Le lac Titicaca: Copacabana et la Isla del Sol

Le 17 février après la visite du sommet du volcan Chacaltaya à La Paz nous prenons un mini bus pour Copacabana, sur le côté bolivien du lac Titicaca.
Comme toujours la règle c’est que seulement une fois que le véhicule est plein il part. Souvent il faut attendre un moment avant qu’il y ait assez de voyageurs mais cette fois c’est relativement rapide.
Nous sommes tous les deux devant à côté du chauffeur mais la vue panoramique n’a pas que des avantages : lorsqu’il prend des risques on est encore plus stressés !

Il nous faut au moins 3 heures pour arriver à Copacabana, ce n’est pas si loin (150km) mais déjà il faut une heure pour sortir de la métropole (il faut remonter à El Alto sur l’altiplano pour ensuite prendre la direction du lac) et il faut aussi traverser le lac en bateau taxi au détroit de Tiquina pendant que notre mini bus monte avec toutes nos affaires sur une barque de fortune.
La dernière heure nous sommes émerveillés par les vues sur ce lac légendaire, le plus grand des lacs de haute altitude (nous sommes à 3800 mètres) que, d’une certaine manière, nous pensions déjà connaître.

Cette même émotion qui nous traverse dans certaines étapes parce que nous nous y sommes préparés psychologiquement, je la ressens à nouveau lorsque nous apercevons Copacabana au loin, nichée entre deux collines. La lumière semble même avoir spécialement préparé son coup pour nous en mettre plein la vue, qu’est-ce que c’est beau !
Pour les photos qui accompagnent cet article nous avons eu tout le mal du monde à faire la sélection ! Nous pensons qu’elles font partie des plus belles de notre voyage.

Copacabana, petite ville de 55000 habitants, est bien plus touristique que nous nous étions imaginé et pourtant elle nous plaît. Heureusement c’est la basse saison, les rues sont étrangement vides face au réceptif hôtelier démentiel qui s’offre à nous, nous n’avons que l’embarras du choix.

Depuis le point de vue du Cerro Calvario (qui porte bien son nom de calvaire, le chemin de croix disposé au gré de la montée, où chaque marche en pierre semble avoir une hauteur différente et serpente inlassablement, doit sûrement en être le responsable) nous nous rendons compte de sa taille et de sa beauté ainsi que celles du lac et même si c’est dur on est contents d’y être allés.
Nous y observons aussi les rituels de bénédiction réalisés par les sorciers qui invoquent divers dieux pour accomplir nos souhaits les plus chers.

A Copacabana nous remarquons spécialement l’habilité des espagnols lors de la colonisation pour transformer un peuple polythéiste et adorateur de sa Pachamama, la Terre-Mère, en fervents catholiques. Si les coutumes ancestrales restent intégrées dans la vie des boliviens, le Christ est pour eux omniprésent. A l’origine le lac de Titicaca est un endroit sacré des cultures andines et spécialement inca puisque « le soleil y a même pris naissance », laissant la zone pleine de temples et de ruines inca.

La basilique Notre Dame de Copacabana du XVIIe est énorme et sûrement due à la sculpture de la vierge qui y est honorée est aussi la « Reine de la Nation ». C’est un sanctuaire religieux, lieu de pérégrinations mais aussi de bénédiction [pas très catholiques] de véhicules.
L’image a la réputation d’être source de miracles mais nous n’avons pas pu la voir. Non seulement les photos dans la basilique sont interdites, mais la vierge pourtant située derrière l’autel en hauteur et impossible d’accès est cachée de la vue du public derrière un tissus, merci l’archevêché ! Tellement de gens qui viennent de loin pour la voir, je suis outrée qu’elle soit réservée au VIP ! Bref, tant pis, on s’en fiche !

Ce qui nous amuse c’est cette bénédiction de voitures juste devant la basilique à laquelle nous assistons, où les véhicules sont décorés et arrosés de papiers multicolores et de vin mousseux et où un prêtre (qui semble avoir loué son costume à la boutique de carnaval, jedisçajedisrien) prend sa tache très au sérieux.

A Copacabana nous ne restons pas bien longtemps, le lendemain de notre arrivée nous prenons un bateau pour l’île du Soleil, un centre spirituel inca.
L’île fait 70 km² et accueille une population d’à peu près 2500 personnes divisée en trois communautés.

On peut assez bien comprendre la fascination pour cet endroit lorsque nous arrivons, à grand peine, en haut de l’escalier Inca qui débute dès l’arrivée du bateau au sud à Yumani et nous fait hésiter à prendre la première pension du bas. Mais nous savons qu’il faut monter pour loger dans les hauteurs où la vue spectaculaire rend le calvaire utile. Néanmoins, nous ne choisissons pas non plus le dernier. Depuis notre terrasse nous admirons la côte du continent juste en face, l’île de la Lune et un panorama époustouflant d’immensité bleue qui ressemble plus à un océan qu’un lac où nous nous sentons si proche du ciel et du soleil comme les peuples andins aussi devaient en avoir l’impression. Le lac est vraiment enivrant, sa singularité, sa puissance, l’énergie qui se dégage de cette masse d’eau impressionnante (200 mètres de profondeur quand même, et 8400 km² de surface).

Il n’y a pas de route ni de véhicule motorisé sur l’île, elle se prête merveilleusement à la randonnée. Nous partons donc l’explorer.
Depuis notre logement au sud nous montons sur l’arrête et avançons toujours vers le nord en restant sur le sentier de l’ouest. Au nord se trouve la plupart des ruines incas de Chincana et les touristes.

Les ruines, ce sont une pierre sacrée d’où le soleil semble être né (il faut le savoir, elle n’est ni remarquable ni spectaculaire…), un lieu de pèlerinage qui date de la culture Tiwanaku et reprise par les incas, un lieu de sacrifices humains (la table cérémonielle), plus précisément des « vierges du soleil » ou mamaconas qui dès leur plus tendre jeunesse sont choisies et préparées à ce qui les attend sur l’île de la Lune, ainsi que des dédales de murs d’un sanctuaire, ou appelé en quechua labyrinthe de pierres qui est estimé avoir servi à la méditation et initiation des sacerdoces. Il y a bien plus encore, mais nous ne nous y attardons pas tellement. Nous sommes fascinés par les baies aux eaux turquoises et à cet horizon si pur, et par la tranquillité de l’île… enfin pas là, au nord…

Le circuit habituel des touristes est un bateau de Copacabana pour le nord, 1h30 de visites et retour. C’est vraiment trop peu !
Notre chance nous a à nouveau fait faire le bon choix, celui de commencer par le sentier le plus à l’ouest : la deuxième excursion la plus populaire est le bateau du matin qui dépose au nord et le retour en fin d’après-midi depuis le sud. Du coup le sentier que nous prenons le matin est vide (nous ne croisons qu’un seul autre couple) alors qu’il est très emprunté l’après-midi.
La route que nous prenons pour le retour nous amène sur le bord du lac, en bas (l’aller est tout le temps en haut, offrant des panoramas à couper le souffle) à travers de petits villages où nous nous rapprochons des locaux, beaucoup d’enfants (l’île est divisée en 3 zones, Cha’llapampa au nord, Cha’lla au centre/sud est et Yumani au sud, et il y a 3 écoles) et de gens qui travaillent (de l’agriculture, surtout des fèves et du quinoa, de l’élevage et de la construction).
Comme à l’aller nous ne croisons aucun touriste (à part dans les premiers villages du nord). Nous en profitons même pour nous baigner, pour pouvoir dire que oui, nous nous sommes baignés dans le lac (froid) Titicaca !

Nous arrivons pile poil pour le coucher de soleil que nous savourons avec un jus de fruit fraîchement pressé et nous rendons pour dîner à l’adresse que deux allemands (de Mainz!) nous ont conseillé la veille.
Si nous pensions que le ton était légèrement exagéré (le meilleur repas de leur vie!) nous nous accordons à dire que c’était de loin le meilleur restaurant de Bolivie, et peut être aussi le meilleur (ou l’un des meilleurs) de notre voyage !
L’ambiance y est magique, le restaurant s’appelle Las Velas (les bougies) parce qu’il n’y a pas l’électricité. Il faut trouver cette perle, perdue dans les bois à 10 minutes à pied du sentier et parfois indiquée par des petits panneaux. Quand on arrive on se demande même si c’est ouvert et si on peut manger, le chef gourmet (oui, un vrai qui a étudié la cuisine à La Paz et voyagé au Pérou) répond nonchalamment que ben oui, c’est un restau quoi ! On y mange des produits frais, préparés sur le moment et à la demande. De délicieux poissons en papillote (trucha et pejerey) accompagnés d’une quantité exagérée de légumes croustillants et de quinoa. Quel régal ! Les plats ne sont pas chers en plus ! Ce sont juste les boissons qui nous font exploser le budget. Nous nous disons que c’est pour fêter nos 8 ans ensemble avec avance, et puis que c’est une belle manière de dire au revoir à la Bolivie après 20 jours, un pays magnifique dans lequel nous n’avons pas eu assez de temps et que nous souhaitons revoir un jour.

Le lendemain nous prenons à 10 heures un bateau de retour pour Copacabana et de là un bus direction Puno au Pérou.

Informations pratiques :

Ne ratez pas le restaurant Las Velas si vous êtes au sud de l’île. Depuis le restau vous pouvez observer le coucher de soleil et si le budget est serré prenez un thé pour accompagner votre plat c’est moins cher. Les plats coûtent autour de 45-50 bolivianos et ils les valent.

A Copacabana nous avons dormi à l’hostal Leyenda. Notre chambre était immense, très joliment décorée, le lit confortable et la vue magique. C’est plus cher que le guide l’annonçait mais une fois que vous verrez la chambre (celles qui sont au bout des couloirs) vous ne pourrez pas non plus repartir. si votre budget est moins serré n’hésitez pas!

Dès votre arrivée à la descente du bateau il faudra payer le droit d’entrée. Si comme nous vous voulez faire le tour de l’île à pied, à chaque entrée dans une communauté il faudra repayer. En tout ce sont 30 bolivianos. Cet argent aide la communauté, c’est officiel et légitime. En plus on est sensé payer les ruines au nord (10 bolivianos) mais au moment où nous y étions personne ne nous a demandé quoi que ce soit et nous n’avons vu aucune « boleteria ».

Pour aller de Copacabana à Puno il y a l’embarras du choix niveau transport. L’expérience qu’on en a faite est qu’il est mieux de prendre un mini bus jusqu’à la frontière (15 minutes de route) et ensuite un autre mini bus. Le problème des gros bus c’est qu’ils partent TOUS à la même heure et arrivent TOUS en même temps à la frontière. Nous étions dans le 3e et avons attendu plus d’une heure dans la queue au soleil pour obtenir le tampon de sortie de Bolivie et d’entrée au Pérou. En mini bus, les formalités ne prennent pas 5 minutes.

Si vous souhaitez opter tout de même pour le bus, nettement plus reposant, nous vous déconseillons la compagnie TOUR PERU pour avoir été traités comme des chiens péruviens (notez la nuance) alors que nous tentions de résoudre notre problème (mon fauteuil était cassé, nous voulions déjà avant le départ du bus récupérer un sac à dos pour le mettre derrière afin qu’il tienne et avons dû le chercher nous même une heure plus tard dans la soute à bagages sous les yeux dédaigneux du chauffeur et son acolyte. Tellement de méchanceté gratuite (les types grignotaient et fumaient leur clope, ils n’étaient pas débordés, ils avaient juste la flemme) nous n’y avions pas encore été confrontés.

  2 comments for “Le lac Titicaca: Copacabana et la Isla del Sol

  1. Moni
    16. mars 2016 at 22:11

    Coucou Dany, nous aimons beaucoup tes commentaires. Gros bisous de Quito. Nous accompagnerons les deux en Équateur.

  2. Britta
    20. mars 2016 at 14:06

    Die Kinder sind so anspruchslos. Kein Vergleich mit Europa.

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