Quebrada de Humahuaca

Le 28 janvier nous quittons Salta avec comme destination Purmamarca, le premier joli village de la Quebrada de Humahuaca.

Si nous avons pris l’habitude en Argentine du système de pourboires à tout va (comme en Afrique quoi) nous estimons tout de même que cela reste un coup de pouce en mode « encouragement et satisfaction » et pas une taxe, du coup nous nous énervons quand le mec qui charge nos sacs dans le bus tend la main et attend son « cadeau ». Devant notre refus de le payer (rappelons que les bus en Argentine sont bien plus chers que dans n’importe quel autre pays) il refuse de nous donner le ticket de notre bagage. Nous nous assurons tout de même auprès du personnel du bus que cela ne posera pas de problème pour récupérer nos affaires et partons.

A l’arrivée à Purmamarca ce qui devait arriver arriva : le mec qui décharge les bagages refuse de nous rendre les nôtres « puisque nous n’avons pas de ticket ». Il fait son travail certes, mais le personnel du bus au courant de l’affaire s’obstine à faire comme si de rien n’était. Il trouve cela très amusant et tous les passagers attendent, le bus ne peut pas repartir et un brouhaha commence. Deux argentins se mettent à pourrir le chauffeur en lui disant que c’est inadmissible et Tobi doit presque se battre pour récupérer nos sacs. Quelle aventure !

Une fois notre sang-froid retrouvé nous ouvrons les yeux sur le spectacle que nous offre notre environnement. Nous comprenons immédiatement pourquoi cet endroit est si aimé des touristes ! Un paysage en camaïeux d’ocre et orange, la terre rouge qui compose les maisons, le sol, les falaises, les mille couleurs du marché et des tissus affriolants qui comblent nos eux d’exaltation et d’envie. S’il y a quelques jours nous nous sentions un peu fatigués de voyager, de découvrir chaque jour de nouveaux endroits, celui-ci nous redonne une énergie nouvelle et comme des enfants gourmands nous crions « encore !».

Nous sommes guidés par des sons familiers, de la musique andine et comme les autres touristes ouvrons et comblons nos chakras devant ces sonorités qui agitent tous nos sens.
Après une pause déjeuner en musique nous marchons tous les trois sur le « Cerro de los siete Colores » qui porte bien son nom ainsi que sur la colline qui offre un point de vue spectaculaire sur le village. Quelle palette de couleurs !
En fin d’après midi nous reprenons un bus avec Rémi direction Tilcara, à une demi heure de route.

Tilcara est une petite ville, c’est plus grand que Purmamarca mais cela nous plaît tout de suite.
C’est le temps du carnaval et les rues sont animées.

Nous logeons dans le sympathique hostel « El Andariego » pour deux nuits et nous y sentons comme à la maison même si nous dormons dans une chambre de 12 lits. C’est très tranquille, comme on aime.

Juste à côté du village nous visitons les ruines de la « Pucará » de Tilcara.

Même si Pucará signifie « forteresse » en quechua, ce village n’a pas eu de fonction défensive. Il a été construit sur et autour d’une colline de 70mètres et semble avoir couvert une superficie de 18 hectares lorsque les espagnols, comme partout ailleurs sont arrivés au XVIe siècle.
La construction du village date du IXe siècle comme les ruines de Quilmes que nous avons visité plus au sud. Cette fois le peuple est celui des tilcaras. On estime qu’il y avait 588 maisons pour 1000 à 1500 personnes. Les maisons étaient très petite et toute la famille vivait ensemble dans un espace réduit qui permettait de garder la chaleur la nuit puisque les nuits étaient (et sont toujours) rudes dans la Puna. De toutes façons on vivait dehors c’est pourquoi toutes les maisons ont une petite cours devant où les gens se tenaient.
Le peuple produisait de belles céramiques, travaillait différents métaux, sculptait la pierre, se dédiait à l’élevage des lamas et à l’agriculture…

Les lamas et autres animaux andins font aussi l’objet de quelques explications. On nous dit par exemple que la viande de lama qu’on trouve partout est surtout un truc pour les touristes et que les locaux n’en mangent presque pas (en Argentine du moins). On nous dit aussi que l’espèce a été crée par l’homme (c’est un parent du guanaco) à des fins purement utilitaires : les lamas étaient les mules de l’époque et transportaient les richesses sur tous les chemins des incas. Le cheval n’est arrivé qu’avec l’espagnol. Par ailleurs on a jamais monté un lama (il ne supporte pas le poids d’un homme), le commerçant marchait à côté.
Nous nous trouvons dans le nord de l’Argentine sur l’ancien territoire de Collasuyu, la partie sud la plus grande de l’empire inca, Tawantinsuyu.

On passe dans plusieurs bâtisses restaurées qui montrent la taille et le type d’habitat de l’époque. A « l’église » on a retrouvé des substances et restes d’animaux utilisés pour les rites religieux mais c’est aussi un endroit utilisé pour asseoir le pouvoir politique et social exercé par les incas sur le peuple.
Au cimetière il y a une centaine de tombes, des trous dans la terre entourés de murs en pierre. Les morts étaient enterrés en position fœtale comme nous en avons déjà parlé, prêts à renaître puisque la vie ne s’arrêtait pas là. C’est ce qui explique aussi que la mort ne provoquait aucune crainte. Les morts étaient enterrés avec de la céramique pleine de nourriture, des instruments de musique et différents outils et ils étaient régulièrement déterrés pour participer aux festivités et ré-enterrés avec de quoi continuer à bien s’alimenter.
D’ailleurs les morts n’étaient pas seulement enterrés au cimetière mais aussi au milieu du village, là où les gens vivaient. Ces pratiques se retrouvent fréquemment chez les populations andines pré-hispaniques.

A part cela il y a une pyramide sur le point le plus haut de la colline… rien à voir avec les ruines, c’est une construction contemporaine (1935), un monument dédié aux premiers archéologues qui ont travaillé sur les ruines. Non seulement la pyramide a été construite avec les pierres du village tilcara, ce qui a entraîné la destruction de plusieurs demeures anciennes, mais en plus la forme même du monument n’a rien à voir avec cette civilisation là, chez les tilcaras on ne construisait pas de pyramide. C’est donc un monstre inutile. Voilà !

Le tout est quand même un bien bel endroit à visiter, tous ces anciens cailloux et ces immenses cactus (los cardones, ils sont tous malades ils estiment que dans 20 ans il n’y en aura plus, comme les palmiers de la Côte d’Azur!). La visite vaut le coup (même si je suis encore agacée de devoir payer le double des argentins sous prétexte que je suis étrangère. Grrrr, je persiste on devrait doubler le prix de la Tour Eiffel pour les argentins!).

Tobi et Rémi marchent encore sur le chemin de la garganta del Diablo (la gorge du diable) où leur attend une jolie cascade alors que je décide de visiter le musée des ruines.

Le lendemain matin, le 30 janvier, nous prenons un bus pour la ville de Humahuaca. C’est la « grande » ville de la région qui est bien moins touristique et nous voulons y jeter un œil avant de quitter le pays. Rémi décide de rester quelques nuits alors nous nous disons au revoir et faisons juste une courte escale. Nous baladons dans les rues près du beau monument à l’indépendance, le centre fait un impression sympathique même si on a bien préféré Tilcara.

A midi nous reprenons déjà un bus pour La Quiaca sur la frontière bolivienne.
Le paysage est magnifique, comme pour nous faire regretter de partir si vite. Nous avons le nez collé aux fenêtres.

Entre La Quiaca (côté argentin) et Villazón (côté bolivien) nous passons la frontière. Nous sommes samedi et visiblement nous n’avons pas choisi le bon jour. La file de chaque côté de la frontière est dense et c’est mal organisé. Il nous faut deux heures pour sortir de là et il nous faut nous défendre pour pas nous faire doubler. C’est jusqu’à présent notre passage de frontière le plus lent !

Depuis Villazón nous voulons aller à Tarija, la région viticole de Bolivie.
Malheureusement il n’y a des bus que le matin entre 9 et 10 heures ou le soir entre 20 et 21 heures. Nous sommes en milieu de journée et pensons donc rester une nuit pour éviter un trajet de nuit.
Après avoir erré dans les rues nous changeons d’avis. C’est typiquement une ville de frontière qui n’a pas grand-chose à offrir, même pas du charme. Les hostals sont glauques, rien ne fait envie. Nous décidons donc de partir le soir même pour Tarija.
La suite au prochain épisode !

Informations pratiques :
Notre hostel sympathique à Tilcara : El Andariego, calle Belgrano 727, Tel : 54 3884955458 à 50m du terminal. 130 pesos argentins par personne dans le grand dortoir, petit dej compris. Il y a aussi des chambres privées et un autre dortoir à l’extérieur.

Nous recommandons vivement de se baser à Tilcara pour visiter la quebrada : c’est très central, c’est charmant et c’est un parfait compromis entre Purmamarca et Humahuaca.

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