Vitória

Après 2 heures de bus jusqu’à Teixeira de Freitas, un repas sur le pouce suivi d’une courte attente et une nuit non pas des plus reposantes nous arrivons plus tôt que nous avions pensé le 1er octobre dans la capitale du petit Etat Espírito Santos, Vitória. En effet, il est tout juste 5 heures du matin.
Nous prenons notre petit déjeuner à la gare routière et nous rendons à pied à « That Hostel », l’hébergement trouvé la veille sur internet.
Après une demi heure de marche nous arrivons et sommes soulagés que quelqu’un nous ouvre la porte si tôt. L’endroit nous plaît tout de suite.

Grant le propriétaire vient de New York. Il était comme nous de passage par Vitória il y a 4 ans et il y est finalement resté, marié à une capixaba (nom des habitants de cette ville).
Il est écrivain et cet hostel est son autre activité qu’il réalise plus par passion que par besoin. L’endroit est très bien équipé, confortable, convivial et superbement décoré grâce à ses talents artistiques visibles. Il y a une quinzaine de lits dans deux dortoirs et 3 salles de bain.
Tout en haut il y a même une pièce pour se détendre et une grande terrasse sur le toit. Nous prenons deux lits pour 35 Reais la nuit, petit dej compris. A peu près 8€.

Nous prenons notre temps et partons ensuite explorer le quartier historique dans lequel nous nous trouvons, non sans d’abord succomber à notre gourmandise dans un restaurant asiatique végétarien directement au coin de la rue.
Il y a beaucoup à voir dans les environs. La « Catedral Metropolitana » est malheureusement en rénovations mais l’extérieur vient tout juste d’être rénové et son style néogothique-byzantin ne nous laisse pas de marbre. Juste à côté de notre hostel c’est le Palácio Anchieta, beau bâtiment du XVIe, qui est majestueux. C’est actuellement le siège du gouvernement.
Chapelles, couvent, églises et beaucoup d’escaliers d’époque aussi à l’endroit des anciennes fortifications, nous avons notre instant culturel. C’est intéressant parce que Vitória nous a été décrite comme un peu oubliée des touristes, et c’est vrai que nous n’en avons pas vu, mais niveau documentation et informations en anglais il y a tout le nécessaire et c’est vraiment mis en valeur.
Vitória est avec son agglomération de près de 2 millions d’habitants l’une des plus vieilles villes du Brésil. Elle nous a été maintes fois décrite comme très sure aussi. La ville est composée en réalité de 34 îles et d’une partie continentale mais on ne s’en rend pas compte !

Pour le côté historique, elle a été envahie par les portugais bien sur, mais aussi les anglais, les français et les hollandais. C’est grâce au café que la ville est devenue importante, possédant à l’époque de la première guerre mondiale le deuxième port d’exportation de café du Brésil.
En 1942 grâce à la modernisation du chemin de fer menant dans l’État de Minas Gerais le port de Vitória est devenu le premier pour le minerai de fer (utilisé notamment pour la production de l’acier). Il arrive sans pause par trains de 4 km et wagons de 80 tonnes directement depuis les mines. Impressionnant !
Dans les années 60 un deuxième port a été construit, le Porto de Tubarão. C’est un des plus modernes du monde et aujourd’hui au niveau national le plus important port pour le transport du minerai de fer (à noter, le Brésil est le 3e producteur mondial de minerai de fer). Il fonctionne à plein régime avec ses 3 terminaux de 18 km² et fonctionne 24h sur 24. La demande est tellement importante que les bateaux font la queue jusqu’à deux mois pour pouvoir jeter l’ancre !
Il y a maintenant 6 ports à Vitória, ce qui en fait le complexe portuaire le plus grand d’Amérique latine.

Ensuite nous prenons un bus direction des plages. La praia de Camburi longue de 6 km n’est pas la plus belle que nous ayons vue à cause de ses gratte-ciel et son port mais pour un bain rafraîchissant elle est très bien. La praia do Canto est quant à elle plus chic, située près du port de plaisance et également bien équipée pour tous types de sport.

Ici au Brésil, contre toute attente la nudité est tabou et il est interdit de se changer sur la plage en y montrant ne serait-ce qu’un court instant la couleur de nos fesses (non pas que ce soit mon objectif hein!). On peut y être arrêté pour attentat à la pudeur. Il est tout aussi mal vu de se changer sous sa serviette ou sous sa robe/jupe et les filles se contentent de remettre leurs habits sur leur maillot mouillé et de repartir comme ça ! C’est assez absurde sachant le peu de tissus qui couvre les brésiliennes : en effet, il n’est pas rare d’avoir l’impression qu’elles sont même en sous-vêtement dans la rue.

A 20h nous retrouvons mon cousin Luca ainsi que sa grand-mère et son cousin dans le quartier animé du Triângulo das Bermudas pour déguster la spécialité culinaire de la ville, la moqueca capixaba.
C’est  un plat de poisson en sauce servi bouillant dans un grand faitout en argile noir de fabrication artisanale, la panela de barro, tradition indigène encore réalisée par les femmes de Goiabeiras (un quartier de Vitória).
La particularité de cette recette par rapport aux autres (de Bahia, autre région de la moqueca) est l’absence d’huile de palme et de lait de coco normalement utilisée. A la place, de l’huile d’olive. Sinon, beaucoup beaucoup de coriandre frais comme dans toute la cuisine brésilienne, et du cumin. En accompagnement du riz blanc et de la purée de manioc, recouverte de coriandre frais.
Pour la gourmandise nous en avons même une deuxième plus petite, cette fois à base de banane plantain. Un régal ! Une et demi pour 5 personnes et il y avait beaucoup à manger. La soirée était très agréable et c’est une chance d’avoir pu retrouver la famille dans un endroit si exotique. Luca a grandi à Vitória et habite en France depuis une dizaine d’années. C’est une chance que sa visite au pays ait coïncidé avec la notre !
Une fois repus et bien fatigués nous rentrons à la maison et sommes quasiment kidnappés par nos colocataires qui ont la bougeotte. Deux brésiliens, un américain/mexicain et un autrichien. Malgré notre manque de motivation il est dommage de rater une si bonne occasion de connaître Vitória de nuit alors nous y allons : De nouveau le bus pour la même direction d’où nous venons et nous arrivons dans ce qu’on nommera un bar, ou peut-être un garage aménagé rempli à craquer par des jeunes (plus jeunes que nous en moyenne) envoûtés par des rythmes visiblement célèbres joués par un groupe en live. Une ambiance unique qui nous fait confirmer que les brésiliens savent s’amuser. Nous apprenons des pas de danse et la bière coule à flots. Comme à Cologne et Düsseldorf où ton verre presque vide est remplacé automatiquement, ici ce sont les bouteilles qui sont remplacées. Il fait vraiment très chaud et peu à peu la fatigue a raison de nous. Le groupe finit par s’arrêter et il nous faudra beaucoup de temps avant d’arriver à monter dans un taxi et rentrer nous coucher.
Du bar il reste des monticules de poubelles, autant à l’intérieur que sur la voie publique et nous sommes heureux de ne pas être de ceux qui devront se charger de tout nettoyer !

2 octobre 2015
Le deuxième jour est plus tranquille que le premier, nous restons à l’hostel une bonne partie de la journée.
Vers 15h nous décidons d’aller s’aérer. Le seul bus qui peut nous conduire au Morro da Fonte Grande où nous devrions avoir une vue parfaite sur la ville n’arrive jamais et nous perdons patience. La nuit tombe tôt et il faut éviter que nous ne nous retrouvions dans l’obscurité dans la pampa.
Après 30 bonnes minutes d’attente nous nous donnons encore 15 minutes, jusqu’à 16h15 pour  prendre ce bus sinon nous irons à la gare routière acheter un billet de bus pour Rio de Janeiro où nous voulons aller pur notre prochaine étape. Le bus a décidé pour nous et est passé à 16h14.
Finalement la montée était raide mais rapide et nous étions à 17h en haut de la montagne pour effectivement profiter d’un paysage spectaculaire.
Le soir alors que nous mangeons et discutons avec nos colocataires à l’hostal nous apprenons qu’il existe un train qui part de Vitória pour Belo Horizonte. Ce doit être l’un des derniers train de transport de personnes au Brésil et aussi avec ses 650km, sûrement l’un des plus longs. Il prend beaucoup de temps mais le paysage se veut spectaculaire. C’est intéressant. Nous n’avions pas vraiment pensé visiter l’état de Minas Gerais, alors pourquoi pas ?
Le reste de la soirée avec les colocataires et à nouveau très sympathique et très courte, ponctuée de caïpirinha, de Ukulélé et d’intéressantes discussions.

3 octobre
Si nous pensons tout d’abord à mon papa puisque c’est son anniversaire, nous réfléchissons aussi à la suite du voyage et décidons de prendre ce fameux train. Il y a un an nous étions sur un bateau à voile dans les Baléares, et maintenant au milieu du Brésil, nous avons une sacrée veine !
Après notre troisième (et dernière) visite au restaurant végétarien (quand on aime on ne compte pas!!) nous avons un peu de mal à arriver à la gare assez mal indiquée . Elle est complètement déserte!
Nous remarquons à nouveau quelle chance on a lorsqu’à 14h55 nous achetons nos billets et que juste après nous le guichet ferme. Quand on pense qu’hier à 1 minute près nous aurions acheté des billets de bus pour Rio, on se dit que l’aventure ne tient qu’à un fil !
Youpi nous partons demain à Belo Horizonte ! Le billet coûte à peine 15€ pour un trajet de 13 heures !

Nos billets en poche nous partons visiter le Museo Vale, la compagnie de train. L’exposition d’art contemporain qu’elle renferme actuellement est malheureusement fermée mais le musée situé dans la vieille gare de train « Pedro Nolasco » a de quoi nous en mettre plein les yeux.
Une grande locomotive à vapeur de 1945 parfaitement restaurée nous y accueille. Nous y montons avec plaisir.
Au premier étage du beau bâtiment nous apprenons beaucoup sur l’histoire de la ligne de chemin de fer « Vitória – Minas » que nous prendrons demain.
Dehors nous prenons un café dans un beau wagon de voyageurs d’époque et admirons la vue sur la baie de Vitória et l’activité du port.

De retour près de chez nous nous goûtons encore un peu de l’ambiance légère de Vitória dans la rua Sete de Setembro où nous passons au moment où un groupe de Samba anime la rue et que tout le monde chante et danse.
Nous nous autorisons une petite brochette de viande grillée saupoudrée de farine de manioc comme on en trouve partout, un dernier plaisir à cette étape que nous ne sommes pas prêts d’oublier.
Elle est marquée par la rencontre avec des personnes à la générosité et gentillesse étonnante. Nous avons déjà un peu fait l’éloge des brésiliens mais jusqu’à présent nous n’avions partagé que de courts instants avec eux.
Ces dernières journées et surtout soirées nous ont permis d’en apprendre plus sur cette culture et ce pays qui vit une époque de grande difficulté.
Malgré toutes leurs préoccupations nous sommes reçus avec les bras ouverts et écoutés avec grande attention. Pas de barrière, de timidité, pas non plus influencés par les stéréotypes qui s’accompagnent forcément à la vue de touristes comme nous, nous nous sentons très vite comme part entière du cercle d’amis ou de la famille, et « la prochaine fois vous viendrez dormir chez nous » qu’on entend même !
Si le voyage est loin d’être fini, le Brésil est déjà dans nos cœurs.

Les bagages sont prêts, nous nous couchons tôt, demain le train part à 7 heures.
A demain !

  5 comments for “Vitória

  1. Meggie
    5. octobre 2015 at 22:14

    Danke, dass Ihr mich an Eurer Reise durch die ausführlichen Berichte und schönen Fotos teilhaben lasst!

  2. Babs
    6. octobre 2015 at 8:51

    Ich schließe mich Meggie unbekannter Weise an!!! Weiter viel Spaß!

  3. Ulla und Jean-Pierre
    6. octobre 2015 at 13:39

    Wir schließen uns den Vorworten an. Jeden Tag bin ich aufs neue gespannt welche Abenteuer ihr erlebt. Weiterhin ganz viel Glück mit dem Schicksal.

  4. Jette&Jarda
    6. octobre 2015 at 19:58

    jetzt verfolgen auch wir Eure Reise! Lasst es Euch gut gehen!
    Hier bei uns gibt es nicht viel zu vermelden – ausser vielleicht: der neue Wein/Federweisse schmeckt mal wieder sehr gut, sowas habt Ihr wahrscheinlich nicht. PROST !
    Bleibt gesund, Ihr 2 Schätze!
    Alles Liebe von J&J

  5. Zouzou
    8. octobre 2015 at 18:35

    <3

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