Punta del Diablo

Lorsque notre bus quitte Porto Alegre le 14 novembre après une belle escale par la Serra Gaucha nous avons peine à croire c’est déjà fini. Le Brésil nous a pourtant déjà confié beaucoup de ses secrets mais au fond de nous nous savons que nous reviendrons.

Le bus que nous prenons de la compagnie EGA est cher, il nous coûte une quarantaine d’euros pour 600km, mais toutes les solutions pour l’Uruguay semblent chères et celle là est vraiment pratique : l’équipe du bus s’occupe des formalités de sortie et entrée du pays pendant que nous dormons. Pas la classe ça ?
Alors que comme d’habitude nous avons prévu de quoi nous restaurer et désaltérer, nous nous voyons servir un plateau repas avec plat chaud et même boisson et café. En plus du wi-fi, du film sur le grand écran que nous écoutons avec nos oreillettes réglables, de la couverture, du coussin on a l’impression que c’est une blague. Quel luxe !
Nous regardons le film et nous endormons trop tard : nous aurions du arriver vers 6 heures du matin et pourtant c’est à 4 heures du matin que le bus nous dépose au milieu de nulle part. On nous a quand même demandé si on voulait vraiment descendre là, « il n’y a rien ici ! ».
Il y a une heure de décalage horaire que nous ignorions et le bus a été plus rapide que prévu.
L’Uruguay a décidé cette année de ne pas changer à l’heure d’été, ce qui crée une belle confusion car les appareils électronique eux n’ont pas été avertis.

A 4 heures du matin il fait encore nuit mais une épaisse brume nous enrobe d’une atmosphère mystique. L’odeur des pins et ces quelques 14 degrés nous rappellent un peu la côte Atlantique (celle du sud de la France bien sur).
Depuis la route nous sommes à 5 kilomètres de la pointe, alors vu qu’on a tout notre temps on charge notre paquetage et on se met en route. Pas une voiture, pas un chat… mais deux chiennes viennent vite faire notre connaissance et nous adoptent. Nous faisons la route tous les quatre et observons la nature se réveiller petit à petit. Le soleil qui perce dans la brume a un côté magique, nous avançons d’un pas résigné guidé par le bruit des vagues qui se rapproche.

L’Uruguay est un petit pays tranquille d’à peine 3 millions d’habitants eux aussi tranquilles, autant que la ville de Buenos Aires qui l’observe de l’autre côté du Rio de La Plata. Dans un coin isolé comme Punta del Diablo nous n’avons aucun souci à nous faire.
Nous arrivons au rivage au petit jour et évoluons dans ce village déserté. C’est petit, il n’y a pas d’immeuble de plus de deux étages et il n’y a bien que la mer pour jouer les trouble-fêtes. Nous avançons jusqu’au bout de la pointe et nous asseyons sur les rochers pour avaler ce qui nous reste du plateau repas du bus. Nos chiens ne nous quittent pas même si nous restons là, assis une heure au moins à lire et nous reposer.
Lorsque l’heure est plus décente pour aller toquer à la porte nous nous rendons vers l’hostel de notre choix, la Casa de las Boyas.
Pour US$15 par personne (US$55 en haute saison) nous avons deux lits dans un grand dortoir de 12 lits. La chambre est lumineuse, vue sur la mer, tout en bois, il y a une kitchenette et une salle de bain et pour l’instant nous sommes seuls.
Sur le rebord de la fenêtre nous salue Grand-Maître, un petit hibou mignon comme tout qui semble aussi surpris que nous. Vous vous demandez où sont nos chiennes ? Elles nous attendent devant la porte.
Nous commençons par une petite sieste puis ensuite nous mettons à notre aise. La connexion est bonne et il fait grand beau temps mais frais dehors. On reste un peu dedans.
Ensuite nous partons explorer un peu la plage et le village alors qu’il s’est peuplé de plagistes pour la journée (nous sommes dimanche). Pourtant la plupart des commerces et restaurants sont fermés, ce n’est pas encore la haute saison. Elle commence ici aux alentours de Noël.
Les deux premières semaines de janvier ce petit village de pêcheurs de 800 habitants reçoit 30000 vacanciers et l’ambiance doit être quand même autre que maintenant.
Les vagues sont bonnes et Tobi est frustré de ne pas pouvoir surfer à cause de son otite. Sur la plage beaucoup de coquillages et surtout des moules des moules et encore des moules.

Nous trouvons une supérette ouverte et nous achetons de quoi nous restaurer chez nous. A notre retour Grand-Maître est toujours là, il a creusé son trou juste en face et ici c’est chez lui. Je pensais que les hiboux étaient nocturnes et vivaient dans les arbres !

Nous passons une journée bien tranquille chez « nous » et dommage, ce sont 9 brésiliens qui débarquent dans notre chambre et semblent bien déçus de nous y trouver « quoi ? C’est une chambre partagée ? ». Quand le soleil se couche nous changeons de chambre, un dortoir plus petit dans lequel nous sommes seuls, puis nous partons chercher un endroit pour casser la croûte. Il n’y a pas bien le choix mais le « resto pub 70 » familial est joliment éclairé et décoré et on peut y manger pour un bon prix. Nous mangeons du poisson pêché sur place aujourd’hui et buvons notre premier vin uruguayen, une bouteille du vin rouge de la maison bien goutu !
Nous rencontrons plusieurs couples sympa, deux français, puis un français avec une allemande et un couple suisso-uruguayen. On est bien contents de papoter un peu après une journée sans autre rencontre.
Quand nous rentrons, nos copines canines sont encore là à nous attendre et nous leur disons déjà au revoir.

Les uruguayens nous semblent bien fermés en comparaison des brésiliens. Mais dès qu’on commence à parler ils sont tout aussi chaleureux. Au niveau sécurité c’est tellement tranquille qu’on ne peut même pas fermer notre porte à clef. Quel changement !
Le lendemain nous partons un peu après 8 heures pour prendre le bus pour la prochaine destination de la côte uruguayenne, Cabo Polonio.

  1 comment for “Punta del Diablo

  1. Maman
    22. novembre 2015 at 8:54

    très surréaliste votre arrivée dans le brouillard !

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