Bonito

Lorsque nous montons dans le pick-up à 13 heures le samedi 17 octobre nous avons le sentiment de notre immense chance. Une sensation rarement ressentie, où tous les sens à l’unisson célèbrent l’instant, la joie, la liberté, l’impression de ne pas avoir de limite, de montre, de responsabilité à honorer, de personnes à impressionner ou décevoir, de travail à réaliser. Juste ce devoir impétueux de jouir de chaque minute que le ciel nous offre. Nous pensons à vous et nous réjouissons de bientôt pouvoir vous parler, vous retrouver en quelques sortes après ces quelques jours d’isolation. Ce sentiment de bien être se manifeste entre nous juste par un sourire et un regard et c’est tout, cela suffit pour nous comprendre. Nous chérissons chaque minute que nous avons en cadeau et cette grande aventure est bien à la hauteur de toutes nos espérances, tous les deux, ensemble.
Nous sommes les « champignons heureux » comme on dit en allemand, les Glückspilz, des petits champignons veinards et nous avons bien l’intention de proliférer ! En route pour Bonito qui n’a pas de bonito que le nom (joli).

Qu’est ce que cela apporte sur les relations de couple, ce voyage « entre 4 yeux »? De la richesse bien sur, c’est fusionnel. Non, nous ne sommes pas au bord du divorce après bientôt 6 semaines à se regarder le nombril ! Cela ne change rien du tout à vrai dire. Nous nous connaissons déjà si bien. Il est sûrement trop tôt pour faire un tel constat. Nous avons appris déjà il y a longtemps à dompter nos différences et apprécier nos petites manies. Nous nous amusons l’un et l’autre d’une petite bouderie, comprenons le besoin de tranquillité lorsqu’il arrive, et savons parfaitement comment interpréter un réponse un peu sèche, un regard fuyant ou un manque de réaction. C’est une belle expérience pour un couple, sûrement possible lorsqu’on se connaît et qu’on s’accepte complètement mais sans doute dangereuse pour un nouveau couple ou une amourette.

Le pick-up qui nous arrache à la savane met près d’une heure et demi à rejoindre la route principale par cette piste évoquée lors de l’article précédente. Moins de 40 kilomètres et autant de ponts de bois sont une fenêtre naturelle sur les espaces des animaux peu farouches qui se pavanent sous nos yeux. Allez dans le Pantanal si vous en avez l’occasion, c’est une formidable expérience pour les petits comme les grands !
Sur la route au carrefour c’est le rendez vous des divers transports : le microbus de Campo Grande, le van de Bonito, le pick-up de Corumba… on se rencontre là on change de voiture et le temps d’échanger quelques mots avec un couple d’autrichiens qui part dans le Pantanal quelques jours nous disons au revoir à notre sympathique chauffeur et des deux cuisiniers hilarants et complètement ronds venus « juste pour la balade »
Ensuite, la route qui repart dans l’autre sens puis vers le sud mettra 3 heures à nous livrer son secret à travers rizières, troupeaux et plaines tantôt sèches tantôt vertes et parcourues de ruisseaux.

Secret ? Tu parles ! Longtemps que Bonito n’est plus un secret pour personne !
Bonito est L’EXEMPLE d’un tourisme fabuleusement bien organisé par la ville, le modèle et l’épicentre du boom de l’écotourisme, et celui qui nous fera ex-plo-ser notre budget. Ici on apprendra que la nature est un bien privé et que nous ne pourrons la découvrir qu’avec notre porte-monnaie.
La ville en elle-même avec ses presque 20000 habitants n’a rien d’intéressant mais elle est au centre d’une nature spectaculaire qui est depuis l’année 2000 sous stricte protection. En effet, l’augmentation massive du tourisme a rendu nécessaire cette prise en main avant la destruction des lieux. Un parc national « Serra da Bodoquena » de 76 km² a été créé à l’intérieur duquel se situe la plupart des activités qui e situent pour la plupart sur des propriétés privées.
Les excursions sont réglementées par la ville qui en fixe aussi le prix, ce qui épargne la course aux bonnes affaires Le prix lui est si haut qu’il dissuade sans doute beaucoup et freine peut être l’afflux.
Toutes les activités sont centralisées dans un programme que possèdent toutes les agences et ainsi gérées parfaitement. Pas plus de dix personnes par groupe, un maximum par jour réglementé, accompagnement par guide obligatoire et réservation par avance recommandée en haute saison !
Les hébergeurs s’occupent aussi des réservations (sans commission) pour les excursions et la seule chose qui varie d’un à l’autre est le transport qui n’est pas inclus dans le prix.

Alors qu’est-ce qui rend Bonito, cette apparente grosse escroquerie, si attractive ? Ses rivières cristallines, cascades, gorges, canyons et très nombreuses grottes. L’eau est transparente en raison de la présence de calcaire dans l’eau. Toute la région est un vaste plateau calcaire, filtre naturel, et apparemment aussi responsable pour les divers « accidents géologiques» qui ont formé ces grottes et canyons.
L’activité principale est la plongée, scaphandre ou simplement masque et tubas, puis l’exploration des grottes et tout le tourisme d’aventure.
Selon son budget on a accès à certaines activités.

La plus chère est une descente en rappel de 72 mètres suivie d’une plongée dans une grotte de 80 mètres de profondeur, coût de la fabuleuse (il parait) aventure 250€, moins chère est la piscine, pour 25 Reais on peut se faire une journée baignade en milieu naturel au Balneário Municipal, un bout du Rio Formoso organisé pour le grand public. Magnifique ! Elle est à 7 kilomètres du centre de Bonito. On peut louer des gilets et se laisser emporter par le courant de la rivière translucide et sauvage sur 1 kilomètre.
On a loué des vélos pour y aller. Pas génial pour faire du vélo, la route n’est pas vraiment adaptée et il fait une chaleur infernale mais ça change du bus !

Lorsque nous sommes arrivés à l’hostel nous n’avons pas tardé à nous préoccuper des activités encore disponibles et avons obtenu les deux dernières places disponibles pour l’excursion dès le lendemain au Rio Sucuri. Il ne faut pas tarder à se décider, même si les places sont chères elles sont très demandées. L’excursion avec transport nous a coûté presque $R 200 par personne, soit à peu près 50€, mais nous ne regrettons pas, c’était fabuleux !
A 18 km de Bonito sur le domaine de la Fazenda São Geraldo (piscine, restaurant, un petit paradis) on nous a équipés d’un néoprène, gilet, masque et tubas et amenés en pick-up au bord de la rivière. Après les recommandations et un peu d’information sur les curiosités nous nous laissons porter par le courant sur 1800m sans le moindre effort. C’est une fabuleuse contemplation, des tas de poissons locaux comme des « piraputangas » qui semblent avoir pris les hommes comme partie de leur élément naturel et semblent nullement dérangés et au fond de l’eau des tapis de coquillages et plein d’algues de toutes les couleurs, dans un cadre complètement sauvage. 50 minutes de spectacle !
On précise bien avant que la crème solaire et le spray antimoustique sont interdit, tout est fait pour préserver du mieux que possible cette nature magique.
Pendant cette balade je sauve un couple du divorce (je rattrape de justesse une alliance au fond de l’eau hihi) avec qui nous passons quelques bons moment ce jour et le jour suivant, Anderson et Gabriela de São Paulo.

En dehors des ploufs dans l’eau cristalline nous avons fait une excursion un peu spéciale que nous ne pouvons recommander qu’à des gens qui parlent parfaitement le portugais : Le projet jiboa est une sorte de one-man show chez un type fasciné par les serpents (et un peu par lui-même) qui a dès le début annoncé la couleur : il allait parler vite et il ne ferait aucun effort pour que l’on comprenne alors on pourrait tout de suite sortir et être remboursés (de nos 35 Reais) mais pas se plaindre après… légère hésitation vu le ton… mais on est restés, on pensait en apprendre sur les serpents (nombreux) locaux et surtout son slogan nous a accroché : apprenez à dompter vos peurs pour mieux les préserver.
Dans la région les boas (constrictor constrictor) sont très nombreux et massacrés par les populations locales qui en ont peur. Or l’être humain n’est pas sa proie et il n’est pas dangereux pour l’homme. La plupart des attaques sont de simples négligences. C’est une espèce qui peut être adoptée comme animal de compagnie. Le projet jiboa est avant tout une éducation à la population locale pour préserver ces boas (jiboa est le nom de l’espèce en portugais).
Nous avons compris beaucoup de choses et tout de même attendu davantage. C’était très long (deux heures) à regarder cet homme avec son boa sur les épaules lancer de trop nombreux sarcasmes à tout le monde nous y compris, souvent des longueurs (par exemple le fait que l’humanité se concentre sur la préservation du Panda qui est soit disant un animal stupide et inutile à la chaîne alimentaire, qui a la sympathie de l’opinion et que c’est parce que cela rapporte un sacré magot). Sans les serpents la chaîne alimentaire serait si déséquilibrée qu’il en résulterait de véritables famines.
Il a parlé aussi du marché de l’animal sauvage qui est aussi extrêmement réglementé au Brésil, et si stricte qu’il encourage le marché noir : apparemment il n’y a actuellement qu’un seul homme/endroit/éleveur autorisé dans le pays à vendre des serpents ce qui n’empêche personne d’en acheter partout ailleurs de manière illégale, donc incontrôlable.
Bref, un débit de parole incroyable, jamais nous n’avons entendu un brésilien parler si vite. Par contre, le reste de l’assemblée semble avoir apprécié vu les éclats de rire continuels. Dommage pour nous.

Notre hostel étant accueillant nous y avons passé aussi beaucoup de temps, puis le mardi 20 octobre nous avons refait nos sacs pour continuer l’aventure en direction du Paraguay.
Et de la patience il nous en faudra pour cette longue journée !
Nous vous raconterons très vite !!

Fazenda São Geraldo / Rio Sucuri

Rio Sucuri

Balneário Municipal

feed time au Balneário Municipal

Balneário Municipal

Balneário Municipal

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