Montevideo

Le mardi 17 novembre en début d’après midi nous quittons le tranquille cap « Polonio » pour la capitale et arrivons en début de soirée.

A la gare routière ultra moderne nous sommes soulagés de pouvoir enfin retirer quelques sous et sortons. Il fait nuit. Juste à coté de nous deux hommes se mettent à hurler et notre sang se glace. Nous nous retournons légèrement inquiets vers notre gauche quand à notre droite un brouhaha s’élève et qu’un « « Goooooooool » se laisse entendre. Des klaxons, des cris de joie fusent de toute part. A quelques mètres dans le stade est entrain de se disputer une partie de football, Uruguay contre Chili et nous prenons en compte la dimension de ce sport pour ce petit pays : Le nombre de victoires ramené au nombre d’habitants et voici l’une des meilleures équipes du monde. Pas étonnant que le football ici soit comme une religion. Ce soir là l’Uruguay gagnera 4 contre 1, une revanche après un dernier match amère et une sombre histoire de doigts dans les fesses, ne m’en demandez pas trop, les connaisseurs sauront mieux vous parler du doigt de la discorde entre Jara et Cavani.

Nous prenons un bus direction l’hostel qui nous intéresse. L’avenue 18 de julio est déserte, c’est pourtant l’axe principal de la ville. Juste après sur une place des milliers de personnes rassemblées : le match est diffusé sur le mur d’en face, du gigantesque public viewing et c’est même pas la coupe du monde !

Peu de temps après nous descendons déjà et marchons 5 minutes dans les rues sombres sans appréhension avant d’arriver à l’hostel Ukelele, choisi pour son nom et sa bonne critique. Nous ne sommes pas déçus, l’endroit a le grandiose d’un hôtel (grande maison des années 20, salle de musique avec piano et ukuleles, grande piscine surplombée de grands bougainvilliers fleuris, grande cuisine…) et le confort et la bonne ambiance d’une auberge de jeunesse.

Montevideo est une ville moderne, nous nous sentons dès notre arrivée comme à Paris ! Une magnifique architecture et de beaux bâtiments restaurés pour une ville jeune, dynamique et prospère.
L’Uruguay est un pays progressiste, il était le premier au monde à légaliser en 2013 la production et la vente de cannabis pour lutter contre le trafic, le mariage et l’adoption pour les couples du même sexe sont aussi ouverts et c’est aussi le seul pays d’Amérique du sud permettant l’avortement. La lutte contre le tabagisme est l’une des plus stricte au monde. Le pays est laïc et son code civil a la même base que notre code napoléon quand la constitution est elle calquée sur celle des Etats-Unis. Le pays possède l’un des meilleurs niveaux de vie d’Amérique latine ainsi que des niveaux d’éducation parmi les plus élevés au monde. L’économie du pays est marquée par une forte tradition agricole. Le climat est tempéré méditerranéen. On trouve beaucoup de pâturages pour l’élevage du bétail et la volaille et pour l’agriculture on trouve du riz, blé, soja et beaucoup de fruits et légumes. Les produits les plus exportés sont le soja (19 % exportations totales), la viande bovine (13%), les céréales (11%), les produits laitiers (9%), la cellulose (6%) et les automobiles et pièces détachées (5%) (source diplomatie gouvernement 2013)
Tout de même le pays est réputé pour sa bonne viande et les uruguayens en sont de très grands consommateurs.
Il n’y a plus d’indigènes en Uruguay, ils ont été massacrés. La majorité de la population est de descendance espagnole ou italienne.

Vous vous souvenez sans doute de l’ancien président de l’Uruguay Pepe Mujica qui s’est fait connaître dans le monde entier pour son humilité : agriculteur de profession et ancien torturé, laissant 90 % de son salaire de président à des organisations caritatives ou pour aider les petits entrepreneurs et ne vivant pas au palais présidentiel mais très simplement dans une ferme avec sa femme qui cultive des fleurs, il n’a aucun patrimoine sinon que sa vieille coccinelle de 30ans et gardait seulement l’équivalent d’un salaire moyen uruguayen, soit à peu près 900€. On pourrait écrire beaucoup sur ce personnage de mérite, en tout cas que seul ce type de personnes devrait pouvoir gouverner et non nos pingouins à cravate qui abreuvent de fausses promesses et vivent comme des coqs en pâte. Il n’est plus président depuis le mois de mars 2015 parce que la constitution du pays ne permet pas deux mandats l’un après l’autre. Le président actuel est du même parti et était aussi le président avant Mujica, il est médecin de profession.

Lorsque nous arrivons à Montevideo il pleut et il fait froid. C’est quand même moins sympa pour découvrir une nouvelle ville !
Le premier jour nous commençons par aller tester le système de santé public. Tobi n’entend toujours rien et son oreille est complètement bouchée.
Nous arrivons à l’hôpital de la ville et sommes frappés par son état de délabrement qui tranche avec le reste de la ville.
Nous attendons une heure notre tour dans la salle d’attente des urgences, ce qui est acceptable pour le « degré de gravité » qui régit le triage des patients des urgences de Montevideo.
Après une consultation générale nous sommes envoyés vers l’ORL un étage au dessus et là encore la vétusté du matériel nous effraie. Le médecin lui est très compétent, rapidement il débouche l’oreille et nous apprend que l’otite s’est transformée et qu’elle est externe. Un peu de gouttes pendant une semaine devraient résoudre le problème. Il nous propose de repasser deux jours plus tard pour contrôler, sans passer par la case départ et effectivement deux jours plus tard la visite prend 5 minutes. Tout est gratuit, sauf les médicaments bien sur.
La première pharmacie nous vend les même gouttes presque trois fois le prix de la seconde et nous ne les prenons pas chez elle parce qu’elle refuse de nous rendre l’ordonnance dont nous avons besoin pour nous faire rembourser. Même à la seconde, 10€ la petite fiole de gouttes c’est affreusement cher ! Comment les uruguayens peuvent ils se soigner ?!
Pour l’état de délabrement de l’hôpital nous apprenons que tous les actifs du pays cotisent pour une assurance maladie qui leur permet d’être traités dans le domaine privé, c’est peut être pourquoi l’hôpital public est déserté et manque de recours. Lorsque nous y étions le rez-de-chaussée état envahi de manifestants mais difficile d’en savoir plus. Une énigme.

C’est notre première expérience sociale à Montevideo. Pour le reste nous sommes effarés par le coût de la vie. Manger au restaurant coûte plus cher qu’en France, même manger un snack sur le pouce coûte 10 euros et un repas simple (sandwich chivito avec frites, deux saucisses de Francfort et salade de pommes de terre avec un verre de vin et une limonade) nous coûte près de 25 euros. Le lit en dortoir coûte minimum 20 dollars. Le ticket de bus coûte 26 pesos (quasiment 1 euros, contre 70 centimes au Brésil, 40 centimes au Paraguay et 25 centimes au Panama lors de notre dernier séjour).

Nous visitons le joli centre historique dont deux grandes rues sont piétonnes. L’une mène au marché du port « mercado del puerto », un bijou qui date de 1868 et à l’intérieur, pléthore de restaurants typiques proposant parilladas et asados, ou fruits de mer. La fumée de ces grands barbecue s’élève et nous fait aussi lever les yeux vers le haut plafond. Fascinant.
Sinon, de très nombreuses places vertes et de fontaines, des bâtiments néoclassiques et de très très nombreux musées. On monte sur la tour Antel (entreprise nationale de télécommunication) à 108 mètres pour prendre de la hauteur sur la ville et remarquons le peu de gratte-ciel qu’il y a. C’est un bâtiment qui a à peine quelques années et propose tous les jours à une certaine heure l’accès au point de vue gratuit. Génial !
Pour la plage et la célèbre promenade « rambla » la tentative est infructueuse, il y a tellement de vent et de pluie que nous ne pouvons pas nous y approcher, notre parapluie y perd la vie et nous rebroussons chemin.
En passant par un shopping (centre commercial) les apparats de Noël me donnent un coup de blues : je pense à l’hiver qui arrive, le marché de Noël, l’euphorie, les plätzchen, les cadeaux, le vin chaud, je pense au Noël en famille que nous ne vivrons pour la première fois pas avec notre famille proche. C’est pas grave hein, c’est juste une fois, mais là dans ce centre commercial lourd de nounours, papa Noël et sapin ça m’a fait bizarre. Où serons nous le 24 décembre ? Personne n’a envie de venir passer Noël en Amérique du sud ?

Le dernier jour nous jouons de malchance.
Nous nous levons, faisons notre check-out et partons les sacs sur le dos pour consulter pour l’oreille de Tobi et ensuite direction le terminal de bus. Lorsqu’on arrive au terminal surprise, il y a grève, aucun bus ne part jusqu’à demain ! Zut ! On achète alors un billet pour le lendemain et projetons de se donner plus de temps pour ce que j’avais en tête : visiter des domaines viticoles.
Nous retournons à l’hostel déposer nos affaires et manque de bol, il n’y a aucun lit en dortoir disponible, on doit reprendre la chambre double qui nous a déjà coûté deux fois 50 dollars.
On a un rendez vous pour 13 heures pour un domaine mais c’est trop tard maintenant. Une autre organisation permet pou 89 dollars le transfert et la visite de deux domaines… par personne ! Hors de prix ! Grrrrrr !!
La dame nous déconseille de partir au hasard sur la route 10 sur laquelle sont sensé être plein de vignerons parce que ce n’est ni charmant ni sur. Elle dit qu’on peut louer une voiture pour 55 dollars la journée. Bonne idée ! Elle réserve donc pour nous et la voiture arrive une heure plus tard. C’est la même chose que la C1 ou la 107 sauf que c’est chinois, BYD, on a jamais vu ça. On fait les papiers, le mec nous montre comment ça marche (démarrer sans la clé) et lorsqu’il est parti, impossible de la démarrer ! Il revient et diagnostic : panne ! Pas possible ! Quelle journée ! Il nous propose d’aller chercher une autre voiture mais c’est trop pour nous, il est déjà 14 heures ! On décide que maintenant la malchance s’arrête, on recommence à zéro, on lui dit non merci et on part à pied se balader en ville. Pour la première fois il fait grand beau temps et cela change tout !

Le soir nous nous faisons plaisir et achetons une bonne bouteille de vin du domaine que j’avais envie de visiter et on croise les doigts que demain notre bus parte.

J’avais en tête de vous parler de la vigne en Uruguay avec l’expérience de quelques domaines mais au final, on a pas pu en voir donc ça tombe à l’eau !
Je peux quand même un peu l’évoquer parce que j’ai passé beaucoup d’heures à me documenter sur le sujet et que nous avons chaque soir goûté un vin différent.
Si les premières vignes ont été plantées par les colons espagnols au XVIIe c’est seulement au XIXe que la culture a pris son expansion avec les italiens et les basques.
Aujourd’hui l’Uruguay produit près de 100 millions de litres de vin par an sur 9000 hectares. Il y a tout juste 300 propriétés viticoles et très peu exportent puisque les uruguayens consomment la plupart de leur vin.
La production s’est principalement concentrée sur du vin de médiocre qualité, du « vino de mesa » sucré (chaptalisé) et vendu en Tetrapack (90 % de la production). Cette tendance est à la renverse et la production de vins fins augmente. L’INAVI, l’organisme national de vitiviniculture met tout en œuvre pour que la qualité augmente à grand coup de subventions pour planter des cépages nobles, acheter du matériel (réfrigération, filtration…) et la formation technique et commerciale du personnel. Il y a vraiment une belle dynamique dans ce sens et l’Uruguay est un pays prometteur.
Même le « petit vin de la maison » des endroits simples où on a mangé n’avait pas de défaut e nous a plu.
L’encépagement est très européen (tout comme le climat maritime, température moyenne annuelle de 18°, précipitations maximum 900mm par an). Les cépages les plus utilisés sont pour les blancs le Sauvignon, le Sémillion, le Viognier, le Muscat et le Chardonnay. Pour les rouges le Merlot, Cabernet, Sangiovese, la Syrah, le Pinot Noir et enfin et surtout le Tannat.
Ce cépage est devenu ce que le Malbec est à l’Argentine et le Carménère au Chili : Le cépage emblématique. On en produit ici davantage que chez nous à Madiran et c’est aussi le seul pays d’Amérique du Sud qui en produit. Il a trouvé ici un terroir qui lui convient parfaitement, ses tannins sont plus soyeux et veloutés, moins astringents que le cousin français. Il s’adapte à merveille aux repas carnivores des locaux.
Au niveau du prix on se situe en supermarché plus ou moins dans le même ordre de prix que chez nous pour les vins de qualité. Pour 3,30€ on a déjà de bons produits, vers 5€ on est très contents. Le top du luxe du supermarché coûte 10€. Les vins uruguayens sont bien moins chers que les vins de marque internationaux style Concha y Toro du Chili ou El Coto de Rioja.

Sur ces notes gustatives s’achève notre récit de l’étape de Montevideo. Le bus part comme prévu le 21 novembre à 6h50 pour Colonia del Sacramento, notre dernière étape en Uruguay.

  2 comments for “Montevideo

  1. James
    23. novembre 2015 at 0:58

    Merci de nous faire partager cette étape qui comme la précédente recelle de détails tout aussi intéressants et merci à hike de nous permettre tous les jours d’être réconforté et d’animer quelques minutes de notre quotidien .

  2. Pablo
    2. décembre 2015 at 19:15

    Very good your page travel was nice to meet in montevideo. The hope in iquique chile for some music.

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