Tafí del Valle et les ruines de Quilmes

Nous partons très indécis sur notre prochaine escale de San Juan le 21 janvier mais notre bus a pour destination Tucumán. C’est un long trajet de 850km. Nous quittons la région viticole de San Juan et le soleil se couche sur de derniers panoramas de vignes et de montagnes arides.

La nuit n’est pas très reposante et au petit jour notre bus tombe en panne. Après des milliers de kilomètres sur tout le continent nous sommes plutôt surpris que ce soit la première fois. Ce qui est drôle c’est que nous avions justement à l’achat du billet posé la question sur la rapidité des bus de remplacement en cas de panne, question à laquelle nous n’avions obtenu que des rires.
Une réparation sommaire d’une demi heure ne lui permet pas d’avancer à plus de 30km/h mais au moins nous avançons !

Grâce au réflexe cartographique de Tobi nous gagnons bien deux heures : il remarque sur la carte qu’il a téléchargé sur son téléphone que nous ne sommes qu’à une dizaine de kilomètres du croisement de la route qui mène à Tafí del Valle, notre destination suivante. Nous nous décidons donc à 50km de Tucumán de sauter cette étape (grande ville, grande chaleur) et de nous laisser déposer au croisement pour attraper un bus pour Tafí.
Tout marche selon nos plans et nous arrivons avant midi à Tafí del Valle, dans les montagnes, le 22 janvier.

Les plans même quand ils marchent ne sont pas toujours les meilleurs. Celui d’arriver un vendredi à Tafí par exemple n’en était pas un bon. Le guide nous annonçait un havre de paix frais, il s’agit au contraire du repaire torride des riches familles de Tucumán qui envoient leur progéniture se distraire le week-end dans leur maison secondaire en terrorisant le petit village à coup de quads, de motos et de musique moderne. Les autorités sûrement bien graissées de disent rien et le village est infernal jour comme nuit. C’est cher, chaud, plein et extrêmement bruyant.
Le tourisme bat son plein et les prix aussi atteignent des proportions ridicules : un poulet grillé maigrichon (sûrement pas fermier) pour 210 pesos, 14 euros, ce sont des prix européens.
Heureusement nous trouvons un endroit super pour dormir (gardé par une femelle llama trop marrante) tenu par deux nanas sympas et d’une grande aide, Nuestro Destino. Que de conseils que nous recevons, entre autres pour la visite de vignes à Cafayate.

Le lendemain nous reprenons nos sacs et continuons la route pour Quilmes.

Pour monter dans le bus pour lequel nous avons la veille acheté un billet il faut presque se battre et c’est seulement après ma terrible menace de « tout casser » qu’on nous laisse en paix (mais oui, j’ai des arguments n’est-ce pas?). La compagnie de bus Aconquija est une honte mais c’est l’unique dans cette zone (incroyable vu le nombre incalculable de compagnies existantes et le grand nombre d’usagers, le grand patron n’est il pas lui aussi un notable qui cire les pompes?), ce qui lui permet de proposer un service cher et déplorable sans se soucier non plus des usagers. Par exemple elle vend plus de tickets qu’elle n’a de places assises et ne donne aucune information sur les options alternatives. C’est pourquoi, ayant assisté la veille déjà au calvaire des autres il était hors de question que nous laissions notre bus plein partir sans nous.

Au début de la piste qui mène aux ruines de Quilmes nous nous faisons déposer et laissons nos sacs à un petit kiosque. Il faut marcher 5 kilomètres mais à peine 1km après le début une camionnette nous embarque. Youpi!

Il fait de nouveau extrêmement chaud et il n’y a pas de point d’ombre. Nous nous laissons guider par un local descendant du peuple Quilmes qui vivait ici vers l’an 800 après JC.

Une partie des ruines a été restaurée et l’on apprend beaucoup de la vie de ce peuple dépendant de l’ethnie des diaguitas avec sa propre langue (cacán ou kakán) et ses coutumes qui avant l’invasion inca vivait avec près de 8000 personnes à cet endroit.
Nous sommes à 1900 mètres d’altitude et si l’endroit semble aride il a été choisi pour sa situation défensive privilégiée.
Les Quilmes vivaient de l’agriculture (mais, patate, courgettes, quinoa…). Le site est une forteresse, dans les hauteurs vivaient les hauts dignitaires.
Après 50 ans de domination inca leur ayant imposé la langue quechua et le paiement des lourds impôts l’année 1536 leur impose la première invasion espagnole, puis en 1630 une seconde et enfin en 1650 la troisième et dernière qui vaincra leur défense (en coupant l’accès à l’eau le peuple n’a plus pu résister).
En 1666 les espagnols déportent les Quilmes et leur impose un exil à pied jusqu’aux abords de  Buenos Aires. La plupart mourra en route, des 2500 partis seulement 400 arrivent à destination et seront réduits en esclavage. La langue cacán a aujourd’hui disparu et de cet endroit d’exil est née une ville qui porte leur nom, 20km au sud de la capitale.

Après cette visite des ruines au milieu d’immenses cactus centenaires (los cardones) nous cherchons quelqu’un pour nous redéposer à la route. C’est chose facile, une famille curieuse et sympathique en vacances nous laisse au croisement et le temps de récupérer nos affaires un colectivo (taxi collectif) passe et nous amène à Cafayate. C’est plus confortable, plus rapide et moins cher que le bus. Incroyable mais vrai!

 

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  3 comments for “Tafí del Valle et les ruines de Quilmes

  1. Maman
    12. février 2016 at 11:20

    vous n’aviez pas peur que le lama vous crache dessus?

  2. Daniel
    12. février 2016 at 16:50

    J’arrive à peu près à me retrouver à votre arrivée à Tafi. Ma carte n’indique que Tafi Viejo mais pas Tafi del Valle. Par contre, vous me dites avoir ignoré la ville de Tucuman pour continuer sur les ruines de Quilmes. je vois : “Sa del Quilmes avec les bourgades de Sa José et Sta Maria”. On est à peu près au bon endroit.
    Cela pour vous dire que je vous suis passionnément

  3. James
    22. février 2016 at 0:05

    J’ai eu la même réflection , pourquoi n’as t-il pas craché ? Beau le cactus et ton bronzage . Une petite pensée pour les quilmes.

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