Le lac Titicaca: Puno et les îles d’Uros

Le 20 février nous prenons à 10 heures du matin un bateau de retour de la Isla del Sol pour Copacabana et de là un bus direction Puno au Pérou.
Le choix de prendre un bus était une erreur, pas seulement à cause d’un incident avec le personnel de la compagnie TOUR PERU (voir « informations pratiques » de l’article précédent) mais parce que 3 (ou 4 ?) gros bus pleins partant en même temps arrivent aussi en même temps à la frontière et que la file d’attente en plein soleil est longue, très longue.
En prenant un mini bus ou taxi collectif nous aurions gagné plus d’une heure. La frontière se trouve déjà à 15 minutes de Copacabana. Après, il reste une heure et demi de route.

Dès le passage de la frontière je suis étonnée et amusée par les moto-taxis, les touk-touk que je ne connais que de récits thaïlandais. Et oui, dans toutes les petites et moyennes villes du Pérou ces motos équipées pour transporter 2 à 3 passagers sont omniprésentes. Elles prennent parfois plus de place que les voitures, sont très bruyantes, il y en a de tout type et un chauffeur de taxi énervé les comparait à un virus dont on ne peut plus freiner l’expansion.

Puno, une ville de 120000 habitants sur le côté péruvien du lac Titicaca (pour plus d’informations sur le lac, lire l’article précédent sur le côté bolivien), nous fait tout de suite une bonne impression. Il y a une infrastructure pour le tourisme mais pas non plus trop de touristes. Dans les restaurants nous pouvons pour quelques soles déguster de délicieux menus incluant un Pisco Sour (le cocktail national à base de pisco, eau de vie de raisins, et de blanc d’œuf et de citron) et remarquons rapidement pourquoi le Pérou est si réputé pour sa gastronomie. C’est un premier grand changement avec la Bolivie où, il faut le reconnaître, nous avons plutôt mal mangé.
Notre hôtel est même moins cher que nos logements en Bolivie alors que les péruviens comme notre chauffeur de taxi estiment que la Bolivie est moins chère.
Du même chauffeur de taxi nous entendons le soutien pour le président bolivien Evo Morales, un personnage qui manquerait au Pérou, pays qui serait vendu aux multinationales.
Aujourd’hui a lieu en Bolivie le référendum qui pourrait permettre à Evo de faire un quatrième mandat présidentiel (de cinq ans) et pour cela faire modifier la constitution une deuxième fois. Malheureusement pour lui, le peuple n’a pas accédé à son souhait.

Le lendemain de notre arrivée nous visitons les îles d’Uros, des îles flottantes construites avec des roseaux. A l’origine le peuple des Uros aujourd’hui éteint a voulu s’éloigner du pouvoir pénétrant des Collas et des Incas qui s’appliquait sur toute personne habitant les terres. En allant sur l’eau ils s’affranchissaient de la main-mise.
C’est une curieuse idée et c’est sûrement unique au monde. Nous savons aussi que c’est très commercial, très touristique et partons en connaissance de cause.
Partout dans la rue on veut nous vendre des tours mais ce n’est pas nécessaire. En allant sur le quai on peut monter dans le prochain « shuttle » qui part une fois qu’il a assez de touristes pour 10 soles l’aller-retour (à peu près 2,50€). En plus il faut payer un droit d’entrée de 5 soles. Mais cela ne s’arrête pas là.

Pour fabriquer les îles on a besoin de cubes de terre et des racines de ces roseaux appelés Totora. Il faut plonger pour aller les découper mais ici la profondeur du lac n’est que de 12 mètres. Ces blocs de terre une fois coupés flottent. On y plante un bâton et c’est la base de l’île, on les dispose les uns à côté des autres et dessus on dispose habilement des roseaux fraîchement coupés sur plusieurs couches. Il faut renouveler sans cesse les roseaux, tous les 7-8 jours on remet une couche de roseaux frais parce que, logiquement, ils pourrissent et s’enfoncent. Ces mêmes roseaux servent pour les embarcations traditionnelles. Pour cela il faut par contre les faire sécher.
Les îles sont ancrées et également tenues entre elles. Elles ont 3,50 mètres d’épaisseur.
Il est cependant assez difficile de croire que les gens qui nous reçoivent sont authentiques et si vraiment ils y vivent. On sait que beaucoup vivent en fait à Puno et viennent jouer leur rôle seulement pour les touristes. Au final j’ai lu quelque part qu’il n’y a plus qu’une centaine de personnes qui vivent vraiment sur leurs îles et vivent du troc de la pêche et de l’artisanat abondant (de très belles broderies ainsi que des produits dérivés du roseau).
Bizarrement personne ne nous dit que les Uros n’existent plus, que tous les habitants sont des Aymaras avec qui les Uros, un peuple plus ancien que les autres, à la peau plus foncée dont les origines seraient de Polynésie ou d’Amazonie… se sont mélangés et dont ils ont adopté la langue et que les îles ont même pendant un temps été abandonnées. Cela, nous l’apprenons sur Wikipedia.

Lorsque nous arrivons nous sommes invités à nous asseoir en demi cercle autour de l’habitante d’un petit îlot qui joue le jeu de l’authenticité et nous explique sommairement comment les îles sont construites et répète mécaniquement un speech appris par cœur. Elle dit qu’il y a 87 îlots, qu’il ne faut pas croire qu’elle reçoit tous les touristes, que le tourisme est organisé par roulement pour chacun puisse en profiter et donc aujourd’hui, c’est chez elle que ça tombe. Il y a 4 familles sur cet îlot minuscule.
Après son discours de 10 minutes où nous ne pouvons pas poser de questions on divise le petit groupe que nous sommes en 4 et chacun part dans une petite case chez l’habitante. Elle dit que c’est là qu’elle dort. On voit qu’elle est raccordée à l’électricité (solaire), elle a même une vieille télévision. C’est petit et si c’est juste un rôle qu’elle remplit c’est bien fait, on peut vraiment s’imaginer que c’est chez elle même si on a du mal à croire qu’elle y habite depuis 20 ans, son âge. Son petit garçon gambade autour.
Lorsque nous sommes entrés et assis sur son lit elle répète le même discours que la première femme, puis sort tout son attirail et insiste pour qu’on achète quelque chose. Lorsque Tobi pose une question (on en a tellement!) on s’entend répondre « pose pas de question, achète moi quelque chose ». On est choqués.
A peine ressortis elle se fait encore plus insistante, il FAUT acheter quelque chose c’est OBLIGATOIRE. Il y a de belles choses mais c’est hors de prix, et puis il y a plein de babioles qui sont très clairement importées de Chine, pas que de l’artisanat local ! Bon, il faut préciser qu’ici ils vivent du troc et que beaucoup des objets revendus ici ont été troqués contre des truites ou de l’artisanat de Totora. Un autre touriste nous encourage à acheter alors bon OK on lui prend une babiole. Plus tard à Puno on remarque les même objets minimum à la moitié du prix de l’île. Ce n’est pas non plus une histoire d’argent, ne pensez pas qu’on soit des radins, mais être forcé à rentrer dans ce système commercial et acheter des trucs chers et inutiles ça fait râler.

Après, on nous propose de faire une balade sur un bateau authentique, tellement authentique qu’il est poussé par une barque à moteur. La balade est optionnelle-obligatoire (nouveau mot) et coûte 8 soles par personnes, ou 10 soles si on vérifie pas la monnaie rendue.
Une fois à bord donc une gamine s’occupe de manœuvrer sa barque de derrière et deux enfants chantent des chansons (enfin, si c’est du chant?). Après 3 chansons ils font la quête bien sur. Heureusement nous avons des bonbons. Nous refusons de donner de l’argent aux enfants et distribuons toujours des bonbons.
Le bateau est joli il faut le reconnaître, mais tout ceci est grotesque.
Nous sommes déposés juste en face sur une autre île à touristes qui contient un restaurant et là on nous insiste à manger. Au milieu de l’île il y a l’élevage des truites « naturelles et bio ». Personnellement quand je vois la poubelle derrière le dernier bâtiment (ben oui, ici aussi c’est des cochons) et que je me renseigne sur le fait que non, toutes les îles ne sont pas équipées de WC chimiques, je ne pense pas que ce soit très recommandable d’en manger.
Nous buvons une bière en attendant impatiemment le moment de repartir.
A l’origine je pensais que ce tour « been there, done that » serait insuffisant et avait demandé si nous pouvions rester plus longtemps et prendre un autre bateau pour rentrer (notre shuttle a traversé derrière nous et nous ramène) mais non, vraiment, on est pressés de rentrer.
Au final nous sommes contents de l’avoir vu, la sensation de marcher sur cette structure poreuse qui s’enfonce, voir l’île bouger au rythme des vaguelettes provoquées par les bateaux, c’est vraiment quelque chose à ne pas rater. Pour le reste, il faut fermer les yeux. Heureusement ce n’est pas si cher !

Je pense que pour avoir une expérience authentique il faut dormir une nuit dans une famille qui propose le logement. Il y en a plusieurs qui offrent des « paquets » avec logement, repas et activités typiques (la pêche, la confection de l’artisanat, l’entretien de l’île…). C’est cher et après avoir longtemps fait des recherches et lu des commentaires il n’est pas garanti que l’expérience soit si enrichissante.
L’excursion typique d’une journée consiste normalement en une visite des îles d’Uros pour ensuite aller sur l’île d’Amantaní ou celle de Taquile. Là aussi nous avons hésité parce que l’île de Taquile est sûrement aussi fascinante que la Isla del Sol.

Le dernier soir avant de repartir nous allons manger dans un restaurant qui propose un menu touristique comme tous les autres et nous avons la surprise d’assister à un magnifique concert aux sonorités locales avec de la danse folklorique. C’est délicieux, pas cher et inoubliable, chez Ekeko.

 

Le 22 février après une bonne dernière nuit de sommeil nous partons avec la meilleure compagnie de bus du pays (mais aussi la plus chère) pour la capitale de l’empire Inca et sûrement aujourd’hui la ville la plus touristique du Pérou, Cusco.

 

  1 comment for “Le lac Titicaca: Puno et les îles d’Uros

  1. Britta
    20. mars 2016 at 14:00

    Obwohl die Islas de los Uros seht touristich sind, hätten wir sie während unseres Aufenthaltes in Peru auch gerne gesehen. Bin mal gesoannt, wie Euch Cusco gefallen wird.

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