Lobitos

En fin d’après-midi le 10 mars nous arrivons à Piura après trois heures de bus depuis Lambayeque : nous y sommes montés en transpiration à 14 heures, sommes assis tout devant sur les places panoramiques où le soleil tapait et avons fini par nous réfugier à l’arrière où le choc de température m’a fait attraper froid (mais ça, je ne le sais pas encore).

A Piura il faut prendre un autre bus pour Talara. Nous hélons un taxi qui fait un détour par la poste centrale (nous nous baladons depuis Lima avec des cartes postales que nous n’arrivons pas à poster!) et nous dépose à un terminal où de peu nous ratons le bus.

Le prochain part une demi heure plus tard, Tobi peut à peine y passer ses jambes, il n’y a aucun air (les gens ont froid, les fenêtres sont fermées), le chauffeur estime qu’il est l’heure de dormir et éteint les lumières et le cauchemar dure encore trois heures. Quand nous arrivons à 21 heures il n’y a plus de bus alors nous nous laissons convaincre par un touk-touk ou communément appelé moto-taxi de nous déposer à Lobitos, un petit hameau à une demi-heure de route… Nous nous préparons à un voyage inconfortable mais ne savons pas encore que c’est une vraie aventure qui nous attend.

Le Touk-touk vrombit, nous transporte le long de routes glauques et crades et nous espérons que cette dure journée aura un Happy End. Le touk-touk sort de la vilaine ville et avance dans le noir complet, sur une piste, passe des torrents d’eau (vite on remonte les sacs), s’ensable (et nous poussons tous ensemble), ah qu’est-ce qu’on rigole !

On arrive enfin et après deux essais infructueux (pleins et hors de prix) nous tombons grâce à notre chauffeur dans un hostel pas cher du tout, le Natural Surf Hostel, chez un péruvien sympa qui nous prépare même une collation pour remplir nos estomacs creux (dans l’histoire nous n’avions pas eu le temps de manger). Ouf, tout est bien qui finit bien !

Le lendemain matin après un délicieux petit-déjeuner de combattant nous partons à la recherche d’une planche de surf, la bataille de chaque nouveau spot de surf. Tobi enrage d’avoir tant de mal à trouver des planches convenables, c’est chaque fois la même rengaine.
De nuit nous n’avons aucune idée de quoi a l’air ce village et nous le découvrons le lendemain. Le temps est radieux, autour de nous il n’y a que des maisonnettes et des petits puits de pétrole. Il semble que chacun en ait un dans son jardin et à l’horizon sur la mer on aperçoit aussi des dizaines de plate-formes.
Il émane de cet endroit sans charme une tranquillité qui nous apaise et que rien ne semble vouloir troubler, pas même les vagues qui sont résignées à ne pas trop se montrer aujourd’hui.

Sur la plage où nous explorons nous avons une visite amicale. Christian, un péruvien local, enjoué et sympathique propose des planches de surf et là, juste derrière, il nous fait même à manger si on le souhaite.
Nous finissons par nous poser chez lui, juste devant la plage et je paresse dans un hamac pendant que Tobi attend les vagues.
Tous les surfeurs du coin (et il y en a beaucoup puisque c’est le seul intérêt du tourisme ici) sont sur le même spot, « piscinas » que Tobi se refuse à rejoindre. Il préfère être seul dans l’eau même si les conditions ne sont pas les meilleures, et il est vraiment seul dans l’eau.

Pour midi Christian nous mijote un plat composé de poisson fraîchement pêché, du riz au gingembre, une purée maison au fromage, une salade citronnée et une limonade avec des citrons fraîchement pressés. Si j’en fais la description si précise c’est que cet instant inattendu nous comble autant de plaisir que de surprise, les rencontres tiennent si souvent à d’infimes détails.
Cet endroit n’est pas vraiment beau, la plage n’est ni jolie ni propre, la planche de surf n’est pas super, les vagues sont mauvaises, la petite baraque que Christian entretient pour son ami Fabio a l’avantage d’être au bord de l’eau et c’est tout, à part un hamac il n’y a aucun autre confort mais cet instant unique où nous déjeunons tous les trois sur cette petite table à peine quand Tobi sort de l’eau, où Christian nous raconte sa vie si atypique pour les occidentaux que nous sommes, nous en gardons un doux et délicieux souvenir.

Après une petite sieste Tobi retourne l’eau et je rentre à l’hostel. Je m’improvise chanteuse et musicienne pour enfants : la gérante, une jeune autrichienne, me demande si je peux jouer pour sa fille et ses petits amis. Je m’exécute avec joie. Il ne doit pas se passer grand-chose à Lobitos, je m’imagine la vie de ce gentil couple péruvien-autrichien avec leur petite fille. Ce ne serait pas pour moi je pense.

Le lendemain matin nous partons tôt pour l’Equateur. Nous sommes samedi et lundi nous avons notre premier rendez-vous du voyage : les parents de Tobi viennent nous visiter pour trois semaines. Nous sommes excités mais il nous reste encore de la route.

Après deux taxis collectifs (et le temps qu’il faut pour trouver la clientèle minimum nécessaire pour qu’il parte) nous faisons une pause à Mancora. C’est une autre ville connue pour le surf et le tourisme balnéaire. C’est plein à craquer, sale et cela ne nous fait pas bonne impression. Même le petit snack du midi en retrait nous laisse un goût amer et c’est encore en sueur que nous montons dans un bus qui passe juste là en nous disant qu’au moins ce sera plus confortable qu’un taxi collectif.
Autre erreur : Après 10 minutes le bus qui arrive de Lima (quelle distance!) puant, bouillant et plein de poubelles des voyageurs (c’est LE bus populaire qui traverse la moitié du pays pour même pas 15€) s’arrête à un contrôle de douane derrière 4 autres bus pleins. A côté les taxi collectifs ne sont pas arrêtés, ils peuvent avancer sans contrôle. Notre frustration est à son comble et un élan de mauvaise humeur manque même de nous causer d’autres soucis avec les douaniers inutiles (5 types autour d’un sac de fringues, on a pas fini!).
Contrôle fini, 45 minutes plus tard nous repartons et nous finissons par arriver à Tumbes.

A la sortie du bus nous sommes cueillis par deux types trop sympas qui veulent nous amener à la frontière en « colectivo ». Ok, bizarre sympathie mais bon, le prix est celui que Tobi connaît, ils sont speed on a pas trop le temps de réagir et nous nous retrouvons dans un taxi inofficiel (comme on en voit beaucoup) avec les deux types et le chauffeur… Là on commence à se demander quoi. Très vite on flaire une méga embrouille et je sens l’angoisse monter. Ils nous racontent des histoires super flippantes sur l’extrême dangerosité de la frontière, font croire que le poste de migration est fermé, se la jouent super héros de la sécurité et en gros veulent nous arnaquer. Tobi exige qu’on nous dépose sur le champ et le chauffeur sans doute moins mouillé que les deux autres n’hésite pas et nous délivre immédiatement. Nous avons beaucoup de chance que ces trois types n’aient été que des escrocs et nous rendons compte de l’impardonnable faute que nous venons de commettre en montant dans cette voiture. Comme toujours, les décisions précipitées n’apportent rien de bon.

Avec un mini bus nous arrivons sans la moindre embrouille et pour pas cher à la frontière, partageons avec un autre couple un taxi officiel équatorien super sur à 3 dollars pour le poste de migration ultra moderne et absolument pas glauque et obtenons en 5 minutes nos tampons de sortie et d’entrée.

Le paysage a changé comme si c’était lui qui décidait de la limite du pays, du désert nous sommes maintenant sous les tropiques et en Equateur nous respirons enfin. Les dernières semaines ont été chaudes !
Du côté équatorien à Huaquillas nous trouvons un bon repas, une douche rafraîchissante et un bus de nuit pour Quito.

Au revoir le Pérou !

  4 comments for “Lobitos

  1. Moni
    7. avril 2016 at 5:51

    Danke für die letzten Artikel aus Peru. Sind jetzt ganz gespannt auf die Ecuador Blogs, die wir ja selber miterleben dürften. Schön, dass ihr Internet habt und schon in der Stadt seid, wo ihr Ronni trefft. Gros bisous von MuH

  2. 8. avril 2016 at 15:15

    Liebe Elodie, lieber Tobi
    Nach einem Telefonat habe ich nun endlich begonnen, eure Reise zu verfolgen. Das ist jetzt eine schöne Beschäftigung in den nächsten Wochen. Ich bin total beeindruckt von eurem Abenteuer – auch wenn ich bisher nur die ersten 10 Tage gelesen habe. Dabei seid ihr ja schon 7 Monate unterwegs. Das sind so wahnsinnige Erlebnisse und Begegnungen, die für ein ganzes Leben reichen.
    Wir denken an euch und wünschen euch viel Glück
    Manni und Maria

  3. Matthias
    12. avril 2016 at 16:53

    Hola que tal,
    hallo Ihr beiden,
    das hört und liest sich bis jetzt ja wirklich alles supersensationell. Ich/wir komme/n mit dem Lesen gar nicht nach, ich weiß gar nicht, woher Ihr immer die Zeit nehmt und alles so ausführlich dokumentieren könnt – klasse Disziplin!
    Ähnliche Eindrücke hatten wir auch (aber eben “leider nur” in Ecuador/Peru/Bolivien, wir haben noch einigen Nachholbedarf :-).
    Eure Reise wird Euch ewig im Gedächtnis bleiben, ein Höhepunkt nach dem anderen (dazu gehören leider auch der Verlust einer Kamera oder Euer “Colectivo-Abenteuer” an der peruanisch-ecuadorianischen Grenze…)
    Bleibt Ihr lange in Quito, braucht Ihr noch eine Unterkunft mit Familienanschluss? Gebt einfach Bescheid.
    Bleibt gesund und sammelt noch viele tolle Impressionen.
    Que siempre tengáis buen humor, que siempre vayáis bien y siempre paséis dias estupendos.

    Liebe Grüße
    Matthias und Annette

  4. Alwine
    18. avril 2016 at 15:25

    Hallo Ihr beiden,
    bin gespannt, wie es jetzt weitergeht. Einiges habe ich ja schon von Helmut und Monika erfahren.
    Alles Gute
    Alwine

Comments are closed.

Top