de bière et d’eau, mais aussi des briques, des tôles, une embarcation, un touk-touk chargé dans un pick-up, des tas de cartons au contenu inconnu… assister au chargement de tout ce bazar pas du tout organisé est un vrai spectacle. On a vraiment l’impression que les gens se décident à la dernière minute d’envoyer leurs marchandises.
Nous ne nous étions de toutes façons pas attendus à partir à l’heure. Nous nous installons devant notre cabine, observons le personnel et buvons des bières bien fraîches.
Nous avons la visite des douaniers avec un chien qui fouillent tout, les marchandises, les valises, nous, rien à signaler et nous papotons avec eux comme si c’était des copains.
Lorsque le soleil se couche la chaleur commence un peu à tomber.
Vers 19 heures nous partons enfin et traversons le grand port de Buenaventura, le seul port de Colombie sur la côte Pacifique qui voit passer 60% de la marchandise légale du pays. La ville se situe sur une île encadrée par le port.

Le Pacifique fait ce soir honneur à son nom et est presque aussi tranquille qu’un lac. Pour autant on ne peut pas dire qu’on dorme bien: notre cabine se trouve collée au tube d’aération du moteur et c’est un véritable sauna. Je pense même que c’est mon lit qui est au plus proche. Je ne peux quasiment pas dormir en tout cas, je nage dans ma transpiration. Certains dorment dans la cabine, d’autres dans les hamacs installés sur le pont. Il y a dans chaque cabine 6 lits superposés.
Comme passagers nous sommes peut être 20 personnes. Il y a deux cuisiniers qui nous font de la cuisine riche trois fois par jour quant au personnel du Mediterranea tout le monde est très sympathique et curieux.

Lorsqu’enfin le jour se lève nous découvrons la côte sauvage recouverte d’une jungle verte épaisse. L’humidité est tellement épaisse que la visibilité est limitée à quelques kilomètres. Cependant pour l’une des régions les plus pluvieuses du monde nous n’avons pas vu beaucoup de pluie.
Vers midi notre navire fait son premier arrêt au niveau du hameau de Termales. Depuis la plage arrivent quelques barques à moteur pour prélever des marchandises.
Même un gros bateau de pêche vient échanger des crevettes contre des emballages de „crevettes congelées pêchées et emballées dans l’océan pacifique“.
Au final nous devons bien être immobilisés pendant deux heures. Il fait chaud, l’air est lourd et moite, on est bien contents que le capitaine nous autorise à sauter à l’eau.

En fin d’après midi nous atteignons Nuquí après 20 heures de voyage. Ce trajet nous aura coûté environ 35€ chacun mais c’était surtout une magnifique expérience que nous recommandons à 100 % pour qui a du temps.

L’arrivée à Nuqui est un peu le choc. Nous savions que nous n’allions pas y trouver grand-chose mais c’est encore plus pauvre et sale que nous l’avions imaginé, en plus d’une grosse présence militaire. Sur la plage, à la nuit tombée, un peu éloigné du centre, nous trouvons tout de même un logement sympa, le Nuquimar.

Le lendemain matin, fin prêts pour une balade et baignade nous nous rendons compte que la plage de Nuqui est couverte de poubelles aussi loin que l’on puisse voir. Dans une région en pleine nature aussi isolée et indomptée loin de la civilisation nous ne nous y étions pas attendus. Nous marchons plusieurs kilomètres sur la plage jusqu’à ce qu’il y ait moins de poubelles pour pouvoir nous baigner.
Le soir nous passons une autre de ces soirées sympa tous les quatre, à boire des canons, rigoler et jouer aux cartes. C’est agréable d’être entre copains et l’ambiance est bonne avec Ronny et Hagge!

Le lendemain, le 16 avril, nous rejoignons le Mediterranea. Le déchargement semble avancer bien mieux qu’hier, nous avons décidé de refaire une partie de la route ensemble jusqu’à la prochaine étape, Bahia Solano. C’est deux fois moins cher qu’un bateau rapide à moteur et nous avons le temps. Incroyable le manque d’effectivité de ces gens! Ils n’ont que faire de l’adage “time is money”!
A 11 heures c’est marée haute, il faut extraire le bateau de la lagune dans le village sinon il faudra attendre la prochaine marée. Le bateau sort donc contraint et nous observons les habitants de Nuqui en plein travail, les enfants qui se baignent dans la lagune dans laquelle ils jettent leurs ordures, les constructions temporaires sur pilotis qui abritent la petite population, les hommes qui déjà enquillent les bières alors que les femmes font leurs lessives dans des bassines, la musique (le vallenato, la musique nationale d’origine de la côte caribéenne) à plein volume… au revoir Nuquí.

Après avoir attendu deux heures dans le « port » nous attendons Enrique pendant trois heures au large. Apparemment payer le personnel n’est pas chose simple.
Le chemin jusque Bahia Solano dure encore 5 heures ce qui nous fait arriver à la nuit… et sous la pluie. C’est le rythme normal des transports par bateau ici. Celui qui veut aller plus vite devrait dans tous les cas prendre sur place un bateau à moteur.

  4 comments for “En cargo de Buenaventura à Nuquí

  1. Moni
    23. mai 2016 at 19:03

    Merci!!!! Le serpent regarde comme une tujau d’arrosage!
    Danke! Wie ein Gartenschlauch sieht eure Wasserschlange aus :-). Gibt man Nuqui in die Suchmaschine ein, so erscheinen nur kurze Berichte ‘von einem der letzten Paradiese’ – ohne Müll.

  2. 18. juin 2016 at 5:26

    Hola
    Cool votre trip
    On veut passer par la aussi pour rejoindre le Panamá. Combien avez vous paye au total de Buenaventura jusqu a Bahía Solano?
    Autre question, votre passage de frontiere par Necocli s est bien passe? Les medias disent que la frontiere y est fermee parce qu il y a beaucoup de migrants ilegaux qui y Sont entasses.
    Merci pour votre reponse

    • Elodie & Tobi
      18. juin 2016 at 16:56

      Hello Guilhem, merci pour ton post! Quel voyage vous faites WOW!

      Le bateau d’Enrique appelé le Mediterranea (impossible de remettre la main sur son numéro mais appele la capitainerie de Buenaventura ou l’un des numéros du lonely planet et ils te le donneront, tout le monde se connaît là-bas) nous a coûté 120000 pesos colombianos (par personne) jusqu’à Nuqui (35€). Peut-être qu’en donnant un coup de main (charge et décharge, cuisine…?) vous pouvez payer encore moins, on a pas essayé!

      De Nuqui à Bahia Solano on a payé 30000 pesos et c’est le moins qu’on puisse payer là-bas: les premiers bateaux rapides se négocient à 50000 mais bon, si comme nous vous avez le temps c’est pas un souci.
      C’est peut être une bonne idée de passer la frontière depuis Jaqué, nous n’avons aucun renseignement puisque nous avons repris un vol à Medellín. Il semble que le guide parlait de US$100 pour ce passage, c’est donc plus cher que l’avion mais plus enrichissant!

      Le passage Necoclí-Capurgana-Puerto Obaldia-Cartí-Panamá s’est très bien passé, on va pas tarder à le poster sur le blog. La frontière a été fermée pour les cubains le jour de notre départ et c’était en pleine effervescence pour faire sortir tout le monde. Une expérience humaine très enrichissante! Le plus difficile c’est de partir en avion mais en barque pas de soucis il en sort tous les jours.
      Puerto Obaldia n’est pas à endroit pour trainer tout de même, mais aucun souci d’insécurité (plus d’insalubrité) et vous passeriez probablement sans encombres avec vos passeports de touristes (pensez tout de même à un justificatif de sortie du territoire panaméen et du minimum de revenu à avoir, ils sont très sévères au contrôle etnos sacs sont passés au peigne fin).
      Le voyage était quand même couteux: Necoclí-Capurgana (60000 pp), Capurgana-Puerto Obaldia (90000 pour la barque privée mais il y a des barques publiques moins chères, on a pas eu le temps de l’attendre), Puerto Obaldia-Cartí (US$100 pp le plus bas qu’on puisse payer c’est 90, le prix pour les indigènes Kuna).

      Si tu as d’autres questions n’hésite pas, au plaisir!!

      Elo et Tobi

      • 25. juin 2016 at 16:52

        Merci pour les renseignements
        On continue a vous suivre
        On est a Quito pour un mois ou on va mettre a jour le blog, Surinam, Guyane anglaise, Venezuela, Colombia
        A une prochaine
        Abrazo

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