São Paulo

Le jour se lève sur Rio et nous partons à pas de loup pour ne pas réveiller la maison qui dort encore. Rio elle n’a pas dormi, comme nous le signalent les jeunes et moins jeunes qui rentrent de soirée et les autres qui ne rentrent même pas.

Nous quittons en silence la cité et Santana, notre chauffeur, fait diversion pour nous faire passer le blues. Le port de la ceinture de sécurité est obligatoire et nous ferons une pause conséquente au milieu du trajet, comme toujours.

Notre bus est aussi confortable que ce trajet entre les deux plus grandes villes du Brésil. La route est bonne et le temps passe vite. Nous quittons de nouveau un état puisque Rio de Janeiro est capitale de l’état du même nom, tout comme São Paulo. Nous avons déjà traversé Bahia, Espírito Santo et Minas Gerais.

Bien vite nous arrivons, sans le voir venir, auprès du grand, que dis-je, du géant São Paulo.
Il est difficile de parler de Sampa (surnom de la ville) sans utiliser de superlatifs : La région possède au niveau national l’industrie la plus productive, le plus grand nombre d’habitants (environ 42 millions), le port le plus important, le pire trafic routier et les plus grandes favelas.
São Paulo est l’heureuse et fière capitale économique, industrielle et culturelle du Brésil. En englobant la métropole elle compte près de 20 millions d’habitants, 12500 restaurants, 420 cinés et théâtres, 15000 bars, 150 musées et centres culturels répartis dans 96 quartiers s’étendant sur 2000 km². C’est l’une des plus grandes villes et métropoles du monde.

Nous sommes un peu effrayés de nos lectures et croyons à peine être vraiment, déjà arrivés, après avoir roulé sur une route à dix voies. La gare routière nous paraît petite ! Pourtant nous avons lu que l’immense système de transports publics est le plus complexe du monde, avec 15000 bus et 1333 lignes et que c’est la plus grande d’Amérique du sud.
En pleine heure de pointe il n’est pas anormal de compter 200km de bouchons pour 6,5 millions de voitures (2011) et chaque jour plusieurs milliers de plus, un quart de la flotte brésilienne. Les pics de pollution sont quotidiens. Le métro est moderne mais insuffisant. Sampa est sans étonnement la première ville du monde en terme d’hélicoptères (environ 500 en 2011) et héliports.

Nous sommes étonnamment à l’aise et trouvons facilement (grâce à Tobi bien sur) le chemin du métro et de l’hostel réservé dans le joli quartier bohème de Vila Madalena. Le quartier fait une très bonne impression, peu de gratte-ciels, peu de voitures, surtout des bars et des restaurants qui sont déjà pleins en ce milieu d’après midi d’un jour férié.

Nous n’avons pas trop de chance du côté de notre hostel pour une fois, il était mieux décrit dans le guide (lonely planet). C’est crade, sans charme ni confort, peuplé de fêtards « mal rasés » et il fait très chaud dans notre dortoir. Nous ne recommandons donc pas le Lime Time Hostel qui a les seuls avantages d’être pas trop cher (surtout pour le quartier) bien situé et de proposer des caïpirinha gratuite pendant le happy hour. On est là que pour une nuit alors ce n’est pas grave. N’empêche que les soi-disant pas en faveur de l’écologie sont surtout de l’économie de bouts de ficelle qui rendent l’endroit déplorable. Seulement 4 minutes d’eau chaude avec compteur qui bipe pour te rappeler l’échéance, recommandation de l’usage de seulement 2 serviettes en papier pour se laver les mains, lumière au mouvement qui s’éteint tout de suite pour te faire faire des acrobaties… heureusement qu’on ne me dit pas combien de papier toilette j’ai le droit d’utiliser !

Nous avons la chance d’avoir des contacts à São Paulo et sont heureux de faire la connaissance du fils et du quasi neveu de Nixia, notre maman panaméenne (chez qui Tobi a logé lors de son premier voyage au Panama en 2010). Le soir même nous sommes bluffés par l’accueil chaleureux de Nel, Rafael et ses parents chez qui nous nous sentons déjà comme membres de la famille.

Nous remarquons à nouveau au gré des discussions à quel point la situation pour les brésiliens est difficile, aussi bien pour les gens pauvres que les gens plus aisés, auxquels Rafael et ses parents semblent appartenir au vu du bel appartement qu’ils habitent. Le manque d’espoir qu’ils semblent avoir est dû au niveau de corruption affreux qui rend le salaire mérité de plus en plus misérable, qui complique chaque innovation ou nouvelle entreprise, laisse des travaux titanesque en suspend des années durant et le risque quotidien d’être la victime supplémentaire d’une agression. La crise semble telle que des gens qualifiés comme Nel ou Rafael réfléchissent à tenter leur chance à l’étranger ou du moins en dehors du molosse de São Paulo.

Le lendemain, 13 octobre, nous partons visiter Sampa. Elle n’a certes pas le charme de Rio mais elle ne peut laisser personne indifférent !
Avec nos yeux de touristes elle nous fait une bonne impression. Nous prenons le métro depuis  la station la plus proche de chez nous qui est toute nouvelle et visitons le quartier de Luz, la vieille gare victorienne de 1901 parfaitement restaurée, le grand et beau parque da Luz peuplé de vieux grands arbres exotiques et de bassins poissonneux.
De nombreuses zones piétonnes et des parcs, de belles façades souvent un peu décrépies, un très beau théâtre du style palais Garnier de 1903, la catedral de la praça da Sé dans laquelle passent 8000 personnes (40 ans de construction, 400 tonnes de marbre, 11 de long, 46 de large, 65m de haut pour la coupole et 92 pour les tours) et la Basílica de São Bento de 1650 (façade byzantine, une vieille horloge de 1921 et à l’intérieur lignes droites et hauts plafonds de style germanique dominés par le marron et l’ocre).
Le mercado municipal nous offre une spécialité culinaire locale, le sandwich de mortadelle et de fromage qui doit bien contenir 400 grammes de tranches fines de mortadelles. Le marché lui même vaut le coup d’œil et pas seulement le coup de fourchette. C’est un magnifique marché couvert, bijou de la Belle-Epoque, fichu de coupoles massives et de fenêtres en verre coloré. Un régal pour les yeux et la panse !
Au sommet de l’Edifício Martinelli, édifié en 1929, premier gratte-ciel d’Amérique du sud, nous avons une vue un peu brimée (en raison de la brume) sur la ville et sa grandeur. Au pied de ce fier bâtiment Beaux-Arts de 35 étages nous pourrions tout à fait nous croire à Manhattan! Il a l’air par ailleurs d’être le plus petit aujourd’hui.
Nous allons même jusqu’au Largo do Paissandú où se trouve un bistrot traditionnel aux serveurs en nœud papillon, le Ponto Chic, pour déguster un extravagant sandwich inventé sur place dans les années 30, le Bauru. Un sandwich au pain blanc fait de tranches de roast-beef, tomates, cornichons et recouverts de trois sortes de fromage fondu préalablement avec du beurre dans de l’eau. Méga régalou ! On a le ventre qui explose à explorer la ville !
Enfin nous descendons en entier l’avenida Paulista, première rue asphaltée de la ville en 1891 et rue plus connue du Brésil qui n’a plus le lustre de l’époque quand les barons du café y avaient édifié leurs villas. La “verticalisation” (si j’ose dire) de verre et de béton de l’avenue en a retiré son charme mais nous allons trop vite pour en admirer les quelques détails encore présents du passé.

Oui, nous allons trop vite et nous sommes donné trop peu de temps pour cette ville de superlatifs qui aurait mérité plus de notre attention. Le tourisme est très bien organisé et les jeunes qui travaillent aux différents points d’information sont eux-mêmes passionnés par leur ville. Il faudrait revenir !
Nous avons un programme chargé et préférons garder ce souvenir là du monstre, en tout cas pas celui que nous pensions découvrir. Délit de faciès, et un préjugé en moins, un!
Nous prenons un bus à 20h pour nous enfoncer dans la savane du Pantanal, nature et vie sauvage au rendez-vous après 14h de bus, c’est bien ce dont on a besoin après tant de bruit et de monde !
Até amanha !

  1 comment for “São Paulo

  1. Daniela
    23. octobre 2015 at 19:15

    Hey Ihr Zwei!
    Ich bin jetzt erst dazu gekommen einen Blick in euren Blog zu werfen und habe die interessanten Berichte und tollen Fotos geradezu verschlungen :-). Ich freue mich auf weitere spannende Berichte und finde es ganz wunderbar euch auf eurer Reise verfolgen zu können. Jetzt hoffe ich, dass die Newsletter-Funktion funktioniert und ich den nächsten Bericht nicht verpasse ;-).
    LG aus dem herbstlichen Frankfurt!

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